En théâtre, on dit que si la répétition générale est ratée, la première sera un succès. C’est de bon augure pour les Championnats du monde de Saalbach l’an prochain, après une semaine de finales de Coupe du monde où la pluie et les températures printanières se sont alliées pour créer des conditions peu idéales pour des courses de ski. La piste des épreuves de vitesse a dû être déviée. Un entraînement a été annulé. Des tonnes de sel ont été déversées sur la pente. Et une grande question a dominé pendant presque toute la durée: “Est-ce que la course va avoir lieu?” Puis, le temps s’est inversé, la neige est arrivée et a forcé l’annulation de la dernière course, la descente masculine.

Saalbach-Hinterglemm est néanmoins prêt à accueillir les Mondiaux pour la deuxième fois après 1991, du 4 au 16 février 2025. “Sur la montagne, tout est prêt”, assure Bartl Gensbichler, chef du comité d’organisation. Des projets d’infrastructure seront complétés dans les mois qui viennent, comme un projet pour embellir le centre du village et une voie d’urgence entre Saalbach et Hinterglemm. L’aire d’arrivée des courses a été aménagée, quoique le stade actuel sera agrandi pour les Championnats du monde. Le centre de presse est déjà sur pied, encore à moitié vide mais prêt pour les hordes médiatiques qui arriveront dans un an.

C’est un système bien rôdé, l’Autriche organisant 6 à 10 épreuves de Coupe du monde de ski alpin chaque saison, en plus de grosses étapes de saut à ski ou de biathlon. Depuis 1991, elle a accueilli des Championnats du monde à Sankt-Anton en 2001 et à Schladming en 2013. Saalbach a aussi organisé des courses de Coupe du monde, reprenant même au pied levé des épreuves annulées, la preuve que la station a une structure en place qui fonctionne.

La pluie et le beau temps

La météo est toutefois quelque chose que même les organisateurs autrichiens ne peuvent pas contrôler. Celle-ci s’est déchaînée pendant toute la semaine sur la station: des températures douces et de la grosse pluie ont d’abord créé un triste paysage brun-vert qui n’a que plus fait ressortir les pistes de ces finales de Coupe du monde, éclatantes de blancheur. Puis le thermomètre a chuté, tout s’est couvert d’or blanc et un vent fort s’est mis à souffler, rendant impossible la tenue d’une ultime descente des messieurs. En l’espace de quelques heures samedi, on est passé d’un temps radieux à de la pluie et enfin de la neige.

“La météo a été un vrai challenge pendant ces finales”, avoue Bartl Gensbichler. “Mais les Championnats du monde, l’année prochaine, seront en février. En principe, nous aurons des conditions de neige et des températures normales. En tout cas, je l’espère!” À Saalbach en 1991, l’or blanc manquait aussi, rappelle celui qui était alors directeur de course chez les messieurs. “Et à l’époque, nous n’avions pas de canons à neige. On a juste fait avec le peu de neige qu’on avait.” Toutes les courses ont tout de même pu être disputées.

S’il fait beau, ce n’est pas un bon test

Pour Markus Waldner, directeur de la Coupe du monde masculine, le mauvais temps a été bénéfique lors de cette répétition générale. “S’il fait beau, ce n’est pas un bon test”, a-t-il affirmé. “C’est mieux d’avoir des conditions compliquées. S’il y a du soleil et que tout va bien, on ne peut pas tester toutes les personnes en piste, les travaux avec les machines et ainsi de suite. Ici, en février, il peut beaucoup neiger. Alors il faut vraiment avoir un plan pour que ça marche.”

Malgré les obstacles, les organisateurs ont prouvé ces dernières semaines qu’ils savaient ce qu’ils faisaient. “Sur la piste, au niveau des courses et de la partie technique, je pense qu’ils ont montré qu’ils sont une forte équipe.” Entraîneurs et athlètes étaient d’ailleurs élogieux au sujet de la piste et du travail accompli par les préparateurs. Même avec un temps maussade et une neige fondant presque à vue d’oeil, “nous avons fait un test productif”, a estimé l’Italien.

Accès, parking et des arrivées à ski

Il reste des détails à peaufiner. Une solution pour les parkings et les zones de dépose-minute doit encore être trouvée, vu le manque de place à Saalbach-Hinterglemm. Au cas où certains ne le sauraient pas encore, alors qu’on parle de Saalbach 2025 pour ces Mondiaux, toutes les courses se dérouleront en fait à Hinterglemm, 5 kilomètres plus loin.

De quoi créer la confusion lorsque les gens réserveront leur hôtel. Des bus réguliers achemineront les spectateurs d’un bout à l’autre de la vallée du Glemmtal, qui n’est pas desservie par le train. Idée originale: les fans seront aussi encouragés à venir à ski, le domaine skiable reliant Saalbach-Hinterglemm à d’autres vallées. Entre 20’000 et 30’000 spectateurs pourraient ainsi s’ajouter au 15’000 prévus dans le stade d’arrivée, selon Bartl Gensbichler. Il n’empêche que la station est quand même plus difficile d’accès que d’autres comme Kitzbühel, Schladming ou même Flachau. Tout est en longueur plutôt que centralisé.

Un bon bilan pour 2024

Chez les organisateurs, on prend le positif de ces finales et on se réjouit déjà de 2025. Le bilan du premier week-end a été “sensationnel”, se félicite Bartl Gensbichler. “Nous avons réussi à surmonter tous les problèmes et au final, nous avons eu deux très belles journées avec une superbe ambiance et 12’000 spectateurs par jour.”

Les finales de vitesse ont terminé sur une triste note mais les trois courses qui ont pu être disputées, les deux super-G et la descente des dames, ont offert un véritable spectacle, riche en émotions. Reste à savoir si les dieux de la météo rendront-ils la tâche un peu plus facile aux organisateurs l’année prochaine.

Sim Sim Wissgott, Saalbach-Hinterglemm