Avant cette semaine, il n’avait encore jamais posé les skis sur la mythique Streif. Ce vendredi, Justin Murisier s’est imposé en 12e place dans ce qui était seulement sa dixième descente en Coupe du monde. Une performance étonnante, mais qui était encore loin de ce que le Valaisan se sait capable. 

La veille de cette première descente à Kitzbühel, le skieur du Val de Bagnes avait déjà dit qu’il s’attendait à un bon résultat dans la célèbre station autrichienne. Il ne mentait pas. Solide aux entraînements, il a enclenché la vitesse supérieure vendredi et se confirme lentement comme un vrai atout en descente pour l’équipe de Suisse. 

À juste 0″48 du podium, le skieur de 31 ans a surpassé des descendeurs bien plus chevronnés que lui. Cette 12e place est aussi son meilleur résultat en descente après une 7e place à Bormio le mois dernier. “Sincèrement je suis très content. J’ai vu que le soleil sortais quand je m’échauffais et je me suis dit, si ça tient jusqu’à moi c’est bon signe.” Le Valaisan avait le dossard 47, mais en l’occurrence, c’était un avantage. “Je pense qu’avec le soleil, le froid est sorti aussi, ça a un peu lustré la piste et c’est pour ca qu’on est si rapides derrière.” 

Une peu de retenue

Ce qui ne veut pas dire que c’était du gâteau. “Il fallait encore faire une manche sans faire trop de fautes, ce que j’ai réussi à faire.” Le plus dingue: Justin Murisier dit ne pas avoir tout donné lors de cette course. 

Comparé à des champions comme Marco Odermatt ou Aleksander Aamodt Kilde qui devaient mettre le paquet pour une victoire et ont été véritablement brutalisés par cette piste, le Valaisan s’est retenu. “J’ai plutôt essayé d’avoir un petit peu de marge pour faire une course solide aujourd’hui et prendre de la confiance pour demain,” explique-t-il. “Je n’ai pas pris tous les risques, j’ai essayé de me dire dans ma tête que ça restait la première (descente) et que je n’avais pas besoin de tout risquer aujourd’hui.”

Quelque corrections à faire

Samedi, il aura la possibilité de s’élancer une nouvelle fois sur cette fameuse Streif lors de la deuxième descente du weekend, et après sa performance de vendredi, il voit du potentiel pour pousser encore un peu plus. “Il y a pas mal de choses à corriger, j’ai fait pas mal de toutes petites fautes. Je suis quand même content mais je sens qu’il y aurait moyen de faire beaucoup mieux.” 

Ses progrès météoriques font qu’il pourrait être considéré en descente pour les Championnats du monde le mois prochain à Courchevel/Méribel, ce auquel il n’aurait jamais cru en début de saison. “Mon but c’était de faire des progrès en descente et d’essayer de me qualifier en super-G.” Avec les retraites soudaines de Beat Feuz et Mauro Caviezel en plein milieu de l’hiver, une place se libère, reste à savoir qui l’obtiendra. “Je ne me mets pas de pression. Je sais que je dois encore beaucoup progresser en descente.”

La confiance des champions

Les 2% de plus que des skieurs tels Marco Odermatt ou Aleksander Aamodt Kilde démontrent course après course lui manquent encore. Une question de confiance. “Tu pousses plus la machine qu’elle peut aller en réalité. Et quand ça passe c’est devant, et quand ça ne passe pas, ça peut faire des grosses frayeurs comme aujourd’hui. Je n’ai pas encore cette confiance là,” admet-il. Mais s’il continue à livrer des résultats comme à Bormio et à Kitzbuehel, elle ne tardera pas à se pointer.

Sim Sim Wissgott, Kitzbühel