Comme le dit si bien Wendy Holdener en allemand: “Der Winter steht vor der Tür”. En effet, l’hiver approche, dans deux semaines et demie, le Cirque blanc plante son chapiteau à Sölden pour les traditionnels géants d’ouverture de la Coupe du monde, pour autant qu’il fasse un peu plus frais d’ici là sur le glacier du Rettenbach. Les skis sont fartés et les athlètes déjà affutés. Ces derniers triment déjà depuis de longs mois pour être prêts à dévaler les pistes de Coupe du monde. Il est l’heure de faire un petit point sur la préparation estivale des skieuses et des skieurs.

Les Classiques dans le viseur de Marco Odermatt

Marco Odermatt sort d’une saison de tous les superlatifs. Le Nidwaldien est devenu champion du monde de descente et de géant, a remporté trois Globes de cristal dont celui du général, et a battu le record de points en une saison. “J’ai pris deux ou trois semaines pour me ressourcer après l’hiver”, sourit le patron du ski mondial qui n’est pas pour autant rassasié. “Je suis toujours autant motivé à gagner, peu importe la course.”

Et pout rester au top, il s’est entraîné assidument sur les neiges d’Ushuaïa et de Zermatt en compagnie de Gino Caviezel et de Justin Murisier, ses deux compères et amis qui seront également alignés tant dans les disciplines de vitesse qu’en géant. “J’ai pu m’entraîner comme je le souhaitais, intensément. Je n’ai pas fait de grand pas en avant, mais je me sens en forme”, explique celui qui a soufflé ses 26 bougies dimanche dernier et qui a notamment un souhait, ou plutôt deux. “Sur la liste, j’aimerais remporter les descentes de Wengen et de Kitzbühel.”

Les slalomeurs romands ont enchaîné les séances en Argentine

“Nous avons eu des conditions exceptionnelles.” De l’avis du staff et des athlètes, le séjour à Ushuaïa fut une totale réussite pour l’équipe de slalom. Ils ont pu bénéficier de 16 jours de ski parfaits, en ayant la possibilité de travailler sur tous les types de neige. Seul Ramon Zenhaüsern s’est un petit peu ménagé, dû à ses pépins physiques d’il y a deux saisons. Reste que le Haut-Valaisan a skié tout de même 13 jours.

Le skieur de Bürchen, 3e de la dernière Coupe du monde de slalom, a un petit objectif derrière la tête: aller chercher seul le record de victoires détenu par un Suisse en slalom. Avec six succès, il partage ce chiffre avec Daniel Yule. Le skieur du val Ferret est également affûté à l’aube du nouvel hiver. Et évidemment la question du Globe de cristal de slalom a été posée sur la table. “Le Globe est la suite logique d’une très belle saison”, assure Daniel Yule, 4e du classement du slalom l’hiver passé. “Je vois cela plus comme un rêve qu’un objectif. Je suis reparti sans Globe la saison dernière mais c’était quand même une très belle saison.”

L’hiver débutera pour les slalomeurs à Obergurgl dans le Tyrol. Une épreuve est au programme le 18 novembre. Pour autant qu’il y ait de la neige dans cette petite station nichée à un peu moins de 2000 mètres d’altitude. Il se murmure que si l’or blanc venait à manquer, ces slaloms pourraient être déplacés à Sölden, qui ne se trouve qu’à quelques encablures de là. Avant cela, les slalomeurs ont pris la direction de Diavolezza dans les Grisons pour poursuivre leur préparation.

Loïc Meillard et la gestion du calendrier

Loïc Meillard est en forme et très affuté selon ses entraîneurs. Le polyvalent skieur a une nouvelle fois mis la compresse durant l’été, logique compte tenu de sa volonté de s’aligner dans les épreuves techniques et en super-G. Toutefois, avec 8 super-G, 11 géants et 13 slaloms au programme, le calendrier du Valaisan est copieux. L’accent sera évidemment mis sur le géant et le slalom.

Le skieur d’Hérémence a déjà annoncé qu’il ne serait pas au départ du super-G de Val Gardena le 15 décembre. “C’est une piste qui n’est pas facile, si on ne fait pas les entraînements de descente. C’est une semaine difficile où les courses vont s’enchaîner”, annonce Loïc Meillard qui aura été engagé à Val d’Isère (géant et slalom) le week-end précédent et qui sera au départ des deux géants d’Alta Badia quelques jours plus tard.

Alexis Monney, Yannick Chabloz et Noémie Kolly de retour en pleine forme

L’été est toujours la saison idéale pour se retaper. C’est le cas pour plusieurs athlètes romands, à commencer par Alexis Monney. La révélation fribourgeoise du dernier hiver avait été victime d’une rupture partielle du ligament interne du genou droit après avoir chuté lors de la descente d’Aspen en fin de saison. “Tout va bien”, rassure le skieur de Châtel-Saint-Denis. “J’ai pu très bien m’entraîner.”

C’est le cas également de Yannick Chabloz. Le Nidwaldo-Vaudois avait pris la décision de ne plus skier en compétition après avoir été victime de plusieurs fractures des vertèbres thoraciques lors du second entraînement de la descente de Bormio. “Je n’ai plus aucune douleur”, sourit-il. Mais après cet incident et également son crash aux Jeux olympiques lorsqu’il s’est fracturé l’avant-bras, Yannick Chabloz avoue être toujours un peu sur la retenue. “J’ai encore de l’appréhension. Mais contrairement à la dernière saison, je ne veux pas me mettre de pression et avancer pas à pas.”

Le dernier hiver de Noémie Kolly avait été tronqué par une hernie discale, intervenue peu de temps avant de s’envoler pour la tournée américaine. Au final, la Fribourgeoise n’aura pris le départ qu’à deux courses de Coupe du monde à Cortina d’Ampezzo, avant de renoncer à poursuivre son hiver en compétition. “Je n’ai plus de douleurs et j’ai réalisé une bonne préparation à Ushuaïa.” La skieuse de la Berra sera en concurrence cet hiver pour l’un ou l’autre rare spot disponible dans le clan helvétique en descente et en super-G. “Il y a des skieuses qui sont certaines d’avoir leur place en Coupe du monde. Ensuite, nous sommes quatre filles pour une place.” La Gruérienne a le regard tourné vers la Coupe d’Europe. “L’objectif sera de terminer dans le top 3 pour aller chercher une place fixe en Coupe du monde le prochain hiver.”

Le rêve devenu réalité de Delphine Darbellay

Elle aussi s’était méchamment blessée l’hiver dernier, victime d’une première grosse commotion cérébrale aux Mondiaux juniors de Sankt Anton, avant d’en subir une seconde quelques semaines plus tard. Cela n’avait pas empêché Delphine Darbellay de revenir très fort en fin de saison pour s’offrir le titre national de géant.

La skieuse d’Orsières a poursuivi sur ce bel élan pour réaliser des résultats probants cet été en remportant notamment le géant des Championnats de Nouvelle-Zélande, en devançant notamment une certaine Alice Robinson sur ses terres. Mais au-delà des performances sur la neige, c’est une expérience incroyable qu’a vécue Delphine Darbellay. “J’ai toujours rêvé d’aller skier dans l’hémisphère sud.” Pendant un mois, elle a travaillé dur, profitant de la présence des skieurs suisses de Coupe d’Europe. “J’ai pu m’entraîner avec le groupe, sans m’occuper de la logistique. J’étais la seule fille, mais j’ai pu beaucoup apprendre durant ce camp. Je me sens bien et surtout en confiance.”

Il ne serait guère étonnant de la retrouver rapidement sur le front de la Coupe du monde, même si sa priorité sera déjà d’abaisser ses dossards en Coupe d’Europe.

Johan Tachet/SSW, de retour de Stettbach