A peine la ligne d’arrivée franchie, Noémie Kolly peinait à comprendre la portée de sa performance. Pour sa cinquième course de Coupe du monde, la Fribourgeoise de 22 ans venait de signer le 12e chrono du super-G de Crans-Montana devant des athlètes des plus confirmées. Avant ce week-end à Crans-Montana, la Gruérienne entendait briller sur la piste du Mont Lachaux, mais ne s’attendait pas être à pareille fête, elle qui est rentrée dans les points lors des trois courses disputées sur le Haut-Plateau. Interview.

Noémie Kolly, comment vous sentez-vous après cette magnifique 12e place?

Pour l’instant, je ne réalise pas du tout. Je suis encore fatiguée de ma course et déjà, je dois venir devant la presse (rires). Quand je me suis tournée et que j’ai vu le 12 affiché à l’écran, c’était à peine croyable.

Comment analysez-vous votre course?

Je crois qu’aujourd’hui (dimanche), ce n’était pas facile de partir devant. J’ai eu la chance de pouvoir regarder les concurrentes qui se sont élancées avant moi à la télévision. J’ai remarqué qu’il y avait des lignes très rapides auxquelles on n’avait pas pensé à la reconnaissance. J’ai cherché à prendre ces lignes durant ma manche et c’est pour ça a si bien marché.

Quel bilan tirez-vous de ce week-end à Crans-Montana?

J’ai dit en arrivant que je visais le top 30 mais je pensais à une 28e ou 29e place. Terminer trois fois dans les points et surtout dans les 15 premières aujourd’hui, c’est vraiment incroyable. J’espérais un jour entrer dans le top 15 d’une course de Coupe du monde mais je ne pensais pas que ça allait arriver aussi vite. C’est un très grand pas de franchi.

Avez-vous l’impression d’avoir franchi un palier après ces performances, notamment d’un point de vue mental?

Dans ma tête oui, car je vois que je peux rivaliser avec le groupe Coupe du monde. On pense toujours qu’il y a une grosse différence entre la Coupe d’Europe et la Coupe du monde, mais cela se mélange très bien.

Quand on repense qu’il y a un peu plus d’une année vous étiez en béquilles après vous être déchiré le ligament croisé du genou droit en août 2019, êtes-vous étonnée d’être revenue aussi rapidement performante?

Je suis assez impressionnée. Surtout que j’ai encore eu des problèmes cet automne avec mon dos. Du coup, je ne pensais pas être aussi vite autant bien.

Encore un top 15 la semaine prochaine à Garmisch-Partenkirchen et vous pourriez brouiller les cartes pour les qualifications aux Mondiaux?

Non, je ne pense pas même si je m’attendais à cette question (rires). Ce n’est vraiment pas mon objectif. Même si j’y arrive à Garmisch, je crois que ça ne suffirait pas. Le niveau de l’équipe est tellement élevé avec plusieurs filles qui ont fait des top 5. Mais, contrairement à Val d’Isère, je connaitrais le parcours, c’est un avantage pour moi.

Comment voyez-vous la suite de votre saison?

Je crois que je serai plus libérée puisque j’ai d’ores et déjà réussi ma saison avec ces résultats. Ce n’est que du bonus désormais. Je veux prendre du plaisir et garder les mêmes objectifs, c’est-à-dire entrer dans les points. Je vais essayer de faire de bons entraînements et voir où ça me mènera.

Quel est votre programme pour les prochains jours?

Je vais rentrer à La Roche. Je me réjouis de retrouver ma famille, on va sûrement fêter ça mais pas trop parce que Garmisch arrive très vite (les 30 et 31 janvier). Je vais profiter d’être libérée de cette pression. Je ne suis pas fatiguée physiquement, mais mentalement c’est plus difficile. Enchaîner trois courses, ça fait beaucoup pour la tête. 


La réaction de son entraîneur Ivano Nesa:

“La retrouver aussi bien placée, c’est une vraie surprise. Elle était très déçue après la deuxième descente mais là, elle a monstre bien skié. J’espérais la retrouver dans le 30, mais dans les 15, c’est fou!

Je pense que sa blessure (ndlr: déchirure des ligaments croisés en août 2019) l’a fait beaucoup grandir. Elle a compris plusieurs choses, sur sa façon de s’entraîner notamment. Une blessure ne vient jamais par hasard. Maintenant, il ne faut pas qu’elle en fasse trop avec l’euphorie du moment et qu’elle continue tranquillement sa progression. Les Mondiaux ne font pas du tout partie de ses objectifs mais c’est un petit rêve. Il lui reste une course à Garmisch, pour s’illustrer donc tout est possible. Son objectif principal reste de retourner en Coupe d’Europe et d’y performer afin d’obtenir une place fixe en Coupe du monde avec de bons dossards dès la saison prochaine.

Elle est formidable, surtout à la glisse (ndlr: elle pèse à peine plus de 50 kg pour 160 cm). En plus, elle a des bombes aux pieds. Bien sûr, son gabarit est différent, mais avec sa finesse, elle skie moins en force et met moins d’appui. Peut-être qu’elle perd 2 mètres de ligne, ce qu’elle fait de moins en moins, mais elle laisse glisser et ça paie, ça permet de prendre de la vitesse.”

Robin Torrent/LMO/JT, Crans-Montana