Yannick Chabloz est sur son petit nuage. Le skieur nidwaldo-vaudois, qui fait ses premières armes cet hiver sur le front de la Coupe du monde, avec une 13e place en point d’orgue lors de la descente de Val Gardena, ne s’attendait pas à être retenu parmi les onze skieurs suisses qui auront la lourde tâche de défendre les couleurs du pays à Pékin lors les Jeux olympiques. D’ailleurs, après Kitzbühel, il a directement filé à Saalbach-Hinterglemm pour y disputer des courses de vitesse de Coupe d’Europe. Et porté par sa sélection, il est parvenu à accrocher la 2e place sur la première descente.
Yannick Chabloz, on imagine votre surprise au moment où vous avez appris votre sélection olympique.
C’était totalement énorme, fou! Participer aux Jeux est un rêve, et là j’y serai alors que je n’ai même pas fait encore une saison complète en Coupe du monde. J’osais même pas y croire.
Noémie Kolly nous racontait qu’elle avait appris sa sélection olympique dimanche en voiture en rentrant de Cortina d’Ampezzo. Comment cela s’est passé pour vous?
Hier matin (ndlr: lundi), je me préparais pour aller disputer la descente d’entraînement de Saalbach. Et mon entraîneur Vitus Lüönd m’appelle et me dit: « Tu viens avec moi en Chine ». J’étais sur le cul.
Est-ce que l’on vous avait tout de même prévenu en amont d’une éventuelle sélection?
Non, du tout. Après ma 13e place à Val Gardena, les gens me disaient que j’avais une demi-qualification. Je savais que c’était possible de faire un nouveau top 15. J’avais encore une chance à Kitzbühel, mais pour ma première sur la Streif dimanche, je ne m’imaginait pas réaliser une aussi grosse performance. Du coup, j’ai été éliminé lors de la course et je n’avais pas les critères complets. Quand tu faisais le décompte, tu savais qu’il restait une place car dix gars avaient réussi les minima. On se demandait si c’était un slalomeur ou un descendeur qui serait pris. Mais après la course de Kitzbühel, je disais dans une interview, que je n’aurais jamais cru en début de saison que ma qualification olympique serait déjà en question. Le type qui me racontait cela, je lui aurais dit qu’il rêvait.
Quel sera votre programme aux Jeux?
Je serai réserviste en descente, du coup, je participerai aux entraînements. Et il est probable que je puisse être aligné en combiné.
C’est aussi une surprises non? On vous connaît spécialiste de vitesse, comment êtes-vous sur les skis courts?
C’est une discipline que j’apprécie beaucoup, même si ce n’est pas ma prédilection. Et je n’ai jamais été mauvais slalomeur. Mais je dois avouer que depuis le début de la saison, je n’ai pas beaucoup eu la chance de m’y entraîner. Du coup, des jours de slaloms sont prévus avant la course.
A quelques jours du grand départ, il existe de l’excitation ou de l’appréhension?
De l’excitation pure. Je vais surtout aux Jeux pour prendre de l’expérience. C’est tellement incroyable. Je ne vais pas me mettre de pression, même si c’est vrai que ça m’emmerderait de ne pas faire de course si je vais là-bas. Je veux savourer le moment. C’est la meilleure chose que j’ai à faire.
Et votre sélection vous a motivé, puisque vous avez brillé lors de la première descente de Coupe d’Europe de Saalbach-Hinterglemm (2e).
La Coupe d’Europe est totalement différente de la Coupe du monde. L’approche n’est pas la même. En Coupe du monde, je découvre le circuit et ce n’est pas toujours évident d’emmagasiner de la confiance quand tu ne marques pas toujours de points. En Coupe d’Europe, je ne peux pas me satisfaire d’un top 15, je joue la victoire. Et ce matin (ndlr: mardi matin) avant la course, je me suis mis un peu de pression, car je tenais à réussir un bon résultat pour montrer que je méritais ma place d’autant plus que la course était très relevée. Et je suis heureux car j’ai réussi à me concentrer à nouveau sur mon ski après l’annonce de ma sélection la journée précédente. Mais si j’avais su plus tôt que j’allais aux Jeux, je n’aurais très certainement pas participé à ces courses. Maintenant je vais les terminer jusqu’à jeudi et je vais ensuite préparer mon voyage pour la Chine.
Vous êtes passé par tous les états d’âme ces derniers jours, si on ajoute encore votre baptême sur la mythique Streif en Coupe du monde ce dimanche…
Descendre la Streif, c’est particulier. Le premier entraînement, mercredi dernier, j’ai voulu skier tranquillement. Pour découvrir, arriver en bas. C’est vraiment une piste spéciale, l’ambiance au départ est particulière et le départ en lui-même est impressionnant. Mais je n’étais pas forcément nerveux, j’avais plutôt bien travaillé mentalement. On entend tellement de choses sur Kitzbühel que je voulais me faire ma propre image et cette descente possède quelque chose en plus. Malheureusement, je n’ai pu terminer la course (ndlr: il a manqué une porte). Ma maman m’avait dit que je ne devais pas lui faire des frayeurs. Du coup, je lui avais répondu de ne pas regarder la course (rires).
Et on n’oublie pas que dans la famille Chabloz, votre frère Maxime s’est également illustré pour sa première sur le Freeride World Tour ce week-end (5e à Baqueira Beret).
J’étais presque plus nerveux de le voir skier la face que de descendre la Streif (rires). Kitzbühel, tu construits ta course et tu te prépares sur l’ensemble de la journée. Mon frère, je l’ai découvert en allumant l’écran quand il s’élançait, j’étais alors un peu tendu. Franchement, c’est vraiment cool, et je suis aussi content pour lui.
Johan Tachet