Dans le ciel gris d’Émilie-Romagne, Valentin Morel s’envole. Hélas, par deux fois, le Fribourgeois atterrit en mordant la neige du bout de son nez lors des qualifications pour la finale du Big Air de Modène. Le jeune freeskier de 18 ans ne gardera pas un grand souvenir de sa troisième apparition en Coupe du monde où il échoit à une anecdotique 46e place. Sur le tremplin italien, le Bullois avoue ne jamais s’être senti à l’aise, peut-être un brin stressé par l’événement.

C’est que l’apprentissage du très haut niveau n’est pas chose aisée pour un nouveau venu. Cependant, Valentin Morel déploie progressivement ses ailes parmi les meilleurs riders du monde. “Je débarque dans un milieu où il règne une concurrence féroce. Et à ce niveau, je n’ai pas encore l’expérience que possède une grande majorité des skieurs. Quand je les regarde, je me dis qu’il y a encore beaucoup de travail à accomplir”, lance le Gruérien qui, petit à petit, fait son nid.

Valentin Morel au bas de la rampe de Modène. (SkiActu)

Du Moléson à la Coupe du monde

Le jeune homme observe, analyse la concurrence pour s’en inspirer. Au bas de l’imposante rampe italienne, il ne manque aucun saut des finalistes. Avec Andri Ragettli, 3e à Modène, Fabian Bösch ou Kai Mahler, entre autres, Valentin Morel a la chance de côtoyer à l’entraînement certains des meilleurs spécialistes de Big Air et de slopestyle au monde: “Ces gars me tirent vers le haut et me donnent une grande motivation”. Le Fribourgeois, membre du groupe Challenger de Swiss-Ski où les jeunes talents du freestyle helvétique fourbissent leurs armes, s’est fixé un objectif concret cet hiver: accrocher une première finale en Coupe du monde. Un défi réalisable pour un garçon qui rêve de glisser dans les traces du Suédois Henrik Harlaut, quadruple vainqueur des X Games.

Depuis qu’il a commencé à balancer ses spatules dans les parks à l’âge de onze ans, le Bullois n’a qu’une obsession: percer en freeski. Du Moléson, où il a participé à ses premières compétitions, à Silvaplana, où il effectuait ses débuts en Coupe du monde en mars dernier, en passant par la Coupe d’Europe et, dernièrement, les Mondiaux juniors de Cardrona, Valentin Morel suit une courbe de progression linéaire. Pour mettre toutes les chances de son côté, l’apprenti employé de commerce a intégré lors de l’été 2017 la structure de sport-études de Swiss-Ski à Engelberg, après avoir essuyé un premier refus une année auparavant. “Je n’étais pas parvenu à passer les tests. J’avais trop poussé la rigolade. La deuxième fois, j’ai démontré que je voulais y entrer à tout prix.”

 

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Un athlète au style unique

Le jeune homme a appris de ses erreurs. Aussi talentueux que bosseur sur la neige que décontracté en dehors, il impressionne déjà l’entraîneur en chef de l’équipe suisse de freestyle Dominik «JP» Furrer. “Ces derniers temps, il a juste été incroyable à l’entraînement. Je ne l’ai jamais vu aussi performant”, félicite le coach qui décrit le style de Valentin Morel comme unique. “Il ne se contente pas de voir une figure et de la répéter. Il tient à la réaliser à sa propre manière. Il l’imagine dans son esprit et met tout en œuvre pour l’exécuter. Et c’est cela qui le différencie des autres athlètes.” Le technicien en est d’ailleurs convaincu: Valentin Morel a le potentiel pour atteindre le niveau d’Andri Ragettli notamment: “Il est aussi bon techniquement qu’il l’est mentalement. Il peut être la grande star de demain”.

Comme tout magicien des neiges, le garçon entend s’envoler vers les prochains Jeux olympiques mais aussi les X Games, référence dans la discipline. A l’aube de sa carrière, Valentin Morel est prêt pour aller tutoyer les étoiles.

Johan Tachet, Modène