Mercredi soir, Antonin Savary profitait d’un dernier moment de relaxation aux bains de Charmey. Des bulles d’eau de la Gruyère, le Fribourgeois va passer à l’ambiance survoltée du Tour de Ski qui démarre à Toblach ce samedi. À 21 ans, le grand espoir du ski de fond suisse va prendre son tout premier départ sur la mythique compétition à étapes. S’il sera dans le portillon “en mode découverte”, le fondeur de Riaz ne va pas chausser ses spatules uniquement dans le but de faire du tourisme dans la compétition. “Je vais essayer de créer la surprise. Je sais que je peux me classer une fois ou l’autre dans le top 30. Il faut être ambitieux.”

Antonin Savary a gagné sa place dans le contingent helvétique en prenant notamment la 2e place du 20 km mass start d’Ulrichen sur le circuit de l’Alpen Cup au début du mois. “Mon objectif était de me qualifier pour ce Tour. Le deal était que je termine au moins une fois sur le podium.” Mission accomplie pour le Gruérien qui a prouvé, sur ses dernières sorties, être capable de prendre le meilleur sur des athlètes comme Jonas Baumann, Jason Rüesch, ou le Français Maurice Magnificat, qui ont déjà tous bien bourlingué dans l’élite de son sport. “Quand je vois que je bats des gars qui sont capables une semaine plus tard d’être performant en Coupe du monde, je me dis que je peux aussi avoir ma place.”

Progression linéaire

Ambition et talent se conjugent pour le Gruérien qui avait pris part à sa toute première et, jusqu’ici, seule étape de Coupe du monde lors d’un sprint disputé à Davos voici un an (47e). La station grisonne, il la retrouvera au détour de la nouvelle année, pour le second arrêt du Tour de Ski. Mais Antonin Savary aborde ce rendez-vous dans un tout autre état d’esprit qu’il y a douze mois. “Ça n’a pas le même goût. Il y a un an, je me disais purée… C’est fou! Ce Tour de Ski est la suite logique de mon parcours.”

Depuis cinq saisons, le Fribourgeois suit une courbe de progression linéaire. Après avoir montré son potentiel aux Jeux olympiques de la jeunesse à Lausanne en 2020, il a fait ses armes sur les circuits continentaux, jusqu’à monter à trois reprises sur le podium en Alpen Cup ces derniers mois, et surtout se parer de bronze aux Mondiaux juniors lors en relais mixte à Whistler (CAN) l’hiver dernier. “Je sens que je progresse encore et encore. J’ai encore réalisé des bons entraînements cet été et cet automne. J’ai l’impression que ça ne peut que aller en s’améliorant.”

Faire sa place parmi l’élite

Sur le Tour de Ski, il est pratiquement acquis “à 99%” qu’Antonin Savary ne participera pas qu’aux cinq premières des sept étapes de la tournée. Dans une vision de ne pas faire exploser le jeune athlète qui va découvrir une compétition exigeante et dont les objectifs de l’hiver ne s’arrêtent pas seulement en janvier. La mythique montée de l’Alpe Cermis attendra, mais sur son petit calepin, il a toutefois coché la poursuite, qui se disputera en classique, le 4 janvier à Davos. “Sur le papier, c’est sur les distances que je peux me montrer le plus performant et où je m’éclate le plus. Mais il faut déjà que je ne sois pas trop mal classé sur les autres courses”, sourit-il en se rappelant qu’il a fait de bons résultats dans ce style à Goms il y a quelques semaines. “J’ai un bon comportement, ce que je n’avais pas forcément en classique l’hiver dernier. parfois, où j’étais peut-être trop flemmard.”

De son propre aveu, il est “chaud” Antonin Savary avant son baptême sur le Tour de ski, même s’il ne fait pas une fixation. “Si je fais des résultats tant mieux, mais sinon, je sais que j’aurai d’autres possibilités de me montrer mon potentiel cet hiver.” Dans un coin de la tête, il y a les Championnats du monde juniors à Planica où il visera la médaille. Une belle peformance en Slovénie ou déjà sur le Tour pourrait lui offrir de nouvelles perspectives parmi les pros. “J’aimerais désormais faire ma place en Coupe du monde.”

Et comme les bulles, son talent ne demande qu’à éclore.

Johan Tachet