Le 4 février 2022 s’ouvriront les Jeux olympiques d’hiver de Pékin. A une année des joutes chinoises, petit passage en revue la situation et les chances de médailles des athlètes suisses dans l’ensemble des disciplines de neige, sans oublier quelques pronostics, même si beaucoup de choses peuvent évoluer d’ici-là. L’idée est également de se projeter en devinant quels sportifs romands pourraient être du voyage dans l’Empire du milieu. Dans cet article: le snowboard.

Depuis son introduction aux Jeux olympiques de Nagano en 1998, le snowboard a toujours été un gros pourvoyeur de médailles pour la Suisse. En tout et pour tout, les snowboardeurs helvétiques ont collectionné 13 breloques (8 en or – 2 en argent – 3 en bronze) en six éditions. Elle est la nation la plus titrée dans la discipline après les Etats-Unis.

Snowboard alpin: De grandes ambitions

Ueli Kestenholz, Simon et Philipp Schoch, Patrizia Kummer et Nevin Galmarini: lors de chaque édition depuis 1998, hormis à Vancouver en 2010, la Suisse est revenue des Jeux olympiques avec une médaille en snowboard alpin, en or le plus souvent. A Zhangjiakou, les athlètes helvétiques se présenteront une nouvelle fois avec de grandes ambitions, même si, comme à PyeongChang en 2018, seul le géant parallèle sera au programme.

Julie Zogg et Ladina Jenny figurent parmi les favorites. La Saint-Galloise, championne du monde en titre de slalom, a remporté sa première épreuve en géant l’hiver passé et a confirmé cet hiver avec un podium à Scuol. Une discipline qui sied tout de même davantage à sa compatriote grisonne, 3e des championnats du monde de Park City en 2019, et qui ne quitte que très rarement le top 8 en géant. Championne olympique à Sotchi en 2014, Patrizia Kummer retrouve peu à peu ses sensations et se rapproche des podiums en Coupe du monde. Si elle snowboarde à son plein potentiel, la Haut-Valaisanne sera une candidate sérieuse aux breloques. Tout devant, Ester Ledecka compte bien décrocher une nouvelle médaille d’or en snowboard avant de tenter de faire de même en ski alpin, comme en 2018.

Comme Ladina Jenny, Julie Zogg, médaillée d’or mondiale, sera l’une des prétendantes au podium olympique (Laurent Salino/Zoom)

C’est en tenant du titre que Nevin Galmarini se présentera lui en Chine. Toutefois, après sa médaille d’or, le Grison a connu près de deux ans de galère à la suite de problèmes de dos. Il a fêté son retour à la compétition en décembre 2020, à Carezza. Il se donne tous les moyens afin d’être prêt dans une année. Alors qu’il sera âgé de 35 ans, remporter une troisième médaille olympique lui permettrait de mettre un terme à sa carrière en apothéose. Dans une moindre mesure, Dario Caviezel, le cousin des skieurs Mauro et Gino, pourraient également d’immiscer dans la course aux médailles dans un bon jour. Ses cinq podiums en Coupe du monde en attestent.

Nos paris

Chances de médailles: Julie Zogg (★★★), Ladina Jenny (★★★), Patrizia Kummer (★), Nevin Galmarini (★★), Dario Caviezel (★)
Chances de présence romande: –

Snowboard freestyle: Pat Burgener et Jan Scherrer en outsiders

La Suisse a perdu l’automne dernier Iouri Podladtchikov, champion olympique de halfpipe à Sotchi en 2014, qui a pris sa retraite. Toujours est-il que Swiss Snowboard possède, en halfpipe, deux autres atouts majeurs qui ont déjà été finalistes à PyeongChang il y a trois ans. Pat Burgener y avait terminé 5e et compte bien encore progresser. Le Vaudois de Crans-Montana sait qu’il a les capacités pour jouer les médailles comme le prouvent ses deux 3es places lors des Championnats du monde en 2017 et 2019. Présent lors des grands rendez-vous, il manque encore parfois de régularité pour aller chatouiller les meilleurs. Mais il promet qu’il a encore de nouveaux tricks à présenter, alors…

Le Vaudois Pat Burgener avait pris la 5e place du halfpipe à PyeongChang en 2018. (Laurent Salino/Zoom)

Jan Scherrer peut de son côté s’appuyer sur des résultats probants. Le Saint-Gallois a notamment terminé 3e des X Games en 2020 dans l’une des compétitions les plus relevées de l’histoire. Le rider de 27 ans s’est d’ailleurs déjà imposé, en 2018, dans le pipe de Genting, site des épreuves des Jeux olympiques. Souvent placé sur le circuit ces dernières saisons, il sera un sérieux outsider. D’autant plus qu’il ne cesse de progresser et de proposer de nouvelles figures. David Hablützel sera le troisième protagoniste helvétique. Le Zurichois paraît encore tendre pour se battre pour les médailles, mais jouera une place en finale.

Mais en face, la concurrence est très solide, menée par l’Australien Scotty James, le plus régulier de ces dernières années. Et que dire de son compatriote Valentino Guselli (15 ans), vainqueur des qualifications à la surprise générale à Laax cet hiver. L’armada japonaise peut également viser une ou plusieurs médailles, grâce notamment à un Yuko Totsuka plus fort que jamais et un Ruka Hirano, vainqueur des Jeux olympiques de la Jeunesse à Leysin l’hiver dernier, intenable. Les frères Kaishu et Ayumu Hirano pourraient également s’immiscer parmi les meilleurs. A condition que ce dernier, double médaillé d’argent en titre, se remette au snowboard, après s’être concentré sur le skateboard, en espérant se qualifier pour les Jeux olympiques d’été de Tokyo. Et que dire de Shaun White! Le légendaire Américain a lui aussi échoué dans son pari de participer aux Jeux de Tokyo, en skateboard. Mais le triple champion olympique (en 2006, 2010 et 2018) aimerait bien conclure sa carrière en beauté. S’il arrive à revenir à son meilleur niveau.

Chez les dames, les chances de médailles helvétiques sont quasiment inexistantes depuis la retraite de Verena Rohrer. La toute jeune Berenice Wicki, qui a fait ses débuts en Coupe du monde à 15 ans il y a trois saisons, pourrait vivre sa première grande expérience chez les pros. La Grisonne fait partie des plus sûrs espoirs du halfpipe suisse. Elle a été médaillée de bronze aux Jeux olympiques de la Jeunesse l’an dernier à Lausanne. Isabelle Lötscher (16 ans) pourrait créer la surprise en cas de rapide progression. Tout devant, la grande favorite aura pour nom Chloe Kim. Star des Jeux olympiques de PyeongChang, l’Américaine compte bien récidiver en ne se laissant pas déborder par les Japonaises qui progresses à grands pas.

Nos paris

Chances de médailles: Pat Burgener (★★), Jan Scherrer (★★)
Chance de présence romande:
Pat Burgener (95%)

En slopestyle et en Big Air, la Suisse part avec une longueur de retard. Dans deux disciplines où brillent les freeskieurs, les snowboardeurs helvétiques ne sont pas logés à la même enseigne. Chez les messieurs, Jonas Bösiger, 8e du Big Air de PyeongChang, pourrait une nouvelle fois aller chercher une place d’honneur. Reste que l’athlète schwytzois semble toujours limité pour jouer le podium olympique. Il faudra miser sur Nicolas Huber, médaillé d’argent en slopestyle aux Championnats du monde en 2017. Mais le fantasque Zurichois manque de régularité. L’équipe de Suisse devrait être complétée par Moritz Boll et Moritz Thönen, à moins que Boris Mouton réussisse à se faire une place.

Isabel Derungs a mis sa carrière entre parenthèse il y a deux ans. La Grisonne, qui venait de remporter sa toute première Coupe du monde, en décembre 2019, est devenue maman quelques mois plus tard. De retour en compétition FIS en fin d’année dernière, Isabel Derungs s’est blessée à l’entraînement avant une épreuve de Coupe d’Europe fin décembre, se cassant la clavicule. Saison terminée avant qu’elle n’ait commencé. La spécialiste de slopestyle pourrait toutefois avoir récupéré pour participer aux Jeux l’an prochain, mais ses chances de médailles seront très limitées face à des rivales qui n’ont cessé de progresser pendant son absence. En Big Air, Lia-Mara Bösch (quatre top 5 en Coupe du monde) peut également rêver d’une médaille. Mais elle a été trop souvent freinée par les blessures ces dernières années.

Un retour au premier plan pour Isabel Derungs dans une année? (Laurent Salino/Zoom)

Bianca Gisler et Nick Pünter, médaillés de bronze en slopestyle lors des Jeux olympiques de la Jeunesse de Lausanne, représentent l’avenir, mais ils ne devraient pas encore être prêts pour participer aux JO de Pékin.

Nos paris

Chances de médailles: Nicolas Huber (★), Lia-Mara Bösch (★)
Chance de présence romande:
Boris Mouton (10%)

Snowboardcross: A la recherche de l’âge d’or perdu

Il est bien loin le temps où Tanja Frieden et Olivia Nobs ramenaient de belles médailles des Jeux olympiques de Turin et de Vancouver. Période dorée lors de laquelle Mellie Francon et Sandra Frei se mêlaient également à la lutte pour les podiums de Coupe du monde à la fin des années 2000. Sans podium au plus haut niveau depuis plus de 10 ans, la Suisse se cherche de dignes successeurs.

Depuis deux ans, on évoque gentiment les noms de Sina Siegenthaler, de Lara Casanova, de Sophie Hediger ou de Kalle Koblet. Ils sont jeunes, entre 20 et 24 ans, dans le top 20 mondial, mais n’ont pas encore franchi ce palier qui leur permettrait de jouer les podiums en Coupe du monde. De là à parler de médailles dans une année, c’est encore un très long chemin. Surtout que les occasions de progresser sont rares, dans une saison lors de laquelle le calendrier s’est réduit comme peau de chagrin.

Lara Casanova (à d.) a vécu sa première expérience olympique en Corée. (Laurent Salino/Zoom)

Il faudra peut-être encore attendre quatre années supplémentaires avant de voir rivaliser les jeunes Suisses avec les tous meilleurs, dans une discipline où l’expérience est importante. D’autant plus que derrière se profile un tout grand talent en la personne de Valerio Jud (18 ans), double médaillé d’or aux Jeux olympiques de la Jeunesse l’hiver passé.

Nos paris

Chances de médailles: Sina Siegenthaler (★), Lara Casanova (★), Valerio Jud (★)
Chances de présence romande:

Johan Tachet/LMO

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