Dans le monde du ski, 2022 est bel et bien l’année de la consécration pour Marco Odermatt. Jusqu’ici, personne ne doutait de sa capacité à briller et à enchaîner les victoires, mais il restait encore à le concrétiser sur les pistes les plus sélectives de la planète. Le skieur de Hergiswil a fait encore mieux, puisqu’il a atteint un niveau stratosphérique raflant tout ou presque sur son passage. Il a su résister à la pression lors des différentes échéances et s’attaquera en 2023 à commencer à battre les plus précieux records de son sport. Mais avant cela, le Nidwaldien a accepté de revenir sur ses douze derniers mois de folie, sur une année “vraiment incroyable”, comme il le rappelle.

8 janvier – Le premier succès à Adelboden

Jamais encore avant ce 8 janvier 2022 Marco Odermatt n’avait pu s’imposer en Suisse. “C’est le premier grand moment de mon année, et c’est arrivé rapidement, se souvient-il. Les émotions que j’ai ressenties étaient indescriptibles.” Il faut dire que pour son exploit, “Odi” a pu profiter du retour du public après la période de pandémie. De quoi réaliser un rêve. “C’était le jour le plus spécial de ma carrière de skieur, reconnaît-il. Je me réjouis déjà d’y retourner tout bientôt!” Ce sera le 7 janvier, puisque la course a été confirmée par la FIS ce vendredi, malgré le manque de neige dans l’Oberland bernois.

13 janvier – La victoire en super-G à Wengen

Sur un Lauberhorn qui retrouvait le super-G pour la première fois depuis 28 ans, qui d’autre que Marco Odermatt pour s’imposer? Le Nidwaldien, qui n’avait encore jamais concouru sur cette piste en Coupe du monde, l’emporte sans avoir à forcer son talent. “Je n’avais aucune pression, j’ai pu skier décontracté”, avoue le skieur. Une semaine plus tard à Kitzbühel, en descente, il ne sera battu que par Beat Feuz. La Streif ne devrait plus lui résister très longtemps…

13 février – La médaille d’or olympique en géant

Les premiers Jeux olympiques de Marco Odermatt n’ont pas débuté de manière idéale pour celui à qui était promis les paillettes en Chine. Septième de la descente, il est ensuite éliminé du super-G dont il était le grand favori. La pression est alors énorme sur ses épaules pour le géant. C’est dans un moment comme celui-ci qu’on différencie les grands champions des immenses vedettes. Et “Odi” ne craque pas, réussit deux manches solides dans les conditions dantesques de Yanqing et se part d’or. “C’était vraisemblablement la course la plus difficile de ma carrière, avoue-t-il. Les jours et les semaines qui ont précédé ce géant ont été extrêmement compliqués à gérer surtout dans cette situation si particulière en Chine.” C’est peut-être son détachement qui lui a permis de se remettre sur les bonnes traces. “Je n’ai jamais été le plus grand fan des Jeux olympiques avant cette course mais ensuite, d’avoir réussi à le faire, c’était probablement la plus grosse performance de ma carrière.” Une fête au village olympique des skieurs plus tard, il se rend également compte de l’impact d’un tel résultat. “Je crois que cette course va m’aider pour les dix prochaines années.”

12 mars – Le Globe de géant

En terminant 2e du premier géant de Kranjska Gora, Marco Odermatt s’assure du gain d’un premier Globe de cristal. Probablement le premier d’une longue série. Et surtout, rien de plus logique lorsque l’on sait qu’il n’est plus descendu d’un podium en géant depuis Sölden en octobre 2021, soit 13 top 3 consécutifs (Jeux olympiques compris). “Tant que ce n’était pas terminé, j’étais tendu”, rappelle le Nidwaldien.

16 mars – Le grand Globe de cristal

Si son sacre ne faisait plus de doutes depuis plusieurs semaines, Marco Odermatt a dû attendre la descente des finales de Coupe du monde à Courchevel/Méribel pour enfin accomplir son rêve de gosse en remportant le classement général de la Coupe du monde. “Comme skieur, c’est pour moi ce que tu peux gagner de plus beau, rappelle-t-il. C’est un accomplissement incroyable, mon plus grand rêve de skieur. Sur le plan émotionnel, c’était encore quelque chose de différent de mes victoires à Adelboden et aux Jeux olympiques.” Deuxième de cette descente à Courchevel, le skieur de Hergiswil enchaîne avec une deuxième place en super-G et un succès en géant. De bon augure à un an des Championnats du monde. S’ensuit une fête méritée à la Folie Douce, avec les potes de l’équipe de Suisse. Lors de ces finales, Marco Odermatt est encore entré un peu plus dans la légende.

Le Globe de cristal du classement général était le rêve de Marco Odermatt. (Paul Brechu/Zoom)

23 octobre – Les excellents débuts à Sölden

Alors qu’il a prolongé de quatre ans avec son équipementier suisse Stöckli, Marco Odermatt a réussi une excellente préparation. “L’été s’est très bien déroulé, je me suis bien entrainé”, relève-t-il. Et il a surtout encore réussi à progresser. Pour preuve, ses débuts quasiment parfaits à Sölden. Il s’impose sans trembler, en repoussant la concurrence à près de 8 dixièmes. “Gagner à Sölden, c’est toujours spécial, lance le champion sur un glacier du Rettenbach qui lui a toujours réussi. J’ai marqué ici mes premiers points, je suis monté sur l’un de mes premiers podiums en 2020, et maintenant je compte deux succès à Sölden. En fait, c’est le début de saison parfait.”

29 décembre – Proche de la perfection à Bormio

En s’imposant sur la Stelvio en super-G devant Vincent Kriechmayr et Loïc Meillard, Marco Odermatt conclut son année de la plus belle des manières et comme il l’avait commencée, sur la plus haute marche du podium. Surtout, il dégage lors de cette course une impression de maîtrise déconcertante. Personne ne semble skier sur la même planète que lui, mais ce n’est “de loin pas facile pour autant”, souligne-t-il. Reste qu’il pourra passer le cap de la nouvelle année l’esprit tranquille. Et le ski suisse aussi. Malgré la retraite du meilleur descendeur de ces dernières années Beat Feuz, la relève est déjà plus qu’assurée par un jeune homme au sommet de son art qui n’a pas encore fêté ses 26 ans et qui s’apprête à battre tous les records.

À suivre

“Odi” ne s’arrête plus de briller. Depuis le début de l’hiver, il est déjà monté sur 10 podiums en seulement 12 courses. “J’ai eu tellement de bons moments cette année que c’est difficile de ne ressortir qu’une course”, avoue-t-il encore. Heureusement, le Nidwaldien a encore des objectifs à remplir, à commencer par un premier succès en descente en Coupe du monde. “Ce n’est pas mon dernier rêve, mais cette victoire serait un accomplissement supplémentaire, avoue-t-il. Il me reste beaucoup de descentes durant ma carrière. Je ne sais pas encore si ça arrivera en 2023 ou plus tard, mais c’est sûr que c’est un objectif désormais.” Dans moins de deux mois, les Championnats du monde représenteront un autre but pour le champion de Hergiswil. Car en deux participations, jamais encore le quintuple médaillé d’or chez les juniors n’a pu décrocher de breloque. Mais ce n’est probablement qu’une question de semaines désormais…

Laurent Morel, de retour d’Alta Badia