Le 4 février 2022 s’ouvriront les Jeux olympiques d’hiver de Pékin. A une année des joutes chinoises, petit passage en revue la situation et les chances de médailles des athlètes suisses dans l’ensemble des disciplines de neige, sans oublier quelques pronostics, même si beaucoup de choses peuvent évoluer d’ici-là. L’idée est également de se projeter en devinant quels sportifs romands pourraient être du voyage dans l’Empire du milieu. Dans cet article: le ski alpin.

Naturellement, le ski alpin a apporté son lot de médailles à la délégation suisse depuis son introduction au programme olympique en 1936. A savoir 67, pour un bilan presque équilibré de 22 breloques en or, 22 en argent et 23 en bronze. S’il sera difficile d’égaler l’incroyable moisson des 11 médailles obtenues à Calgary en 1988, la Suisse peut logiquement prétendre faire mieux que les 7 médailles ramenées de PyeongChang en 2018. Les chances de podium existent dans toutes les disciplines, même si la réalité de ce jour ne sera pas forcément la même dans une année. Le point, à une année des Jeux olympiques de Pékin et à quelques heures de l’ouverture des Championnats du monde de Cortina d’Ampezzo.

Descente dames: Corinne Suter en patronne

La Suisse peut se targuer d’avoir pléthore de talents dans les disciplines de vitesse. Toutefois, seules deux filles semblent à l’heure actuelle capables de se battre pour les médailles en descente. Corinne Suter, en premier lieu, se montre régulière dans ses performances depuis deux ans. En pleine confiance, la Schwytzoise a trusté huit podiums depuis son titre de vice-championne du monde de la spécialité, alors qu’elle n’était jamais montée sur la boîte. Parmi ses plus sérieuses rivales, elle retrouvera Lara Gut-Behrami. La Tessinoise a retrouvé le niveau qui était le sien en 2016 lorsqu’elle a remporté le grand Globe de cristal. Si la skieuse de Comano maintient son niveau actuel, elle peut enfin rêver de cueillir l’or olympique qui manque à son palmarès.

Dans la discipline reine, les candidates au titre ne manqueront. Les Italiennes Sofia Goggia, Federica Brignone, Elena Curtoni, Marta Bassino, les Américaines Breezy Johnson et Mikaela Shiffrin, pour autant que cette dernière se relance en descente, les Autrichiennes Tamara Tippler, Stephanie Venier et Nicole Schmidhofer, la Slovaque Petra Vlhova, ou encore la Tchèque Ester Ledecka seront autant de prétendantes.

Corinne Suter sera l’une des favorites aux médailles dans les courses de vitesse. (Christophe Pallot/Zoom)

Les autres Suissesses semblent légèrement en retrait. Toujours est-il que la polyvalente Michelle Gisin, après avoir largement progressé en technique, chercher à s’entraîner en vitesse durant l’été, alors qu’elle est déjà montée sur le podium en Coupe du monde de descente. Priska Nufer, si elle poursuit sa progression, Joana Hählen, pour autant qu’elle retrouve son ski de la saison dernière ou Jasmine Flury, peuvent être des outsiders crédibles. Derrière les athlètes confirmées, la Fribourgeoise Noémie Kolly, vice-championne du monde juniors en 2019 en descente, pourrait venir brouiller les cartes. La skieuse de la Berra, actuelle 3e en Coupe d’Europe, pourrait profiter d’une place fixe en Coupe du monde l’hiver prochain et franchir un nouveau palier.

Nos paris:

Chances de médailles: Corinne Suter (★★★★), Lara Gut-Behrami (★★★), Michelle Gisin (★★)
Chances de présence romande: Noémie Kolly (25%)

Super-G dames: Lara Gut-Behrami pour un premier or olympique?

Lara Gut-Behrami a tout gagné dans sa carrière, hormis une médaille d’or dans un grand rendez-vous. Si elle peut la remporter dans plusieurs disciplines, c’est en super-G que ses chances sont les plus grandes. Son toucher de neige et sa science tactique font de la skieuse de Comano la plus redoutable dans la spécialité. Avec quatre victoires en cinq courses cet hiver, elle possède le potentiel pour conserver son niveau actuel jusqu’aux Jeux olympique. Elle serait alors difficile à battre.

Comme en descente, Corinne Suter est également armée pour se battre pour le podium. Médaillée de bronze à Åre, la Schwytzoise fait désormais partie des meilleures spécialistes de super-G de la planète avec Lara Gut-Behrami, Mikaela Shiffrin, Federica Brignone et Ester Ledecka. Là encore, les autres Suissesses possèdent un rôle d’outsiders, avec notamment Michelle Gisin, Jasmine Flury, Priska Nufer, Joana Hählen ou Wendy Holdener.

Nos paris:

Chances de médailles: Lara Gut-Behrami (★★★★★), Corinne Suter (★★★), Jasmine Flury (★), Michelle Gisin (★)
Chances de présence romande: Noémie Kolly (20%)

Géant dames: Le nouvel amour de Michelle Gisin

En se classant à deux reprises sur le podium de Kranjska Gora en janvier, Michelle Gisin est devenue la deuxième athlète suisse de l’histoire à être montée sur le podium dans les cinq disciplines majeures du ski alpin avec Vreni Schneider. De par ses énormes progrès techniques ces dernières saisons, l’Obwaldienne peut légitimement briguer une médaille en géant. Tout comme Lara Gut-Behrami, qui a fêté son retour sur le podium de la discipline cet hiver à Kronplatz après quatre ans d’absence.

Derrière les deux nouvelles leaders helvétiques du géant, Wendy Holdener aura le rôle d’outsider. La Schwytzoise connaît une saison délicate, mais nul doute qu’elle travaillera fort l’été prochain pour être capable de viser l’un des métaux sur les pistes de Yanqing. Et que dire des Valaisannes Mélanie Meillard et Camille Rast. Les deux Romandes, si elles évoluent à leur meilleur niveau, ont le potentiel pour aller chercher un diplôme olympique, voire mieux…

Nos paris:

Chances de médailles: Michelle Gisin (★★★★), Lara Gut-Behrami (★★), Wendy Holdener (★★), Camille Rast (★), Mélanie Meillard (★)
Chances de présence romande: Mélanie Meillard (70%), Camille Rast (70%)

Slalom dames: Un quatuor pour le titre ou la surprise

A l’heure actuelle, cinq skieuses survolent la discipline: Mikaela Shiffrin, Petra Vlhova, Kathrin Liensberger, Michelle Gisin et Wendy Holdener. Ne cherchez pas plus loin, la future championne olympique devrait se trouver parmi ces athlètes. Autant dire que les chances de médailles suisses sont grandes. Michelle Gisin a totalement explosé ces deux dernières saisons dans les virages courts, jusqu’à devenir la première Suissesse à remporter un slalom depuis 2002. Vice-championne olympique en titre, Wendy Holdener collectionne elle les podiums dans la discipline et se montre toujours aussi régulière.

Et si la petite surprise provenait des prometteuses Valaisannes. Mélanie Meillard, qui a une revanche à prendre après avoir été grièvement blessée à la veille des Jeux de PyeongChang alors qu’elle pouvait viser une médaille, et Camille Rast possèdent toutes deux un énorme potentiel. Les deux athlètes sont de retour de blessures, progressent de jour en jour et sont capables de réaliser un exploit pouvant les conduire au podium. Elles ont prouvé ces dernières semaines avoir le niveau pour rivaliser avec les meilleures skieuses du monde de slalom en se classant notamment chacune dans le top 10, pour l’une à Levi et pour l’autre à Flachau.

Wendy Holdener a remporté une médaille de chaque métal lors des Jeux de PyeongChang. (Christophe Pallot/Agence Zoom)

Actuellement blessées, Aline Danioth, Elena Stoffel et Charlotte Chable sont des candidates aux sélections olympiques, même s’il pourrait être difficile pour elles de retrouver leur meilleur niveau à temps. Tout reste toutefois ouvert dans cette solide équipe.

Nos paris:

Chances de médailles: Michelle Gisin (★★★★), Wendy Holdener (★★★★), Mélanie Meillard (★), Camille Rast (★)
Chances de présence romande: Mélanie Meillard (80%), Camille Rast (80%), Charlotte Chable (10%)

Combiné dames: Deux médailles, dont l’or, à défendre

En 2018 à PyeongChang, Michelle Gisin et Wendy Holdener avaient réalisé un incroyable exploit en montant toutes deux sur le podium. Quatre ans plus tard, Michelle Gisin est encore plus forte, tant en vitesse qu’en technique, et semble avoir les faveurs de la cote pour conserver son titre olympique. Wendy Holdener, double championne du monde de la spécialité, sera l’une de ses plus sérieuses rivales avec Mikaela Shiffrin, Petra Vlhova et Federica Brignone. Derrière Michelle Gisin et Wendy Holdener, difficile de savoir quelles seront les deux athlètes suisses qui les accompagneront et il est très peu probable que l’on y retrouve une Romande, à moins que Mélanie Meillard ou Camille Rast s’essaie à la vitesse. Mais cela semble un petit peu prématuré.

Nos paris:

Chances de médailles: Michelle Gisin (★★★★★), Wendy Holdener (★★★★)
Chances de présence romande: Mélanie Meillard (2%), Camille Rast (2%)


Descente messieurs: Beat Feuz en chercheur d’or

Les six meilleurs descendeurs du pays possèdent une chance de remporter une médaille sur la piste olympique de Yanqing, dessinée par par Bernhard Russi et Didier Défago. De la vitesse et des gros sauts sont annoncés par les deux anciens champions olympiques qui souhaiteraient voir un de leurs compatriotes leur succéder au palmarès de la plus prestigieuse discipline.

Beat Feuz, tenant du Globe de cristal lors des trois dernières saisons en descente, sera l’atout maître de l’équipe de Suisse en Chine. Le Bernois, double médaillé à PyeongChang, sait maîtriser ses nerfs aussi bien que ses skis lors des grands rendez-vous. S’il est épargné par ses douleurs aux genoux, le récent vainqueur des descentes de Kitzbühel fera office de favori, alors que l’or olympique est la dernière consécration manquant à son formidable palmarès.

L’or olympique est la seule médaille qui manque à l’immense palmarès de Beat Feuz. (Michel Cottin/Zoom)

Derrière le champion du monde 2017, Mauro Caviezel et Urs Kryenbühl, pour autant que ce dernier se remette à temps de sa terrible chute sur la Streif il y a quelques semaines, seront de sérieux candidats aux médailles. S’il poursuit sa progression dans la discipline reine, Marco Odermatt peut également devenir un prétendant. Son talent n’a que peu d’égal sur le circuit. Enfin, Carlo Janka et Niels Hintermann, dans un bon jour, peuvent rêver de médaille. Petite précision utile, la Suisse ne dispose que de quatre places par épreuve. Il pourrait bien y avoir des qualifications internes sur place si tout le monde venait à remplir les critères de sélection (1x top 7 ou 2x top 15).

Les rivaux seront nombreux à venir des quatre coins de la planète, à commencer par les Autrichiens emmenés par Matthias Mayer, le double champion olympique, les Italiens de Dominik Paris, les Norvégiens d’Aleksander Aamodt Kilde, les Américains de Ryan Cochran-Siegle, ou encore les Français de Johan Clarey.

Nos paris:

Chances de médailles: Beat Feuz (★★★★★), Mauro Caviezel (★★★), Urs Kryenbühl (★★),
Marco Odermatt (★★), Carlo Janka (★), Niels Hintermann (★)
Chances de présence romande: Arnaud Boisset (5%)

Super-G messieurs: Mauro Caviezel et Marco Odermatt en fers de lance

Si Beat Feuz est le vice-champion olympique de la discipline, c’est sur les skis de Mauro Caviezel et de Marco Odermatt que reposent les plus grands espoirs de médailles. Le Grison, tout d’abord, a remporté le Globe de la discipline en 2020, et se trouve au 3e rang cette année en ayant manqué deux courses. Une blessure au talon d’Achille, à la main ou encore une commotion cérébrale en début d’année n’ont pas freiné le robuste skieur de Beverin. A ses côtés, Marco Odermatt s’affirme toujours plus comme l’une des futures superstars de la discipline. Auteur déjà de deux podiums, dont un à Kitzbühel cet hiver, il sera, à n’en pas douter l’un des clients à l’or l’an prochain si on tient compte de sa progression constante.

Pour les deux places restantes, tout reste ouvert. Si Beat Feuz pourrait se concentrer sur la descente, Urs Kryenbühl, Gino Caviezel et Loïc Meillard sont les candidats les plus crédibles. Tous progressent en super-G et ont un potentiel de réaliser un exploit dans la discipline. Dans une moindre mesure Ralph Weber, s’il parvient à enfin franchir ce palier depuis la Coupe d’Europe qu’il domine, peut également être un candidat à une sélection olympique.

Côté romand, Justin Murisier et Arnaud Boisset, qui brille en Coupe d’Europe dans la discipline cet hiver, auront très certainement leur chance en Coupe du monde la prochaine saison. Et s’ils venaient à brouiller les pistes pour une sélection en super-G?

Nos paris:

Chances de médailles: Mauro Caviezel (★★★★), Marco Odermatt (★★★★), Urs Kryenbühl (★★), Loïc Meillard (★★)
Chances de présence romande: Loïc Meillard (80%), Justin Murisier (30%), Arnaud Boisset (10%)

Géant messieurs: Marco Odermatt en favori

Marco Odermatt sera l’homme à battre avec le Français Alexis Pinturault. Le 2e de la Coupe du monde de géant possède une régularité aux avant-postes que peu d’athlètes peuvent se targuer. Une constance que partage Loïc Meillard. Le Valaisan, sur le podium à Adelboden cet hiver, joue toujours placé. Il a les capacités pour s’immiscer sur le podium olympique. Pour la première fois sur la boîte cette saison en géant, Gino Caviezel et Justin Murisier seront de sérieux outsiders pour autant qu’ils conservent leur niveau de forme affiché, sachant que beaucoup de choses peuvent évoluer dans un sens comme dans l’autre en une année.

Nos paris:

Chances de médailles: Marco Odermatt (★★★★), Loïc Meillard (★★★), Gino Caviezel (★★), Justin Murisier (★★)
Chances de présence romande: Loïc Meillard (95%), Justin Murisier (90%), Daniel Yule (10%), Luca Aerni (10%), Marco Reymond (5%)

Slalom messieurs: Une, voire des médailles, ou rien

S’il y a une discipline où la déception serait énorme si la Suisse ne revenait pas avec une médaille de Chine, c’est bien le slalom. Les slalomeurs helvétiques représentent très certainement l’équipe la plus homogène du circuit. Il ne sont pas deux, ni trois, mais six à pouvoir à ce jour rêver de médaille(s).

Ramon Zenhäusern a été sacré vice-champion olympique il y a 4 ans. (Christophe Pallot/Zoom)

Vice-champion olympique en titre, Ramon Zenhäusern skie sur son petit nuage depuis quatre saisons maintenant. On ne voit pas ce qui pourrait empêcher le Haut-Valaisan de jouer l’or dans une année, si ce n’est une blessure. Daniel Yule, même s’il connaît un léger coup de mou cet hiver, pourrait être le deuxième gros atout suisse.

Mais dans le sillage des deux leaders, Loïc Meillard, de plus en plus constant et proche du top 3, Luca Aerni, de retour à son meilleur niveau, ainsi que Tanguy Nef et Sandro Simonet sont en progression constante. Hormis Tanguy Nef, dont ce ne semble qu’être une question de temps, tous sont déjà montés sur le podium en Coupe du monde. Et derrière, Marc Rochat et Noël von Grünigen sont également prêts à gratter.

Nos paris:

Chances de médailles: Ramon Zenhäusern (★★★★), Daniel Yule (★★★),
Loïc Meillard (★★★), Luca Aerni (★★),
Tanguy Nef (★), Sandro Simonet (★)
Chances de présence romande: Daniel Yule (80%), Loïc Meillard (80%), Luca Aerni (60%), Tanguy Nef (50%)

Combiné messieurs: Loïc Meillard, l’un des athlètes le plus complet du circuit

Si le principal rival d’Alexis Pinturault est Marco Odermatt en géant, en combiné il s’appelle Loïc Meillard. A ce jour, difficile de trouver deux athlètes aussi complets, capables de s’exprimer tant en slalom qu’en super-G. L’or mondial ne devrait pas échapper à l’un de ces deux hommes, même si l’incertitude du sport existe, notamment dans les courses d’un jour.

Dans une discipline où les surprises peuvent être légions comme en témoigne la victoire de Sandro Viletta aux Jeux olympiques de Sotchi, d’autres Suisses auront leur carte à jouer comme les frères Mauro et Gino Caviezel ou Luca Aerni, même s’il sera très dur pour eux d’aller chercher une médaille.

Nos paris:

Chances de médailles: Loïc Meillard (★★★★★), Mauro Caviezel (★★), Luca Aerni (★)
Chances de présence romande: Loïc Meillard (95%), Luca Aerni (75%), Justin Murisier (50%)

Team event: Un titre olympique à conserver

Impossible de terminer sans évoquer le Team event, dont la Suisse est tenante du titre. Si la formation helvétique se battra très probablement pour les médailles, il est certain que la Golden Team de 2018 (Wendy Holdener, Denise Feierabend, Ramon Zenhäusern et Daniel Yule en titulaires) ne sera pas alignée dans la même formation. D’une part, puisque Denise Feierabend a pris sa retraite et de l’autre il n’est pas certain à 100% que Wendy Holdener et Michelle Gisin soient au départ. Elles auront en effet de nombreux objectifs individuels dans le viseur. Si elles venaient à renoncer à l’épreuve, Mélanie Meillard, Camille Rast et Aline Danioth seraient les premières athlètes qui devraient être appelées pour compléter l’équipe. S’il est envisageable de retrouver Ramon Zenhäusern et Daniel Yule, selon la forme affichée au moment, la sélection pourrait très bien être complétée par Tanguy Nef ou Loïc Meillard.

Nos paris:

Chances de médailles: Suisse (★★★★★)
Chances de présence romande: Daniel Yule (70%), Luca Aerni (60%), Mélanie Meillard (70%),
Camille Rast (60%), Tanguy Nef (40%), Loïc Meillard (30%)

Johan Tachet/LMO

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