Crans-Montana doit s’armer de patience. Alors que l’élection de la station organisatrice des Championnats du monde 2025, pour laquelle la station du Haut-Plateau est candidate, a été repoussée du 20 mai au 3 octobre prochain à Zurich, les protagonistes de la candidature valaisanne préfèrent voir ce report d’un point de vue positif pour encore peaufiner leur présentation. Marius Robyr, directeur exécutif de la candidature Crans-Montana/Valais 2025, aborde cette nouvelle échéance avec optimisme et évoque également ses prochains défis: entre remodelage de piste, éventuelles courses de Coupe du monde à huis clos, reprise de compétitions masculines et Tour de France.

Le congrès de la FIS devant désigner la station organisatrice pour les Championnats du monde de ski alpin 2025 a été repoussé. Pouvez-vous donc profiter de ce report pour encore améliorer le dossier?

Non, pas le dossier car il était prêt, mais nous pouvons encore améliorer notre présentation. Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’on a 17 personnes à qui nous présentons notre candidature durant dix minutes. Pendant ce laps de temps, nous devons les convaincre, en leur présentant les points forts de Crans-Montana, ce qui est fondamental, ce qui va donner envie à ceux qui votent de venir à Crans-Montana.

Ce report est-il un problème?

Au contraire, cela est plus intéressant. En Thaïlande (ndlr: où était prévu le congrès en mai), Madame la conseillère fédérale Viola Amherd ne serait pas venue. A Zurich, en octobre, elle devrait être présente pour appuyer notre candidature. Nous comptons également sur quelques personnalités d’importance mondiale. Nous pourrions peut-être avoir un grand tennisman… En Thaïlande nous n’aurions pas pu l’avoir. Ce qui est moins intéressant, c’est de se demander qui va être retenu.

La FIS a validé son calendrier pour la saison 2020/2021, laissant suggérer que, selon l’évolution de la pandémie du COVID-19, des courses pourraient se dérouler à huis clos. Même dans cette configuration, Crans-Montana mettrait sur pied ses courses de Coupe du monde féminine?

Nous avons dû faire un raisonnement lorsque l’on nous a demandé d’organiser éventuellement des courses à huis clos, de nous déterminer, et évaluer la situation financière et organisationnelle. Pour ce dernier point, ce n’est pas un problème. D’un point de vue financier, nous devons nous mettre au tour de la table avec Swiss Ski, voir si les sponsors répondent normalement. Troisième élément qui nous fait dire que l’on doit jouer le jeu, c’est que si aucun organisateur du circuit ne met sur pied des compétitions, les athlètes restent à la maison et ne font plus rien. Il y a une pensée pour les athlètes. C’est clair que ce ne serait toutefois pas une bonne solution de faire des courses à huis clos.

Et dans le cas où des stations étrangères ne seraient en mesure d’organiser leurs compétitions, Crans-Montana serait enclin à les reprendre?

Effectivement, car nous sommes l’une des stations privilégiées pour remplacer d’autres stations comme aux Etats-Unis ou au Canada. On a toujours dit à la FIS que l’on était prêt. Ce d’autant plus, on doit être à même de le réaliser, car nous sommes candidats pour les Championnats du monde.

L’été est propice à des aménagements, que va-t-il être entrepris ces prochains mois sur les pistes de Crans-Montana?

Deux éléments importants. Le premier concerne la décision prise par la commune de Crans-Montana de remettre en état tout ce qui gravite autour du l’hôtel Cisalpin qui est en phase de démolition. Le Cisalpin fait partie du concept de la nouvelle aire d’arrivée. En ce qui concerne le second élément, nous sommes en train de peaufiner le dossier de la mise à l’enquête publique de la piste Bella-Lui – Nationale avec enneigement mécanique et remodelage sur la partie supérieure. Bien entendu, nous sommes également en train de revoir sur la Nationale que toutes les mesures de sécurité sont en place. Car nous devons être prêts et pas uniquement sur le papier si la FIS nous demande de reprendre une course masculine. Mon objectif est de dire que l’année prochaine, nous soyons prêts au niveau de nos pistes pour recevoir les Championnats du monde.

Wengen, qui connaît des problèmes de trésorerie, et Swiss Ski sont en litige concernant la répartition des revenus des courses du Lauberhorn. Comment analysez-vous la situation?

Je la trouve regrettable, car cela donne une mauvaise image au ski en général mais aussi à la Suisse. Je ne connais pas bien les tenants et aboutissants des problèmes, même si je sais qu’ils sont en litige depuis trois ou quatre ans pour des problèmes financiers. Je préférerais qu’ils règlent cela autour d’une table plutôt que dans les médias. Après il est clair que si Swiss Ski venait à donner davantage d’argent à Wengen, ce qui serait une bonne chose, je ne verrais pas pourquoi il n’en donnerait pas plus à Crans-Montana. Il sera nécessaire que l’on ait aussi une discussion avec Swiss Ski, une discussion franche, calme, autour d’une table, et sans problème.

Zermatt a fait part de son intérêt d‘organiser la plus longue descente de la Coupe du monde? Comment jugez-vous le projet?

Je trouve l’idée géniale de partir à plus de 3000 mètres et de passer sur les glaciers en traversant la frontière entre la Suisse et l’Italie. Après, je ne crois pas que c’est réalisable avec des crevasses qui ne trouvent pas loin des pistes, sans compter la longueur de la course … Je ne sais pas si c’est un coup marketing, mais si c’est le cas, c’est génial. Il est clair que si la course pouvait se dérouler ce serait un plus pour le ski alpin.

On parle beaucoup de ski alpin à Crans-Montana, mais la station aimerait également recevoir une arrivée du Tour de France. Avez-vous reçu des garanties à ce sujet?

Comme toujours, Christian Prudhomme (ndlr: le patron du Tour de France) est au fait que nous sommes toujours candidats pour recevoir une arrivée du Tour de France. Nous suivons tout cela de très près. Avec les organisateurs, nous ne savons toutefois rien jusqu’à la dernière minute. Et je suis convaincu que nous aurons une arrivée du Tour de France d’ici quelques années, comme je suis convaincu que nous aurons les Championnats du monde de ski soit en 2025 ou en 2027.

Johan Tachet, Crans-Montana