Dans l’aire d’arrivée de la piste du Mont Lachaux, Urs Lehmann affiche un sourire de circonstance. « Regardez ces résultats, avec les doublés de Lara (Gut-Behrami) et de Corinne (Suter), et les autres filles qui réalisent de magnifiques résultats », lance l’Argovien. Pour la première fois depuis qu’il a repris la présidence de Swiss-Ski, la Suisse est en phase de terminer première au classement des Nations, devant l’Autriche. Des résultats probants qui font la fierté d’Urs Lehmann qui ne compte pas pour autant que la fédération faîtière du ski suisse ne se repose sur ses lauriers.

Urs Lehmann, 43 podiums, une avance de plus de 900 points au classement des Nations devant l’Autriche, c’est la saison de tous les superlatifs pour le ski suisse.

Ce que réalise l’équipe, c’est extraordinaire. Tout le monde prend beaucoup de plaisir. C’est le grand mérite des athlètes, des entraîneurs qui réalisent un gros travail. Franchement, bravo.

La Suisse n’a plus remporté le classement des Nations depuis 1991. Ces résultats récompensent un long travail mené à tous les échelons de la structure de Swiss-Ski?

Effectivement, c’est la satisfaction du travail accompli. De tels résultats ne s’obtiennent pas en une, deux ou trois années, c’est du long terme. Je prends toujours l’équipe de slalom en exemple. Il y a sept ans, nous avons pris la décision de mettre des moyens pour la développer. A l’époque, on nous a traités de fous, car ça coûtait un demi-million. Aujourd’hui, tout le monde nous dit que l’on a bien fait d’investir. C’est comme cela dans le sport. C’est vraiment réjouissant, nous avons des « anciens » skieurs comme Beat Feuz ou Wendy Holdener qui sont au top, des Carlo Janka et des Lara Gut-Behrami qui reviennent sur le devant de la scène, et derrière les jeunes poussent.

L’objectif est, désormais, de ne pas se reposer sur ses acquis.

Tout à fait. Je peux vous assurer qu’encore ce matin (ndlr: dimanche) à 6 heures, nous étions à table pour évoquer ce sujet. Nous possédons la bonne structure, avec les bonnes personnes de la Coupe du monde jusqu’en Coupe d’Europe. La prochaine étape sera consacrée à la relève. Nous souhaitons pousser davantage d’athlètes vers le haut.

Comment allez-vous vous y prendre?

Il faut savoir que jusqu’à 16 ans et les classes OJ, les clubs réalisent un magnifique travail. Désormais, nous voulons donner plus de responsabilité et de moyens aux associations régionales pour que les athlètes entre 16 et 18 ans puissent poursuivre leur apprentissage. Les Jeux olympiques de la Jeunesse ont démontré que nous possédons une belle relève. Avec le Grand Prix Migros, nous mettons aussi sur pied la plus grande compétition pour la relève au monde. Nous devons profiter de cette large base pour faire monter le plus grand nombre de jeunes skieurs le plus haut possible.

D’autant plus que le ski suisse peut profiter d’ambassadeurs de choix au sommet de la pyramide.

Les jeunes de 10 ou 12 ans, qui rêvent de devenir champions olympiques ou du monde, ont besoin d’avoir des idoles, de pouvoir s’identifier. Aujourd’hui, on profite de magnifiques champions qui possèdent de belles valeurs et qui mettent en vitrine le ski suisse.

La candidature Crans-Montana/Valais se présentera au mois de mai au congrès annuel de la FIS avec l’espoir de recevoir les Championnats du monde de ski alpin en 2025. Quelles sont réellement ses chances de les obtenir?

Je peux vous assurer que l’on va au congrès pour la victoire. Mais il faut aussi rester réaliste. Il ne faut pas oublier que la FIS suit un processus politique et là c’est difficile. Car Saalbach, qui a perdu la dernière fois contre Courchevel/Méribel pour 2023, est le favori cette fois-ci, et il faut respecter cette donne. Quoi qu’il arrive, cette candidature va nous aider pour 2027 et c’est pour cela qu’il faut se lancer. De ce que je sais, personne n’a jamais gagné en se présentant la première fois. Mais il faut avoir la confiance et se battre jusqu’à la fin.

Pour Swiss-Ski, il n’y a aucun doute, la prochaine fois que les Mondiaux seront organisés en Suisse, ce sera à Crans-Montana?

Totalement. Crans-Montana est vraiment prêt à accueillir les Championnats du monde. La seule chose qui manque encore, c’est un stade d’arrivée.

Avez-vous eu des retours sur la candidature de Crans-Montana/Valais auprès de la FIS?

Vous savez, dans ce milieu tout est toujours très secret. C’est derrière la porte que l’on se parle. Il y a énormément de lobbying. Ce que je peux dire, c’est que nous avons une bonne position.

On parle également de vous pour succéder à Gian Franco Kasper à la tête de la FIS au mois de mai. Vous ne souhaitez pas officialiser votre candidature?

Pas pour le moment. Je devrais changer toute ma vie et je dois donc bien évidemment y réfléchir, voir si c’est possible. Il y a également tout un processus politique qui est difficile et il s’agit d’avoir la bonne tactique.

Johan Tachet, Crans-Montana