Casting de choix pour cette deuxième émission de l’Après-Ski qui reçoit pour la première fois Justin Murisier. Le Bagnard aux 186 départs en Coupe du monde était accompagné par Silvan Zurbriggen, médaillé olympique de bronze du combiné des Jeux de Vancouver.
Avec les deux Valaisans, c’était l’occasion d’aborder la polyvalence dans le monde du ski et de parler de la trajectoire des deux athlètes qui ont débuté sur le circuit en slalom avant de devenir descendeurs. Et lorsque l’on parle de skieur complet, on ne pouvait pas passer à côté du Français le plus titré du Cirque blanc, Alexis Pinturault à qui on a lancé un petit appel téléphonique. Petite compilation.
Pour voir l’émission:
Spécialisation des athlètes
Nombreux sont les skieurs qui ont débuté sur la technique avant de devenir des spécialistes de vitesse aguerris. Mais le contraire est très rare. «Peut-être Didier Cuche qui a connu du succès en géant après avoir tout d’abord été performant en vitesse», souligne Justin Murisier. «Aujourd’hui, on remarque que les meilleurs skieurs en descente et en super-G, comme Cyprien Sarrazin, Aleksander Aamodt Kilde ou Marco Odermatt, ont tous été un moment ou à un autre d’excellents géantistes.» Mais peut-on encore être performants dans toutes les disciplines? Pour Silvan Zurbriggen, la réponse est non: «Marco Schwarz reste un skieur spécial. Mais plus on fait de la descente, moins on a de temps pour travailler en slalom où tout est très spécialisé. On peut faire des bons résultats dans toutes les disciplines, mais c’est pratiquement impossible ensuite à jouer le podium.»
Évolution de carrières
Après des débuts prometteurs en slalom et une médaille d’argent aux Championnats du monde de Saint-Moritz en 2003, Silvan Zurbriggen a rapidement bifurqué sur la vitesse. «Il y a eu un nouveau règlement qui a réduit la distance entre les portes à 10 mètres. Pour des gars de plus de 100 kg comme Kostelic, Pranger ou moi, ça devenait compliqué à bouger. Et j’ai toujours aimé la vitesse.» Deux blessures et, donc, deux saisons blanches entre 2011 et 2013, ont conduit Justin Murisier a abandonné le slalom quelques années plus tard. «Avant de me blesser, je n’étais pas encore établi dans le top 30. Puis, avec ces blessures au genou, j’avais perdu la confiance pour pousser en slalom. C’est pour cela que je me suis réorienté vers le géant dans un premier temps.»
Un second souffle
C’est un nouveau Justin Murisier qui se lance dans la seconde partie de sa carrière, la trentaine passée. «Je prends toujours autant de plaisir et j’en prends même lors de la préparation physique qui était une corvée pour moi.» Abonné à des trop nombreuses places d’honneur, le Bagnard ne compte qu’un seul podium en Coupe du monde, lors du géant d’Alta Badia en 2020. «Mais je me sens plus affuté que jamais. Et j’ai l’impression que d’autres podiums vont arriver.» Silvan Zurbriggen prend d’ailleurs les paris: «Je vois Justin sur la boîte à Beaver Creek, Bormio ou Kitzbühel cet hiver.»
Pinturault, objectif descente
Quand on parle d’athlète polyvalent, Alexis Pinturault est certainement le meilleur représentant de la dernière décennie. «Lorsque l’on fait plusieurs disciplines, on joue pour le général et cela pousse les gens à être intéressés par l’histoire de notre sport et aussi par les compétitions qu’il peut y avoir pour aller chercher le gros Globe de cristal», nous confie le champion tricolore aux 77 podiums en Coupe du monde. D’ailleurs, il a choisi de laisser tomber le slalom pour se lancer pleinement en descente depuis un peu plus d’une année. «Je me suis demandé quelle était la seule discipline où je ne m’étais pas encore imposé», sourit le Tricolore de 33 ans. «C’est une nouvelle motivation pour ma seconde partie de carrière.»
Johan Tachet