Au début de l’hiver, Marco Odermatt avait deux songes: remporter une première descente et devenir champion du monde. Dimanche, sous le soleil radieux de Courchevel, le Nidwaldien a brillé pour réaliser ses deux rêves. “J’ai eu des émotions que je n’avais eues. Ça semble être le meilleur timing pour une première victoire en descente”, savoure le prodige suisse qui est définitivement rentré dans la légende de son sport. A 25 ans, son armoire à trophées comprend tous les titres majeurs que peut conquérir un skieur avec le grand Globe de cristal, l’or olympique du géant et désormais l’or mondial de la descente.

“Odermatt, c’est le Federer du ski, il arrive à faire des choses que les autres ne font pas. Il y a eu des machines dans le ski mais lui c’est un génie, il n’y en a pas beaucoup, c’est magnifique”, applaudit le vétéran tricolore Johan Clarey. “Federer a réalisé de bien plus belles choses que moi”, sourit timidement le héros du jour lorsque l’on évoque la comparaison avec le Bâlois. Mais il est certain que le champion nidwaldien partage, en plus du talent sportif, l’humilité de l’homme aux 20 Grand Chelems.

Aleksander Aamodt Kilde: “On doit le respect à Marco Odermatt”

Ce succès de prestige à Courchevel, Marco Odermatt la place à la même hauteur que sa première victoire en géant à Adelboden et que l’or olympique remporté en géant à Pékin. “Ce matin, j’ai regardé mon géant des Jeux pour puiser les émotions que j’avais eues. C’était très spécial.”

Comme en Chine il y a douze mois, le skieur de Hergiswil a su se remobiliser cette semaine après avoir terminé au pied du podium lors du super-G dont il était le grand favori. “On lui doit le respect”, reconnaît son rival mais néanmoins ami Aleksander Aamodt Kilde, médaillé d’argent du jour. “Ce que Marco a réussi aujourd’hui est unique. Et il le réalise après sa 4e place en super-G qui était un désastre pour toute la Suisse. C’est la marque des grands champions.»

Marco Odermatt s’envole vers l’or mondial (Alexis Boichard/Zoom)

Le all-in après le super-G

Le fantasque skieur helvétique a alors mis sa frustration de côté ce matin, décidant “de faire all-in” avec l’espoir de réaliser la course parfaite. Dès le départ de la descente, il enchaîne les courbes avec une aisance déconcertante, découpant la piste de l’Éclipse qu’il a fait sienne. “J’avais un bon ressenti sur les skis”, reprend Marco Odermatt. “J’ai senti la vitesse et j’ai su que je devais continuer à pousser jusqu’à la dernière porte. C’était probablement la meilleure descente de ma carrière.”

Sur le “hot seat” où s’assied le leader de la course, “Odi” ne tient pas en place. Il devient même fou au moment où il suit le passage d’Aleksander Aamodt Kilde. “J’ai jamais vécu cela. J’étais pris, tendu. On ne sait jamais ce qu’Aleks (Kilde) est capable de faire car il est le meilleur descendeur du monde. Après son passage, je savais que c’était bon pour moi.”

Le prodige de Hergiswil n’en a pas terminé

C’est libéré de tout un poids que Marco Odermatt va désormais pouvoir se concentrer sur le géant de vendredi. Ses Championnats du monde sont d’ores et déjà réussis. Et le prodige suisse a toujours faim de succès, même après avoir déjà gagné les plus beaux trophées dans sa carrière. “Quand vous gagnez une fois, vous en voulez toujours plus. Je n’en ai pas terminé.”

Johan Tachet/Laurent Morel, Courchevel