Longtemps parent pauvre du ski suisse, le slalom est devenu une discipline fertile en podiums pour les athlètes helvétiques grâce à une génération dorée emmenée par Daniel Yule. Avec le skieur du val Ferret et Didier Plaschy, ce sont deux générations de slalomeurs qui se retrouvent pour analyser le développement de la discipline du virage court, aussi ingrate, que spectaculaire et exigeante.

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Camille Rast impressionne

«C’était une démonstration.» Didier Plaschy a été émerveillé par la performance de Camille Rast qui a remporté dimanche sa première victoire en Coupe du monde lors du slalom de Killington. Pour Daniel Yule, cette performance «n’est pas une surprise». «Cela fait maintenant des années que techniquement Camille skie très bien. Et une fois que la confiance est là, il est plus facile de lâcher les skis.»

Le chiffre : 10’000

Le nombre de piquets passés annuellement à l’entraînement par Daniel Yule et ses coéquipiers de l’équipe de Suisse. «Et je pense que c’est même davantage», réagit le skieur de La Fouly. «Pour automatiser les choses et être capable d’évoluer, il faut faire beaucoup de virages.»

La phrase

«Les slalomeurs sont comme des Alfa Romeo. Ils ont du caractère et de l’explosivité»

Didier Plaschy se plaît à imager les slalomeurs comme de puissantes voitures. Pour le coach haut-valaisan, il n’y a d’ailleurs pas d’âge pour être performant dans la discipline. «Si on parvient à conserver de l’explosivité, que la technique est bonne et les charges bien réparties sur le corps, on peut encore gagner des slaloms à 40 ans.»

Une densité monstre

La densité en slalom est folle, puisqu’une trentaine d’athlètes, voire davantage sont en mesure de remporter une course. Dans cette situation, la spécialisation est devenue monnaie courante: 21 des 30 meilleurs slalomeurs du monde ne pratiquent que cette discipline. «C’est plus facile de s’entraîner en slalom aussi», rappelle Daniel Yule. «Notamment pour les petits pays qui n’ont pas de pistes de vitesse. Aujourd’hui, on a plus d’une dizaine de nations représentées en seconde manche.» Avec autant d’athlètes de haut niveau, personne ne peut se permettre de skier sur la retenue pour espérer monter sur le podium, et les éliminations sont courantes. «Il suffit de deux courses sans point et on rentre dans cercle vicieux», mentionne Didier Plaschy qui avait connu à l’époque cinq sorties de piste successives après ses deux victoires initiales lors de l’hiver 1999-2000. «Je ne supportais alors pas que l’on me donne des conseils, car tout le monde veut t’aider. Je me renfermais», se rappelle-t-il. La solution du Haut-Valaisan? «Être capable d’oublier pour se remettre dans le bon chemin.»

Wengen et Schladming dans le viseur

Daniel Yule est peut-être le slalomeur le plus régulier de la dernière décennie, terminant notamment dans le top 7 de sa discipline lors de six des sept dernières saisons. «Je suis fier du parcours accompli. Mais il y a encore de belles choses à accomplir.» Dans un coin de la tête, le skieur du val Ferret aimerait accrocher «Wengen et Schladming» à son palmarès «pour compléter le catalogue des classiques de janvier». Mais jusqu’à quel âge l’athlète de 31 ans compte-t-il encore skier au plus haut niveau? «Tant que j’ai le plaisir, la santé et les résultats. Il n’y a pas d’athlètes vieux ou jeunes, mais seulement rapides ou lents.»

Arnaud Boisset paré à l’attaque

Après des premiers week-ends réservés à la technique, les spécialistes de vitesse débutent leur saison en cette fin de semaine à Beaver Creek. «Je me réjouis», lance, au bout du fil, Arnaud Boisset qui va vivre sa deuxième saison sur le front de la Coupe du monde. «J’ai eu un premier hiver de rêve», concède le Martignerain qui est monté sur son premier podium en super-G à Saalbach. «Je veux confirmer et montrer que ce n’était pas la chance du débutant.»

Johan Tachet

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