La fin de son dernier hiver en tant que président de la FIS a été chargée pour Gian Franco Kasper. Ce ne sont pas les épreuves qui se sont enchaînées, mais bien les annulations, causées par la pandémie de COVID-19. Le Grison vit donc une ultime partie de mandat – prolongé d’ailleurs de quelques mois -, pour le moins animée.

Si plusieurs compétitions ont dû être biffées en 2019/2020, la fédération internationale espère pouvoir suivre le calendrier initial pour la saison à venir. Cependant, divers scénarios sont à l’étude, concernant notamment les Championnats du monde de Cortina d’Ampezzo. Alors qu’il doit gérer cet ultime challenge, Gian Franco Kasper a accepté de faire le point sur la situation pour SkiActu.

Gian Franco Kasper, comment voyez-vous le futur?

La première chose à dire, c’est qu’il est compliqué de savoir ce qu’il va se passer. Il va évidemment falloir être patient pour connaître la suite des événements. Pour l’instant, nous restons focalisés sur le plan A pour ce qui est de la Coupe du monde. Cependant, nous étudions également la mise en place d’un plan B, et d’autres scénarios. Il y a du travail. La seule chose qui est actuellement certaine, c’est que le calendrier de l’hémisphère sud va être touché. Il y aura des problèmes et des annulations, notamment en Amérique du Sud. Mais il n’y a pas de Coupe du monde au programme alors ce n’est pas trop grave. Je suis également sceptique quant à la tenue d’épreuves en Australie et en Nouvelle-Zélande cet été.

Qu’en est-il des Championnats du monde de Cortina d’Ampezzo?

Les Italiens nous ont demandé d’éventuellement changer de date, de repousser la compétition à 2022. On en discutera. Tout est possible, mais ce n’est pas ce que l’on cherche. Cette solution n’est idéale ni pour nous, ni pour les athlètes, qui devraient enchaîner Jeux olympiques et Mondiaux. Nous allons devoir calculer les conséquences d’un tel changement, qui est théoriquement possible.

Peut-on imaginer une annulation pure et simple ou un transfert dans une autre station?

Quoiqu’il arrive, ce n’est pas nous qui déciderons d’annuler. Et si nous choisissons de maintenir les Championnats du monde en 2021, les options dépendront alors de la réaction des Italiens. Nous avons également évoqué l’idée de repousser ces Mondiaux à 2024, qui est une année normalement sans grand événement. On doit se réunir en visioconférence le 1er juillet pour prendre une décision définitive. Mais celle-ci peut tomber avant, selon notamment ce que décident les Italiens.

Comment planifiez-vous la saison de Coupe du monde à venir?

Pour l’instant, nous restons entièrement derrière le calendrier initial. Le plan A reste notre priorité. Mais il pourrait y avoir du changement, notamment à cause de mesures sanitaires décrétées par les autorités, et on sera attentifs. Il existe des plans B, C, et jusqu’à Z!

Envisagez-vous l’option d’effectuer plus de “blocs” de courses dans certaines zones?

Oui, c’est une possibilité mais ce n’est pas toujours simple à mettre en place, et ça coûte souvent très cher car il faut pouvoir convaincre les stations. Quoiqu’il en soit, il ne s’agit que de spéculations et il va falloir attendre avant de prendre d’éventuelles mesures. Tout est possible, on reste plutôt optimistes, mais prêts à faire des ajustements.

Qu’en est-il de l’élection de la ville-hôte des Championnats du monde 2025, qui devait avoir lieu en mai?

Il n’y a aucun souci à ce niveau-là. En principe, on devrait pouvoir effectuer le vote au début du mois d’octobre. Les trois dossiers (ndlr: Crans-Montana, Saalbach et Garmisch-Partenkirchen) sont bons et je suis convaincu que ça se passera bien quoiqu’il arrive.

On parle beaucoup de Saalbach comme favori. Avez-vous une préférence?

Je ne crois pas qu’on peut parler de favori, surtout au vu des circonstances. Pour ma part, je n’ai pas forcément de préférence, surtout que les trois candidats sont très bons et ont suffisamment d’expérience pour accueillir un tel événement.

Lors des dernières réunions en visioconférence de la FIS, vous avez également quelque peu modifié le règlement des courses parallèles en ski alpin.

Oui, en effet, on a facilité les règles. Désormais, tous les duels se dérouleront en deux manches. Ce n’est pas idéal pour les télévisions car les épreuves dureront 10 à 15 minutes de plus, mais c’était une adaptation nécessaire.

Et qu’en est-il du danger de ces épreuves, relevé par certains athlètes l’hiver dernier?

Je ne crois pas qu’on peut dire que ces courses sont dangereuses. Mais il est vrai qu’à part en indoor, il est impossible de faire deux parcours totalement équitables. C’est pour cela qu’on a décidé de faire disputer deux manches à chaque tour.

Parmi les annulations lors de l’hiver écoulé, on retient notamment celle des épreuves pré-olympiques à Yanqing. Cette situation pose-t-elle un problème dans la perspective des Jeux olympique de Pékin en 2022?

Non, je ne suis pas inquiet. On avait déjà connu une situation similaire avant les Jeux olympiques de Salt Lake City (ndlr: les pré-olympiques avaient été annulées à cause de fortes chutes de neige). On va faire d’autres compétition, de type Coupe d’Europe. On aurait évidemment préféré pouvoir disputer des courses de Coupe du monde, mais ce n’est pas grave. Par ailleurs, n’oubliez pas que s’il y a des changements cet hiver, et notamment pas de Championnats du monde à Cortina, tout est possible. Cela nous laisserait une créneau pour aller en Chine.

Comment se passent les préparatifs pour les Jeux olympiques de Pékin?

Tout va pour le mieux jusqu’à maintenant. Les organisateurs étaient très présents, en nombre, sur toutes les épreuves l’hiver dernier. Les gens de la FIS se sont également souvent rendu en Chine, sauf lors des trois derniers mois. Pour ma part, j’y suis allé pour la dernière fois en décembre ou en janvier. On connaît les Chinois, on sait qu’ils travaillent bien. Si ça ne marche pas là-bas, je ne comprends plus rien.

Votre mandat de président devait s’arrêter en mai mais il est prolongé par la force des choses. Comment se passe la course à votre succession?

Le problème, c’est qu’il est impossible d’élire un nouveau président sans faire de congrès physique. Il faut que les votes puissent se faire en personne et non de manière électronique. Normalement, l’élection devrait avoir lieu lors du prochain congrès à Zurich, le 4 octobre. On ne connaît pas encore tous les candidats car ils ont jusqu’à 30 jours avant l’élection pour se présenter. Deux candidats se sont déjà annoncés (ndlr: Johan Eliasch et Urs Lehmann) et je crois savoir qu’une autre Suédois (Mats Årjes) va également se lancer.

Allez-vous soutenir l’un des candidats?

Ce n’est pas le but et je ne souhaite pas mélanger mes casquettes, sauf si j’ai vraiment besoin de le faire. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas peur pour la suite car les trois candidats cités sont tous très bons.

Laurent Morel