Dans les livres d’histoire du ski alpin, Daniel Yule a inscrit son nom en lettres majuscules. L’exploit est aussi fou qu’impensable: remporter un slalom de Coupe du monde après avoir terminé 30e de la première manche. Jamais cela n’avait d’ailleurs été réalisé. “Je crois que ce record va être difficile à battre”, se marre le Valaisan qui savoure son septième succès dans l’élite. “Franchement, c’est juste incroyable.”

Le sourire du skieur du val Ferret tranche littéralement avec sa moue trois heures plus tôt. Auteur d’une grosse faute sur le premier tracé, Daniel Yule est passé à un cheveu ou un bout de spatule de l’élimination. Il s’est qualifié pour seulement 0″05 vis-à-vis du Suédois Fabian Ax Swartz. “J’étais furax après cette manche. Je ne pensais pas que cela allait passer. J’ai eu un peu de chance”, avoue le skieur valaisan qui a tiré le positif de son “malheur”. “J’y ai vu une opportunité d’en profiter. Il y avait un coup à jouer. C’est dans mon caractère de ne jamais rien lâcher.”

Un doublé dédié aux entraîneurs

En s’élançant en premier sur le deuxième parcours, il a bénéficié d’une piste en parfait état, avant que celle-ci se creuse et se détériore au fur et à mesure des passages. “J’ai réalisé l’une des plus belles manches de ma carrière”, clame Daniel Yule qui en a pourtant vu et skier d’autres du haut de ses 116 départs en Coupe du monde. “Mais jamais je n’aurais pensé que cela suffirait pour la victoire. Tout juste, je me suis dit que je pourrais revenir dans le top 10.” Et pourtant, tour à tour, l’ensemble des slalomeurs se sont cassé les dents sur le chrono supersonique du Valaisan, qui peinait à réaliser l’exploit qu’il était en train de réussir sur son siège rouge de leader. “Les types qui partent derrière, ce sont les meilleurs de la planète. C’est fou. Au final, c’est la victoire la plus inattendue de ma carrière.”

Daniel Yule a réalisé une deuxième manche de feu pour réaliser une folle remontée. (Alma Gudzevic/SkiActu)

Un succès, partagé avec Loïc Meillard pour un incroyable doublé valaisan, que le skieur de la Fouly a tenu à dédier à ses entraîneurs: Matteo Joris, Thierry Meynet et Julien Vuignier. “On nous a pas loupés en début de saison car nous ne montions pas sur le podium. Aujourd’hui, ce résultat, c’est le fruit du travail. Il est pour les coaches et c’est plus que mérité. On a une chance exceptionnelle car ils ne comptent pas leurs heures et travaillent comme des dingues.”

La revanche de 2020

Cette victoire est également une petite revanche sur “la journée noire” qu’il a vécue ici même, sur cette Verte des Houches, il y a quatre ans, lorsqu’il menait après la première manche avant de partir à la faute sur la seconde. Une élimination qui lui avait coûté le Globe de cristal. “La roue tourne. Clément (Noël) avait gagné, cette fois-ci, c’est l’inverse. C’est la preuve qu’il ne faut jamais rien lâcher”, poursuit Daniel Yule qui continue qui étoffe toujours plus son palmarès de meilleur slalomeur suisse de l’histoire. “Ce sont des beaux moments. Mais ce sont des choses auxquelles je ne pense pas trop actuellement. Je me focalise sur les émotions, j’essaie de savourer. Les records, on les regardera lorsque l’on rangera les planches.” Le plus tard possible, car Daniel Yule n’a pas terminé d’écrire l’histoire du ski suisse et mondial.

Johan Tachet/LMO, Chamonix