Les journalistes autrichiens, la fédération et le monde du ski en général étaient sous le choc après l’annonce surprise de Matthias Mayer, qui a décidé de mettre fin à son illustre carrière avec effet immédiat. Même le triple champion olympique ne semblait pas avoir toutes les réponses.

“J’en suis presque tombé de ma chaise, ça m’a pris tellement par surprise”, a réagi Herbert Mandl, directeur du ski alpin au sein la fédération autrichienne de ski (ÖSV) après l’annonce de la retraite de Matthias Mayer à la surprise générale ce jeudi matin. Vincent Kriechmayr, qui a si souvent partagé le podium avec Matthias Mayer, s’est dit “sans voix” et a d’ailleurs peiné à retrouver le sourire sur le podium du super-G de Bormio, dont il a pris la 2e place. Leur collègue Daniel Hemetsberger était “complètement perplexe”.

Dans le camp autrichien, il y avait un peu une ambiance de funérailles. “Matthias ne nous a pas surpris seulement lors de ses courses mais aussi avec le timing de sa décision. Mais c’est une décision personnelle et il faut la respecter,” a noté la présidente de l’ÖSV, Roswitha Stadlober, dans un communiqué, en vantant la capacité du skieur à livrer ses meilleures performances quand cela comptait le plus, comme aux Jeux olympiques. “C’était un skieur d’exception sur la piste, mais c’était aussi un modèle, de par sa simplicité et sa modestie,” a-t-elle ajouté, en le remerciant pour les “nombreux moments magiques” qu’il a offert pendant sa carrière.

Mystère et boule de gomme

Les raisons du retrait de Matthias Mayer restent mystérieuses. Et le skieur lui-même n’a pas réussi à lever le voile sur sa décision. “J’ai toujours voulu m’arrêter spontanément”, a-t-il confié à la télévision autrichienne ORF. “Aujourd’hui ça m’a juste semblé être le bon moment.” Interrogé sur le pourquoi du comment, il est resté évasif. Y avait-il des raisons personnelles derrière la décision? Non. Des raisons de santé? Non. Quand a-t-il décidé que c’était le moment? “Je ne sais pas trop s’il y a eu un moment particulier. C’est comme ca, c’est tout.”

Ni sa famille, si ses entraîneurs n’avaient été informés de sa décision au préalable. Il n’y a pas eu de longues réflexions, de discussions avec son entourage. Malade ces derniers jours, le skieur avait renoncé au départ de la descente de Bormio mercredi, mais chez les entraîneurs autrichiens, personne n’a vu venir une telle décision. Jeudi matin, Matthias Mayer était en haut de la Stelvio pour l’inspection du super-G. Lorsqu’il est arrivé en bas, il avait décidé de mettre fin à sa carrière.

“J’aurais pû continuer encore 10 ans”

Une décision d’autant plus surprenante que le skieur de Carinthie, affectueusement surnommé “Mothl”, était sur une bonne lancée, avec deux podiums déjà cette saison en super-G à Lake Louise et en descente à Val Gardena. A l’entraînement à Bormio, il a fini 3e et 4e. “Ce n’est pas une question de forme. Coté sensation, je pourrais continuer comme ça encore 10 ans. Mais j’en ai assez,” a-t-il simplement expliqué jeudi.

“Je resterai actif, je ne me fais pas de soucis à ce sujet. J’ai vécu de bons moment, et maintenant je me réjouis du futur.” Pas de regrets à l’horizon donc: “Je suis heureux d’avoir pris cette décision et on verra ce qui vient après”.

Une mauvaise blague?

Le champion norvégien Aleksander Aamodt Kilde a exprimé ce que sans doute beaucoup de gens pensaient jeudi à l’ORF. “On espère encore qu’il va se retourner et dire que c’était juste une blague! C’est une énorme surprise pour tout le monde. Je ne connais pas ses raisons mais avec ses résultats et tout les succès de sa carrière, ça peut se comprendre.”

Pour Marco Odermatt aussi c’était un choc. “Le choix de Matthias, c’était une très grosse surprise pour moi. Mais c’est sa décision, on doit la respecter.”

Soutien aux jeunes skieurs

Non seulement les prouesses de Matthias Mayer sur les pistes mais aussi son soutien continu aux jeunes skieurs ont suscité des éloges. “C’est un excellent camarade et ami. Quelqu’un qui s’est toujours beaucoup occupé des jeunes skieurs, et qui s’est aussi occupé de moi quand je suis arrivé en Coupe du monde. Il n’avait qu’un an de plus, mais plus d’expérience et il m’a vraiment soutenu,” a noté le double champion du monde Vincent Kriechmayr. “Il m’a beaucoup aidé à arriver là où je suis maintenant,” a ajouté Daniel Hemetsberger, qui a fini 4e à Bormio. “Mais je crois que Matthias est très heureux de sa décision et je suis heureux de l’avoir eu comme coéquipier.”

“Un athlète modèle, qui mène le groupe et était toujours là pour les jeunes sportifs. Ça fait mal de perdre quelqu’un comme lui,” a aussi noté Sepp Brunner, l’entraîneur des messieurs en descente. Il laissera un énorme gouffre dans l’équipe, a ajouté Marko Pfeifer, directeur alpin des hommes.

SSW