Lara Gut-Behrami n’a remporté “que” trois Globes cette saison. Pas de quoi se morfondre pour la Tessinoise qui a vécu une fin d’hiver émotionnelle avec le départ d’une personne de confiance, mais qui termine au top avec une des meilleures saisons de sa carrière.

L’improbable s’est passé, Lara Gut-Behrami n’a pas décroché un 4e Globe samedi à Saalbach, lors de la dernière descente féminine de l’hiver. Mais ce serait bizarre de se focaliser sur ce côté négatif après une saison si exceptionnelle, a noté la Tessinoise, le sourire aux lèvres avant d’aller récolter le 2e gros Globe de sa carrière.

Lors d’une finale palpitante qui a renversé le classement de la discipline, la skieuse de Comano s’est démenée avec les conditions difficiles pour terminer enfin 17e. Cela a permis à l’Autrichienne Cornelia Hütter, pourtant 72 points derrière avant la course, de lui ravir le Globe en signant la victoire. Un retournement auquel peu s’attendaient, vu la forme dominante de Lara Gut-Behrami cette saison.

“J’ai eu un peu de peine à skier vite”, a confié toutefois la championne de Comano après la course. “C’est clair que quand t’as la chance de gagner un Globe, tu veux à tout prix la saisir et je n’ai pas réussi.” Pas de fatigue pourtant, même au terme d’une saison éprouvante, où elle a disputé 28 courses, signé 8 victoires, terminé 16 fois sur le podium et décroché 3 Globes. “Aujourd’hui, c’était vraiment tout donner”. Comme à l’habitude, quoi.

“Seulement” trois Globes

Depuis des semaines, on entendait un certain refrain. Lara Gut-Behrami pourrait rejoindre les rangs de Mikaela Shiffrin, Tina Maze et Lindsey Vonn en remportant quatre Globes en une saison. Le fait qu’elle a laissé s’échapper celui de la descente samedi a donc rapidement été présenté comme un échec. Une réaction jugée incompréhensible par la skieuse. “C’est un peu bizarre parce qu’on est en train de tout tourner en négatif. À la TV, on ne m’a posé que des questions du genre, si je peux expliquer pourquoi j’ai skié si lentement”, a noté la championne, incrédule. “Franchement, je crois que ça a été une saison vraiment incroyable. Je n’aurais jamais imaginé avoir tant de succès. Donc je prends ça comme quelque chose de génial.” Lara Gut-Behrami ne perd jamais de vue ce qui compte. “Aujourd’hui, ce n’était pas la meilleure journée mais c’est avec des journées pareilles aussi qu’on gagne le gros Globe.”

Un gros Globe qu’elle décroche pour la deuxième fois de sa carrière, en plus de ceux du géant et du super-G. La réalisation de ce qu’elle a accompli en cette saison majuscule viendra plus tard. “Ça prend beaucoup de temps. Là, c’est toute la fatigue, toutes les émotions qui ressortent. Mais pour réaliser ce qu’on a fait, on a besoin d’un peu de recul.”

Une fin de saison émotionnelle

Les émotions n’ont pas manqué ces dernières semaines. D’une part, la confirmation des Globes. D’autre part, le départ d’un des personages clés de son entourage, son préparateur physique Alejo Hervas, qu’on aurait sondé pour rejoindre l’équipe masculine. Une trahison aux yeux de la Tessinoise, surtout que l’Espagnol avait à maintes reprises voué de rester à ses côtés jusqu’à la fin de sa carrière.

“Il m’a si souvent répété combien ce travail lui importait, combien il en était fier. Et puis il prend d’autres dispositions, alors que je me concentre sur les courses et que j’essaie de gagner le gros Globe. Pour moi, c’était clair qu’une collaboration n’était plus possible”, a expliqué la skieuse aux journalistes déjà vendredi.

Des plans pour l’hiver prochain

Changement d’entraîneur ou pas, Lara Gut-Behrami a déjà confirmé qu’elle compte skier encore au moins une saison. “Je vais essayer de faire de mon mieux, et réussir à peut-être encore construire quelque chose de bien comme cette année”, a-t-elle promis samedi.

Elle peut compter sur le soutien de Swiss-Ski. “Nous allons nous réorganiser mais aussi prendre en compte les besoins de Lara,” a assuré le directeur alpin Hans Flatscher à Saalbach, en faisant allusion au départ d’Alejo Hervas. “À voir si on trouve une solution en interne ou si on prendra quelqu’un de l’extérieur.” Les changements de personnel doivent être discutés dans le courant de la semaine prochaine et finalisés en avril.

En attendant, trois Globes de cristal, y compris celui du général, c’est un bilan de saison qui fait énormément de bien. “Je ne crois pas qu’il y a matière à être déçu quand on rentre à la maison avec trois Globes”, s’est réjoui Hans Flatscher.

Sim Sim Wissgott, Saalbach-Hinterglemm