Après le choc, place déjà à l’acceptation et aux projets d’avenir. Samedi, Killian Peier s’est déchiré le ligament croisé antérieur du genou droit lors d’une chute à l’atterrissage d’un saut lors des Championnats de Suisse. Verdict implacable: opération nécessaire et fin de saison avant même que celle-ci ait débuté. Gros coup dur donc pour le médaillé de bronze sur le grand tremplin lors des derniers Championnats du monde. Mais le meilleur sauteur helvétique ne veut pas se laisser abattre et compte bien rebondir. Alors qu’il va se faire opérer entre ce lundi et mercredi à la clinique universitaire Balgrist à Zurich, selon les disponibilités – les hôpitaux étant passablement débordés en ce moment -, le sauteur de la Vallée de Joux tente de garder le moral. Interview.

Killian Peier, tout d’abord, comment vous sentez-vous?

Ça va, la douleur physique est supportable grâce aux médicaments et surtout à une bonne dose de chocolat! Bien sûr, il y a de la frustration, mais en tant que sportif, on sait que cela peut arriver, même si on espère évidemment que ça ne soit pas le cas.

Racontez-nous votre chute.

C’était lors du premier saut du concours. J’ai effectué un très très bon saut, et j’étais donc assez “haut”, ce qui fait qu’il y avait plus de force lors de l’atterrissage. Evidemment, j’ai voulu poser le télémark car je suis un compétiteur et je voulais réussir le meilleur score possible. Malheureusement, en touchant le sol, mon genou a lâché.

Ce bon saut, c’est l’explication de votre blessure, selon vous?

J’étais un petit peu plus haut qu’aux sauts d’entraînement, c’est sûr. D’ailleurs, cette performance reflète assez bien mes excellents sauts de ces dernières semaines. En voulant être le meilleur, mon genou n’a pas tenu le choc. Mais je n’ai aucun regret, car j’ai fait le travail. Ça fait partie des risques du saut, même si je rappelle qu’il ne s’agit pas d’un sport extrême, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Ce n’est pas un sport dangereux. On évolue d’abord sur des petits tremplins avant d’augmenter la taille au fur et à mesure de notre apprentissage. Et il y a très peu de blessure, contrairement à d’autres sports.

Avez-vous tout de suite compris?

J’ai senti un “clac” et j’ai rapidement imaginé le pire, en effet.

Que ressentez-vous en ce moment?

Il y a de la frustration car je me réjouissais vraiment de sauter cet hiver. Je me sentais vraiment très bien à l’entraînement et il me hâtait de me comparer aux autres. J’avais toutes les cartes en main pour réussir de belles choses.

Pensez-vous que le fait d’avoir sauté en mode “été”, sur un tremplin synthétique, puisse expliquer cette blessure?

Non, je ne pense pas. Ce genre de situation peut arriver été comme hiver. Dans la neige, il peut y avoir des petites bosses, ce n’est pas forcément mieux.

La bonne nouvelle s’il y en a une, c’est que ce n’est peut-être pas la pire saison à manquer, avec les bouleversements dus au Covid.

C’est exact, en effet. Et même au-delà de ça, Covid ou pas, je préfère manquer cette saison, malgré les deux Mondiaux (ndlr: vol à ski et ski nordique) plutôt que la suivante avec les Jeux olympiques, qui restent mon objectif prioritaire (Killian Peier n’y a jamais pris part). Je garde mon destin en mains.

Médecin de Swiss Ski, Walter O. Frey a annoncé que votre rééducation devrait durer entre 6 et 9 mois. Une nouvelle épreuve se dresse donc face à vous?

Six mois, c’est très très optimiste. Je crois qu’il faut rester réaliste et je compte plutôt 10 mois. J’espère être en pleine forme dans un an, pour le début de la prochain saison hivernale. Mais je vais prendre mon temps, je ne veux pas forcer. Le principal sera de retrouver la confiance en mon corps.

Laurent Morel