Le moins que l’on puisse dire, c’est que Yann Rausis a fait le show ce lundi de Pâques sur le Bec des Rosses. Rapide et fluide lors de sa descente à domicile, le rider de Verbier a fait un détour par la zone réservée aux spectateurs avant de rejoindre l’arrivée. De plus, il a ouvert une nouvelle ligne lors de cette édition de l’Xtreme, sans toutefois pouvoir monter sur le podium. Il a pris le 5e rang d’une compétition très homogène, à moins de 4 points du gagnant Mickaël Bimboes. Entretien.

Yann Rausis, que pensez-vous de votre résultat aujourd’hui?

Je fais abstraction du résultat. Je ne regrette rien car j’ai fait ce que je voulais faire. Je savais que c’était quitte ou double. Si je posais mon run idéal, c’était une ligne gagnante. Mon classement ne signifie pas beaucoup, surtout dans la mesure où j’ai fait du mieux que j’ai pu. Je suis content avec ça.

Avez-vous pris du plaisir?

Oui, sur le haut. Ensuite, j’ai eu un petit peu peur. Cependant, quand j’ai vu que j’avais pris le bon angle, j’ai à nouveau pris du plaisir. Sur la fin, il y a eu quelques secondes en survie mais je savais que je pouvais me le permettre.

Vous êtes ensuite passé juste devant le public. C’était prévu?

Non, ce n’était pas volontaire. J’ai suivi la première arche que j’ai vue. Je n’ai pas trop réfléchi. Il y avait des gens et je me suis dit, allez, hop. J’ai traîné un peu avant de rejoindre la vraie arrivée.

Vous avez sauté une barre rocheuse énorme. Qu’est ce que ça vous inspire?

Le seul à l’avoir fait auparavant est éventuellement Xavier De Le Rue, il faudrait contrôler. Mais si ce n’est pas le cas, je pourrais peut-être avoir une barre à mon nom, ce serait cool (sourire). Ce n’était pas l’objectif à la base. C’est une barre qui ne peut pas souvent se tenter mais là, avec la neige présente en quantité, c’était possible alors j’ai tenté ma chance.

Comment avez-vous vécu les dernières heures avant la compétition?

Je dois avouer que j’ai mal dormi, surtout en pensant à cette barre. Ce matin, j’avais décidé de ne pas la faire. Puis en arrivant en haut, j’ai vu que l’angle allait très bien, que c’était possible. Il fallait simplement de la vitesse. C’était plus sûr de prendre plus de vitesse afin de sauter plus loin. Le souci, c’est qu’il y avait également plus de hauteur à amortir à l’atterrissage.

Du coup, votre ligne était-elle trop difficile?

Elle était compliquée mais restait dans mes cordes. J’aurais pu réussir.

Que s’est-il passé concrètement?

J’ai posé le dos à l’atterrissage. Ca m’a coûté au moins une dizaine de points, je pense.

Vous auriez pu donc prétendre à la victoire?

Si j’avais réussi à me poser, à tourner à gauche, à faire mon backflip et à sauter la dernière barre, je pense que ça pouvait le faire, oui. Mais j’allais trop vite pour prendre le saut que j’avais imaginé pour le backflip.

Vous n’avez pas forcément bénéficié d’une visibilité optimale. A quel point cela vous a pénalisé?

Je voyais suffisamment pour maîtriser ma descente. Ca ne m’a pas vraiment pénalisé même si ce n’était pas idéal. On aime mieux skier sous le soleil.

Comment avez-vous trouvé la neige sur le Bec des Rosses aujourd’hui?

C’était assez variable. Les conditions étaient très bonnes sur le sommet. Par contre, la neige était très dure et travaillée par le vent sur les arrêtes. Et travailler par le vent sur le haut.

Comment avez-vous géré l’attente hier (dimanche)?

Ce n’était pas évident mais on est habitués. J’ai attendu 2 heures mais ensuite je n’en pouvais plus et je suis parti skier. Du coup, j’ai passé une bonne journée, c’était un bon calcul.

Quel bilan tirez-vous de votre hiver?

Je me teste passablement dans les compétitions, j’essaie de voir ce qui est possible, ce que j’arrive à faire. En me comparant aux autres, mais sans faire en fonction d’eux. Et je trouve gentiment un style de ski qui me correspond tout en prenant du plaisir. Même si les résultats ne sont pas forcément à la hauteur de ce que j’espérais, j’évolue et je gagne en expérience. C’est un hiver positif.

C’est la première fois que vous partez du sommet du Bec des Rosses pour l’Xtreme. Qu’en retenez-vous?

C’est une bonne étape, un passage obligé pour un freerideur en compétition.

Quelle est la suite de votre programme?

J’aimerais bien filmer un peu, faire un peu de freestyle et aussi rider avec des potes que je n’ai pas trop vu cet hiver.

Cette saison, vous avez en effet été passablement « bloqué » par les reports sur le Freeride World Tour.

Oui, c’est vrai. Il y a eu une bonne période d’attente au Japon, puis à nouveau à Kicking Horse. Cela fait partie du sport, mais ça nous empêche de choisir où on va rider. Parfois, on aimerait mieux être ailleurs ou à la maison. Mais bon, comme je skie pratiquement tous les jours, ça fait du bien d’avoir des jours plus tranquilles.

Laurent Morel, Verbier