Prenez un restaurant dédié au ski. Au hasard, la Streif à Martigny. Invitez l’hôte des lieux, Roland Collombin, la légende. Mettez-le face à la voix du ski en Suisse romande, l’ancien entraîneur Patrice Morisod devenu consultant. Saupoudrez le tout avec les témoignages de deux skieuses talentueuses de Coupe du monde, Malorie Blanc et Mélanie Meillard. Et vous obtenez alors un plat qui vous fera voyager de Sapporo à Sankt-Anton en passant par Are ou Saalbach. Pendant près d’une heure, on les écoute religieusement. Mais on se fend aussi la poire avec les anecdotes et déclarations «à la raclette» de «la Colombe», le Valaisan qui a le plus de globes de cristal…après Pirmin Zurbriggen.

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Marco a le portable de Roland

Pour sa dernière émission, L’Après-ski – qui attire en moyenne plus de 18’000 spectateurs sur Rhône TV – a eu droit à son scoop signé Roland Collombin. «J’avais mangé avec le papa d’Odermatt l’an passé à Gstaad. En partant, je lui avais laissé ma carte et je lui ai dit de dire à Marco que s’il voulait encore progresser, il pouvait m’appeler. Il ne m’a pas encore contacté. Il devait y avoir une erreur dans le numéro.»  On poursuit avec la rivalité suisse au plus haut niveau du ski mondial, Marco Odermatt et Loïc Meillard. «Loïc  (Meillard) s’est rapproché de lui. Mais Odermatt a encore une petite marge d’avance. Il est surtout très performant dans trois disciplines là où Loïc joue le tout devant de la scène dans deux pour le moment», analyse plus sérieusement Patrice Morisod qui, tout au long de cette ultime émission, a parfaitement rebondi sur les sorties de Roland Collombin.

Le skieur bagnard n’hésitera pas à revenir sur son époque, notamment lorsqu’on lui parle des athlètes qui se sont ultraprofessionnalisés et qui sont désormais suivis par un large encadrement. «On avait aussi des préparateurs physiques. Un sophrologue aussi. Bon, lui, je l’ai envoyé promener. Je lui avais dit qu’il me faisait perdre mon temps.» Éclat de rire général dans l’audience où les partenaires de L’Après-Ski, – Bli Bla Blo net+, Raiffeisen et Ski Valais – avaient pris place.

Les larmes de Mélanie, le champagne de Malorie

Passons aux skieuses. À l’instant d’évoquer le moment qui les a marqués cette saison, Mélanie Meillard se souvient d’Åre où elle avait terminé 4e de la première manche avant de sortir dans la seconde. Jamais la skieuse d’Hérémence n’avait semblé si proche du podium, voire de la victoire. «C’est mon meilleur et mon pire moment à la fois. Je n’ai jamais autant pleuré de la saison. Il y avait la frustration, et en même temps, j’étais contente de mon ski», mentionne celle qui est passée plusieurs fois toute proche de monter pour la première fois sur la boîte en slalom cet hiver. «Gentiment, ça m’énerve que l’on me pose la question du podium», sourit-elle. Malorie Blanc, elle, n’oubliera jamais son week-end à Sankt Anton où elle a fêté son premier podium. «Je n’avais pas idée de ce qu’il allait m’arriver avec ce podium lors de la descente. Et le lendemain, il a fallu remettre les skis en super-G où j’ai terminé 9ème. Paradoxalement, je suis tout aussi fière de cette performance.» 

Un podium pour sa première descente, cela valait bien une scène cocasse sur le podium avec Malorie Blanc qui asperge de champagne la grande championne italienne Federica Brignone. «Je croyais que ça se faisait comme après les courses de moto. Je me suis tournée vers Fede et j’ai tout envoyé. Elle en avait plein les yeux, je crois que je me suis un peu emportée. J’aurais dû demander comment faire à Mélanie», lance Malorie Blanc, reprise par sa compère du jour, avec qui elle a aussi été associée lors du combiné par équipes des Mondiaux de Saalbach. «Mais je n’ai jamais su ouvrir du champagne, je n’aurais pas pu t’aider», se marre Mélanie Meillard. «J’ai presque versé une larme après ce premier podium de Malorie Blanc», avoue même Roland Collombin.

Morisod loue le Super-G mondial d’Odermatt

Patrice Morisod, lui, retient la course parfaite de la saison. «La plus belle manche de l’hiver, c’est la masterclasse de Marco Odermatt qui a survolé le super-G des Mondiaux.» Côté performance, il cite aussi les titres mondiaux de Camille Rast et Loïc Meillard. «Je crois qu’on ne se rend pas vraiment compte de ce que cela représente. Avoir de tels champions valaisans est juste exceptionnel.»

Roland Collombin n’est pas loin et balance une nouvelle punch line avec son sourire des grands soirs. «Loïc Meillard ? Mais il n’est pas Valaisan le Neuchâtelois.» Cette fois, c’est son regard en direction de Mélanie Meillard qui devient malicieux. Le dernier sujet délicat concernera la meilleure skieuse suisse du moment, voir de l’histoire, Lara Gut-Behrami, la seule Suissesse à avoir remporté un globe cette saison avec le super-G. Mais un nom qu’il ne fallait pas forcément prononcer pour Roland Collombin. «Elle, je ne l’aime pas. C’est comme ça.». Sourire silencieux dans la salle. «Lara est une athlète exceptionnelle. Elle a peut-être pris un autre chemin que les autres mais sa carrière est exemplaire. Imagine seulement monter à 100 reprises sur le podium en Coupe du monde, c’est hallucinant», répond Patrice Morisod. «Si tu veux. Mais moi je préfère quand Federica (Brignone) gagne», rétorque en rigolant Collombin, qui avoue aussi être très heureux des résultats suisses et valaisans cette saison avec notamment un record de podiums. «Ces succès ne viennent pas de n’importe où. Ils sont le fruit d’un énorme travail à la base, à Ski Valais et au centre national de performance de Brigue notamment», reprend Patrice Morisod.

L’Après-Ski en mode… 3e saison

Il est 19 heures. On sent Roland Collombin…impatient. «A mon époque sur les plateaux TV, on avait une bouteille de rouge sur la table. Les temps ont changé» On a compris. Il est l’heure de conclure et de passer à l’apéro….puis à la raclette servie par le maître des lieux.De quoi fêter la deuxième saison de l’Après-Ski, pour une émission prête à revenir en octobre.

Gregory Cassaz, Le Nouvelliste/JT

Les émissions précédentes de la saison 2: