Le 4 février 2022 s’ouvriront les Jeux olympiques d’hiver de Pékin. A une année des joutes chinoises, petit passage en revue la situation et les chances de médailles des athlètes suisses dans l’ensemble des disciplines de neige, sans oublier quelques pronostics, même si beaucoup de choses peuvent évoluer d’ici-là. L’idée est également de se projeter en devinant quels sportifs romands pourraient être du voyage dans l’Empire du milieu. Dans cet article: le ski freestyle.
Si les nations nord-américaines ont depuis son introduction aux Jeux olympiques en 1992 toujours largement dominé les épreuves de freestyle, la Suisse n’est de loin pas ridicule. Le ski acrobatique a été depuis Albertville un joli pourvoyeur de médaille puisque la délégation rouge à croix blanche a ramené au pays quatre breloques en or, deux en argent et deux en bronze. Et il est plus que probable que ce total augmente de façon significative au retour de Chine, dans un an. Toutes les épreuves ou presque au programme permettent de rêver.
Freeski: Comme en 2018, ou encore mieux?
Qui ne se souvient pas de l’incroyable compétition de slopestyle dans le Phoenix Park de Bokwang en 2018? En Corée du Sud, les Suissesses Sarah Höfflin et Mathilde Gremaud avaient réussi l’exploit de s’offrir les deux premières places de la compétition éblouissant ainsi de leur acrobaties le pays entier. Depuis, la Genevoise et la Fribourgeoise n’ont cessé de progresser, engrangeant les médailles, les titres et les Globes, tant en Coupe du monde, qu’aux Championnats du monde et aux X Games. Et dans un an, elles devraient être accompagnées de Giulia Tanno, non moins talentueuse mais qui avait dû renoncer au rendez-vous de PyeongChang sur blessure.
Et dire que pour la première fois, le ski Big Air sera également au programme olympique… Celui-ci se déroulera d’ailleurs sur l’imposant tremplin fixe de Shougang, à Pékin, dans une zone industrielle que les autorités souhaitent rendre des plus agréables pour la population. Mais les Suissesses ne seront pas les seules à vouloir briller sur la neige chinoise. Autre grande dominatrice de la discipline depuis plusieurs années, l’Estonienne Kelly Sildaru a une revanche à prendre après avoir manqué elle aussi sur blessure les Jeux olympiques en 2018. Quant à Eileen Gu, née en Californie mais qui concourt sous le drapeau chinois, elle est la star annoncée de ces joutes. Âgée de seulement 17 ans, mannequin, charismatique et triple médaillée aux Jeux olympiques de la Jeunesse il y a un an, elle briguera les médailles en halfpipe, en slopestyle et en Big Air.
Côté masculin, le niveau s’annonce également très relevé. Et Andri Ragettli veut effacer le souvenir de PyeongChang. Annoncé parmi les favoris en 2018, le Grison avait dû se contenter du 7e rang. Depuis, il n’a cessé de travailler, enchaînant les succès. Il compte bien ne pas laisser passer sa chance. D’autant qu’il en aura deux, en slopestyle et en Big Air. La star des réseaux sociaux ne sera pas le seul Suisse à viser les médailles puisque Fabian Bösch joue également régulièrement les premiers rôles. Dans un bon jour, le champion du monde en titre du Big Air peut battre tout le monde. L’Obwaldien espère bien faire parler de lui autant pour ses résultats que par ses talents d’acteur à Pékin.
Et la relève est assurée au sein de la Swiss Freeski Team puisque Colin Wili et Kim Gubser se mêlent déjà régulièrement aux meilleurs. Nils Rhyner pourrait aussi avoir sa chance. Côté romand, Valentin Morel et Fantin Ciompi devront réaliser des prouesses d’ici un an s’ils comptent renverser la hiérarchie en place.
En halfpipe en revanche, le meilleur spécialiste du pays est valaisan. Il s’agit évidemment de Robin Briguet, qui n’a toutefois pas eu beaucoup d’occasions de se mettre en valeur cet hiver. Mais le rider de Crans-Montana (21 ans) progresse de concours en concours et il espère que son expérience de PyeongChang, lorsqu’il avait pris la 25e place, jouera en sa faveur. Reste à savoir s’il est capable de franchir un cap d’ici là pour se mêler à la lutte pour les médailles. Toujours est-il qu’il est déjà monté sur un podium de Coupe du monde sur le pipe qui sera le théâtre des Jeux olympiques alors tous les espoirs sont permis.
Nos paris
Chances de médailles: Mathilde Gremaud (★★★★), Sarah Höfflin (★★★), Giulia Tanno (★★★), Andri Ragettli (★★★★),
Fabian Bösch (★★★), Colin Wili (★), Kim Gubser (★), Robin Briguet (★)
Chances de présence romande: Mathilde Gremaud (95%), Sarah Höfflin (95%), Elsa Sjöstedt (2%), Amélie Bigler (2%),
Robin Briguet (90%), Valentin Morel (15%), Fantin Ciompi (10%)
Skicross: Fanny Smith en favorite, plusieurs médailles espérées
Les Jeux olympiques ont longtemps représenté une histoire d’amour-haine pour Fanny Smith. Il y a trois ans encore, la Vaudoise n’avait jamais récolté de médaille alors qu’elle dominait la discipline depuis plusieurs années déjà. Mais au terme d’une course folle, elle s’était alors parée de bronze lors d’une journée folle en émotions. Un vrai soulagement pour la Villardoue. Devenue depuis la plus titrée en Coupe du monde, la skieuse de 28 ans cherchera à ajouter l’or à son palmarès sur le parcours du Genting Park, qu’elle n’a jamais pu apprivoiser.
Alors qu’elle s’apprête à remporter un troisième Globe de cristal, la retrouver sur la plus haute marche du podium serait logique. Mais la discipline est parfois indécise et il y a fort à parier que ses adversaires, Sandra Näslund et Marielle Thompson en tête, ne lui rendront pas la tâche facile. Si Fanny Smith semble mure pour ce titre olympique, d’autres Suissesses peuvent rêver d’un podium, si toutes les étoiles sont alignées. C’est le cas notamment de Sanna Lüdi, de Talina Gantenbein, qui a franchi un cap cet hiver, ou encore de Sixtine Cousin. La Genevoise de 21 ans devra toutefois elle aussi parvenir au palier supérieur pour y croire.
Côté masculin, il faudra déjà se battre pour obtenir une place parmi les quatre Suisses qualifiés. Comme souvent ces dernières années, l’équipe helvétique est très homogène et de nombreux athlètes peuvent rêver au podium. Désormais bien installé en tant que leader de cette équipe, Ryan Regez n’a pas grand chose à craindre. Sur la piste chinoise, le Bernois, actuel 2e de la Coupe du monde, partira clairement à la chasse aux médailles. Il pourrait être accompagné par Jonas Lenherr, Joos Berry et Alex Fiva, les plus réguliers ces dernières saisons. Mais Marc Bischofberger, deuxième en Corée du Sud il y a trois ans, n’a pas dit son dernier mot. Côté romand, Niki Lehikoinen aura bien du mal à se faire une place dans cette équipe ultra compétitive, qui se battra avec les Canadiens et les Français, notamment, pour les breloques.
Nos paris
Chances de médailles: Fanny Smith (★★★★), Sanna Lüdi (★), Talina Gantenbein (★),
Ryan Regez (★★★), Jonas Lenherr (★★), Joos Berry (★), Alex Fiva (★), Marc Bischofberger (★)
Chances de présence romande: Fanny Smith (95%), Sixtine Cousin (50%), Margaux Dumont (10%), Romain Détraz (50%), Niki Lehikoinen (15%)
Ski acrobatique, saut: Une jeunesse qui peut viser les étoiles
Championne olympique en 2006, Evelyne Leu pourrait bientôt voir débarquer la jeune équipe de Suisse à ses côtés au palmarès du saut acrobatique. A 20 ans, Noé Roth est déjà l’une des stars de la discipline. Fils de Colette Brand, médaillée de bronze dans la discipline en 1998 et qui compte 14 victoires en Coupe du monde, et de Michel Roth, ancien champion désormais entraîneur en chef de la discipline chez Swiss-Ski le tenant du Globe de cristal visera à coup sûr une médaille en Chine. Dans un bon jour, son compatriote Pirmin Werner (21 ans) peut lui aussi rêver à une breloque. Mais gare aux Russes, qui dominent la discipline depuis plusieurs hivers.
A noter que tout autre résultat qu’un podium lors de la nouvelle épreuve par équipes mixtes serait une déception pour la Suisse, qui s’est imposée lors des derniers Championnats du monde, à Park City en 2019. Et dire que depuis, les prometteurs skieurs helvétiques ont encore progressé…
Nos paris
Chances de médailles: Equipe de Suisse mixte (★★★★), Noé Roth (★★★), Pirmin Werner (★)
Chances de présence romande: –
Bosses: Marco Tadé pour un exploit?
Ce n’est certainement pas dans les bosses de Zhangjiakou que les Suisses seront les plus attendus. Et pourtant, Marco Tadé peut rêver d’une breloque. Mais il faudrait pour le Tessinois, qui avait manqué la dernière édition sur blessure, que toutes les planètes soient alignées. Deuxième à Ruka cet hiver, il a retrouvé le podium pour la première fois depuis près de quatre ans. Il avait alors pris la 3e place à… Thaiwoo, tout près du site olympique. Tout devant, le Canadien Mikael Kingsbury semble intouchable, tout comme la Française Perrine Laffont chez les dames.
Nos paris
Chance de médailles: Marco Tadé (★)
Chances de présence romande: –
Laurent Morel/JT
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