Le 4 février 2022 s’ouvriront les Jeux olympiques d’hiver de Pékin. A une année des joutes chinoises, petit passage en revue la situation et les chances de médailles des athlètes suisses dans l’ensemble des disciplines de neige, sans oublier quelques pronostics, même si beaucoup de choses peuvent évoluer d’ici-là. L’idée est également de se projeter en devinant quels sportifs romands pourraient être du voyage dans l’Empire du milieu. Dans cet article: le ski nordique.

Dans l’histoire, les disciplines nordiques n’ont pas été les plus prolifiques pour les Suisses aux Jeux olympiques. Entre le ski de fond, le saut à ski, le combiné nordique et le biathlon, le pays dénombre 19 médailles (10 en or + 4 en argent + 5 en bronze) dont huit uniquement pour les deux quadruple médaillés d’or: Dario Cologna et Simon Ammann. Les deux légendes devraient une nouvelle fois être présentes à Pékin dans une année.

Ski de fond: Un cinquième or dans le viseur de Cologna

Pour ce qui pourrait donc être ses ultimes Jeux olympiques, Dario Cologna va tenter de réaliser un exploit que peu d’athlètes ont réussi par le passé: devenir champion olympique lors de quatre Jeux consécutifs. Le Grison est le triple tenant du titre sur le 15 km et il avait ajouté le skiathlon à son palmarès en 2014, à Sotchi. A 34 ans, le fondeur du Val Müstair n’est plus aussi dominateur que par le passé, mais il prouve encore régulièrement qu’il est capable de jouer les podiums en Coupe du monde. D’autant que le quadruple vainqueur de la Coupe du monde sait parfaitement se préparer pour les grands rendez-vous. Et il sait se transcender le jour J. Le Grison se battra probablement pour les médailles dans une année, mais il devra composer avec des Norvégiens et des Russes au sommet de leur art.

Chez les dames, Nadine Fähndrich progresse de saison en saison. La Lucernoise s’est désormais installée parmi les meilleures spécialistes du monde du sprint. La fondeuse de Horw a d’ailleurs remporté sa première course en Coupe du monde dans la discipline en décembre à Dresde. Et Nadine Fähndrich aura deux grosses chances de médailles en Chine. En binôme avec Laurien van der Graaff, le duo figurera parmi les favoris lors du sprint par équipe. Les deux Suissesses ont déjà trois podiums à leur actif dans cette épreuve dont une victoire, également cet hiver à Dresde. Laurien van der Graaff, même si elle est légèrement en retrait en sprint cette saison, pourrait si elle retrouve son meilleur niveau, être également une sérieuse outsider pour les médailles. Mais attention aux fondeuses scandinaves et aux Américaines, qui pourraient bien tout rafler à Zhangjiakou.

Nadine Fähndrich fait partie des meilleures spécialistes de sprint du monde désormais. (Alexis Boichard/zoom)

Trois Romands peuvent rêver du voyage en Chine. En tant que meilleur sprinteur du pays, Jovian Hediger devrait être présent à Pékin dans un an. Le fondeur de Bex pourrait ainsi participer à ses troisièmes Jeux olympiques avec l’objectif, en poursuivant sa progression, d’aller chercher au moins un diplôme, spécialité suisse s’il en est. Un second Bellerin pourrait être de la partie en la personne d’Erwan Käser, cousin de Jovian Hediger, qui a récemment réussi de bonnes performances en Coupe du monde en sprint. Enfin, le Valaisan Candide Pralong, très en vue sur le Tour de ski et sélectionné pour les Mondiaux d’Oberstdorf dans un mois, est un candidat aux places sur les distances.

Si on se projette encore un peu plus loin dans le futur, la Suisse possède de nombreux talents. Valerio Grond (20 ans), qui a fait des débuts tonitruants en Coupe du monde cette saison, Janik Riebli (22 ans) et Siri Wigger (17 ans), triple médaillée aux Jeux olympiques de la Jeunesse ont notamment le potentiel de devenir des athlètes de pointe pour les Jeux olympiques de Milan-Cortina en 2026.

Nos paris:

Chances de médailles: Nadine Fähndrich (★★★), Dario Cologna (★★★),
team sprint dames (★★★) et messieurs (★), relais messieurs (★)
Chances de présence romande: Jovian Hediger (85%), Candide Pralong (60%), Erwan Käser (35%), Antonin Savary (5%)

Saut à ski: Les derniers Jeux de Simon Ammann?

Simon Ammann a vécu ses premiers Jeux olympiques en 1998 à Nagano. Qui aurait pu imaginer que le Saint-Gallois serait encore présent 24 ans plus tard. Le sauteur de Toggenburg devrait vivre ainsi ses septièmes Jeux, un véritable exploit de longévité. Avec une confiance et des résultats retrouvés ces dernières semaines avec notamment un top 10 à Willingen il y a quelques jours, on ne voit pas pourquoi ni comment Simon Ammann ne pourrait pas être du voyage en Chine, malgré les 40 ans qu’il fêtera en juin. Il est toutefois assez peu probable que le quadruple champion olympique (à deux reprises en 2002 et 2010) ajoute une médaille à sa collection. Mais sait-on jamais… Le saut à ski est un sport qui se base énormément sur la confiance. Et s’il parvient à la retrouver d’ici là…

Simon Ammann devrait disputer ses septièmes Jeux olympiques. (Michel Cottin/Zoom)

Les chances de médaille sont plutôt à chercher du côté de Killian Peier. Evincé en 2018, le sauteur de la Vallée de Joux a explosé après les Jeux olympiques de PyeongChang, allant jusqu’à remporter la médaille de bronze aux Championnats du monde en 2019, sur le tremplin d’Innsbruck. Grièvement blessé au genou en automne, le Vaudois a dû tirer un trait sur l’hiver en cours pour espérer revenir au meilleur de sa forme dans douze mois et s’envoler vers les podiums olympiques, s’il parvient à renouer avec ses sensations d’il y a deux ans. Si Gregor Deschwanden continue sur sa belle lancée de cette hiver et que Dominik Peter franchit un nouveau cap, la Suisse peut également rêver à un bon résultat par équipes. Mais gare aux Norvégiens, aux Polonais, aux Autrichiens et aux Allemands, qui restent toujours très solides.

Chez les dames, Emely Torazza (16 ans) peut rêver d’une participation si elle continue sa progression. Suffisant pour retrouver une équipe de Suisse lors du concours mixte qui fera son apparition (il faudra une deuxième sauteuse)? Peu probable, même si dans le futur, c’est envisageable.

Nos paris:

Chances de médailles: Killian Peier (★), Simon Ammann (★)
Chances de présence romande: Killian Peier (80%)

Biathlon: Benjamin Weger pour vaincre le signe indien

La Suisse ne dénombre que deux médailles olympiques en biathlon dans son histoire. La première, en or, aux premiers Jeux olympiques d’hiver à Chamonix en 1924, avait été acquise dans une discipline que l’on appelait alors “patrouille militaire”. La seconde est l’oeuvre de Selina Gasparin, argentée à Sotchi.

Sauf rebondissement, la Grisonne sera encore présente à Pékin. Mais aujourd’hui âgée de 36 ans, elle n’est plus aussi régulière qu’il y a quelques saisons. Toutefois, une chance de médaille existe notamment en relais avec ses soeurs Aita et Elisa Gasparin, ainsi que Lena Häcki, pour autant que le quatuor helvétique retrouve le flow qui l’avait accompagné à trois reprises sur le podium la saison dernière en Coupe du monde. L’Obwaldienne devra malgré tout retrouver son niveau de la saison passée, qui lui avait permis de monter sur son premier podium en Coupe du monde.

Mais si on devait s’arrêter à la forme actuelle, les meilleures chances helvétiques reposent sur les épaules et la carabine de Benjamin Weger. Toujours présent et régulier en Coupe du monde depuis près d’une décennie, le Haut-Valaisan a renoué cet hiver avec le podium. De plus, le biathlète de la vallée de Conches aura une revanche à prendre, après être passé tout proche de la médaille à PyeongChang en terminant 6e en individuel et en sprint. Il aura quatre chances de s’illustrer en Chine, puisque quatre épreuves individuelles sont au programme par genre, en plus des relais féminin, masculin et mixte.

Benjamin Weger a pris deux fois la 6e place aux Jeux olympiques de PyeongChang. (Alexis Boichard/Zoom)

Si Benjamin Weger se présente en leader de l’équipe de Suisse de biathlon, il sera très certainement épaulé par le Genevois Jeremy Finello, dont l’objectif devrait être d’essayer d’arracher un top 15 et de s’illustrer lors des relais. Et s’il participe à l’épreuve mixte, tous les espoirs sont permis. Mais emmenés par Johannes Thingnes Boe, les Norvégiens seront difficiles à aller chercher. Idem pour les Français, malgré la retraite de Martin Fourcade.

Nos paris:

Chances de médailles: Relais féminin (★★), relais mixte (★), Benjamin Weger (★)
Chances de présence romande: Jeremy Finello (90%)

Combiné nordique: Le parent pauvre

Autant le dire tout de suite. Il n’y aura pas de médaille suisse en combiné nordique. Il faudrait pour cela qu’un athlète helvétique parvienne à se qualifier pour les Jeux olympiques, ce qui serait déjà un immense exploit, sachant qu’il n’y a plus de représentant rouge à croix blanche en Coupe du monde… A moins que Pascal Müller (19 ans) brûle tout à coup les étapes… Tout devant, le Norvégien Jarl Magnus Riiber sera l’homme à battre.

Johan Tachet/LMO

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