A 25 ans, Marco Odermatt est lancé à pleine vitesse pour écrire l’histoire de son sport. Pas à pas, porte après porte, il construit sa légende. « Je crois que cette question est encore trop hâtive », sourit humblement le nouveau champion du monde de géant qui ajoute un titre à sa collection, cinq jours seulement après son premier sacre planétaire en descente. « Je savais que j’avais une possibilité de remporter deux médailles d’or, mais entre l’espérer et le réaliser, il y a un monde. C’est super cool, j’ai vécu deux semaines parfaites. » Le Nidwaldien est uniquement le sixième athlète de l’histoire à réussir le doublé descente-géant à des Championnats du monde, le premier depuis Aksel Lund Svindal en 2007 à Åre.
Mais pour aller chercher cette seconde médaille d’or, l’idole de tout un pays a dû se battre sur un géant dont la première manche se skiait en 1’20, soit 13 secondes de plus que le super-G. « C’était très long, il y avait beaucoup de passages entre ombres et lumière, et les conditions de neige étaient changeantes. C’était très exigeant. » Avec l’expérience et les succès, celui qui est aussi champion olympique de géant parvient facilement à gérer toutes les composantes d’une course de haut niveau. « Je ne suis plus aussi nerveux qu’avant. Je sais simplement que je dois attaquer car les autres gars ne vont pas te laisser de répit. »
Deux potes sur le podium mondial
C’est le cas de Loïc Meillard qui a poussé son coéquipier dans ses derniers retranchements pour au final signer un retentissant doublé, le premier en géant dans l’histoire du ski suisse. « On travaille dur tous les jours, on se pousse à chaque entraînement. Notre entraîneur (ndlr: Helmut Krug) a tracé la piste et on a livré le travail. C’est magique pour la Suisse », se marre « Odi » qui apprécie de partager son bonheur avec son coéquipier. « Même si ma médaille en descente a une dimension plus émotionnelle car j’ai réalisé une incroyable manche, celle de ce géant est également spéciale. Cela fait sept ans que l’on partage notre vie sur le circuit, que l’on voyage ensemble, que l’on joue au tennis ou aux cartes. A la fin, on finit naturellement par devenir potes. »
Et leur rivalité, sur les skis du moins, n’est pas prête de s’estomper. « Loïc fait son chemin, il a montré cette saison comme il était fort et je suis certain que nous livrerons encore de belles batailles. »
Johan Tachet & Alice Dumas, Courchevel