Si aucune course n’a pu avoir lieu ce week-end à Saint-Moritz à cause de l’épais manteau neigeux venu recouvrir l’Engadine, Swiss-Ski n’est pas resté sans agir dans l’ombre. Car dans une saison complètement chamboulée par la pandémie de Covid-19, la Suisse est le pays qui s’en sort probablement le mieux en terme d’organisation, puisqu’aucune épreuve de Coupe du monde n’a dû être retirée du calendrier jusqu’ici pour des raisons sanitaires. « C’est une fierté de voir que rien n’est annulé en Suisse, se réjouit Urs Lehmann, satisfait des décisions politiques de ces dernières semaines. Je le dis et le répète en interne, mais qui d’autre que nous a de si bonnes structures pour tout organiser? Nous sommes les seuls. C’est le résultat de tous les efforts des dernières années, c’est magnifique. » Le président de Swiss-Ski voit d’ailleurs l’avenir avec optimisme.
Samedi, il a profité de sa présence dans le cadre de la Coupe du monde de ski alpin pour rencontrer le comité de candidature aux Championnats du monde de ski freestyle et de snowboard 2025. Et pas seulement pour évoquer l’événement qui pourrait avoir lieu dans quatre ans. Avec l’annulation des épreuves pré-olympiques en Chine, les Mondiaux de Zhangjiakou se retrouvent orphelins de site de compétition dès cet hiver. La FIS cherche activement des stations prêtes à reprendre tout ou partie du programme, même si le coût d’une telle organisation refroidi certaines ardeurs.
En attendant 2025
« On aimerait récupérer des épreuves de Chine, c’est une option, s’exclame sans hésiter le patron de Swiss-Ski, confiant. On ne veut pas trop s’avancer mais on pense à une partie des compétitions des Mondiaux, même si ce n’est pas simple. » Si l’ensemble de l’événement semble trop important à mettre en place en quelques semaines, organiser une partie des épreuves à huis clos sur des sites accueillant déjà des étapes de Coupe du monde semble réaliste. Au sein des très performantes équipes de Suisse de ski freestyle et de snowboard, on espère avoir l’occasion de disputer un maximum de compétitions dans le pays et que ces Mondiaux soient le moins éclatés possible. Retrouver Fanny Smith, Mathilde Gremaud, Sarah Höfflin, Andri Ragettli et Pat Burgener se battre pour des médailles en territoire helvétique cet hiver ne tient pas de l’illusoire.
Les Grisons sont les mieux placés pour recevoir différentes épreuves, lorsque l’on sait que Silvaplana/Corvatsch accueille chaque années les finales de Coupe du monde de slopestyle et possède un park dont la réputation n’est plus à faire, qu’Arosa est le théâtre de courses de skicross de haut vol, que le Laax Open est l’un des principaux événements de snowboard de l’hiver (halfpipe et slopestyle) et que Scuol a sa Coupe du monde de snowboard alpin. Le tout avec maintes possibilités de regroupement. Seules les épreuves de ski acrobatique et de bosses n’ont pas de site de référence dans le canton. Prendre en charge certaines compétitions du grand rendez-vous de l’hiver permettrait d’engranger de l’expérience en vue des Championnats du monde 2025, qui se dérouleront dans un format plus conventionnel, avec du public.
Car l’objectif final est bien 2025. La FIS pousse pour que l’Engadine reprenne l’organisation des Championnats du monde, qui avaient été attribués à Krasnoyarsk, seul candidat à avoir répondu à toutes les exigences à temps. Mais ça, c’était avant que le CIO interdise à la Russie l’organisation de grands événements, à la suite des scandales de dopage. La candidature de la région de Saint-Moritz, un temps abandonnée, est donc revenue sur le devant de la scène et Swiss-Ski verrait d’un bon oeil d’avoir les Mondiaux de biathlon (à Lenzerheide) et ceux de ski freestyle et de snowboard dans les Grisons la même année, deux ans avant éventuellement de recevoir les meilleurs skieurs alpins de la planète à Crans-Montana.
Le ski alpin pas en reste
Crans-Montana, justement, pourrait reprendre également une course de Coupe du monde dès cet hiver. C’est du moins une option envisagée par Urs Lehmann et son équipe. « On est forts et on travaille ensemble, se félicite l’Argovien, par ailleurs candidat à la présidence de la FIS. On a cette force et cette structure qui fait que s’il se passe quelque chose dans le monde, on réagit immédiatement, dans les 6 ou 12 heures. J’ai déjà eu Marius Robyr (ndlr: président des courses de Crans-Montana) au téléphone, on discute. » Le Haut-Plateau pourrait récupérer un super-G tandis qu’il existerait pour Saint-Moritz la possibilité de reprendre les dates des courses biffées du calendrier à Yanqing (CHN), afin de compenser l’annulation de ses courses ce week-end à cause des fortes chutes de neige.
Enfin, il existe encore la possibilité d’organiser des épreuves supplémentaires en ski de fond. « On a Davos et le Val Müstair au calendrier. S’il y a quelque chose qui se présente, nous sommes prêts. On l’a dit à la FIS, affirme Urs Lehmann. Mais si les pays scandinaves continuent à se comporter comme ils le font (ndlr: la Norvège, la Suède et la Finlande ont refusé d’envoyer leurs athlètes à Davos et à Dresde à cause du risque sanitaire), ça va être très compliqué pour ces sports. Je ne comprends pas et j’espère qu’on va rapidement revenir vers une normalité. »
A noter encore que Saint-Moritz va également reprendre les finales de Coupe du monde de luge, annulées en Chine. La station huppée n’avait plus accueilli l’élite de la luge depuis 9 ans.
Laurent Morel/JT, de retour de Saint-Moritz