Dimanche à Val d’Isère, Ramon Zenhäusern lancera sa dixième saison sur le front de la Coupe du monde. Le solide Haut-Valaisan de 29 ans fait non seulement partie des meubles, mais il s’inscrit depuis cinq ans parmi les meilleurs slalomeurs de la planète. Respectivement 6e, 4e, 4e et 3e des quatre derniers hivers entre les virages courts, le géant de Bürchen est le seul athlète à s’être montré aussi régulier dans une discipline des plus denses en terme de skieurs de pointe.

«Mon objectif est de conserver cette régularité et même encore de progresser», concédait-il il y a trois semaines lorsque nous l’avons rencontré à Levi (FIN) en camp d’entraînement. Dans un coin de la tête, le vice-champion olympique songe naturellement au Globe de cristal. «C’est clair que c’est un but. Je ne vais pas dire que j’entends le remporter cette saison, mais ça reste un rêve d’enfant.»

Entraînement poussé au centre ultramoderne OYM

Et le Valaisan n’a pas chômé durant l’été pour performer et a même décidé de casser sa routine. Pour ce faire, Ramon Zenhäusern a rejoint le centre d’entraînement ultrasophistiqué OYM (On Your Mark) de Suisse centrale, fréquenté notamment par Aline Danioth, les joueurs du EV Zoug, ou encore de l’escrimeur Max Heinzer, entre autres. Un complexe qui mêle science et performance. «Je voulais faire quelque chose de nouveau. Je voulais surtout gagner en puissance.»

S’il a pris deux kilos de muscles dans le but de «devenir plus solide et plus stable», le Valaisan en a bavé. «Je ne me suis jamais entraîné aussi difficilement. Tu es suivi du matin au soir, c’est super complet.» Dans le centre zougois, on travaille aussi bien sur la recherche de performance physique que psychologique, sans oublier la nutrition. «Ils cuisinent avec des produits bio et frais, et il n’y a pas de desserts, se marre-t-il. Ils regardent les calories que tu brûles, ce dont ton corps a besoin. Ils ont remarqué que je brûlais beaucoup, mais que je ne pouvais pas manger autant. Du coup, je prenais des compléments avec un shaker de protéines et d’hydrocarbonate.» La transformation est visible. «A la fin du stage estival, je croyais que j’étais devenu Hercule, je voyais mes veines.»

Des heures supplémentaires sur le mur de Levi

Sur la neige, Ramon Zenhäusern n’a pas non plus rechigné à la tâche. Après des camps d’entraînements collectifs au début du mois de novembre à Kåbdalis et Gällivare en Suède, il n’a pas hésité à demander du rab et s’est envolé seul en compagnie de Thierry Meynet, l’un des coaches de l’équipe de Suisse de slalom, pour Levi afin de profiter de la piste de la Coupe du monde sur laquelle concourraient ces dames. «Je tenais à m’entraîner sur le mur, car jusqu’ici, sur la quarantaine de jours d’entraînements, je n’ai eu la possibilité de m’entraîner que deux jours sur de la grosse pente.» Et cela notamment en vue du slalom de ce dimanche à Val d’Isère qui se déroulera sur la pentue et exigeante Face de Bellevarde.

Le slalomeur sait qu’il possède encore «un potentiel de développement» dans les secteurs raides. Des détails certes, mais des détails qui font la différence. «Je peux gagner encore des centièmes. Actuellement, je skie encore trop rond, car je suis un skieur qui taille sur la carre. Or dans le mur, ce n’est pas l’idéal et je dois être capable de chercher davantage à skier dans la ligne de pente.»

Une épaule touchée

Reste encore à savoir comment son épaule droite a guéri. Ramon Zenhäusern a été victime d’une très lourde chute à Kåbdalis qui aurait pu lui coûter un genou. Au final, il avait été touché au labrum de l’épaule droite. «Plus de peur que de mal, concède-t-il avec surtout désormais la volonté de se mesurer face à ses adversaires ce dimanche. Franchement, je suis impatient que cela commence.»

Johan Tachet, de retour de Levi