Noémie Kolly va devoir prendre son mal en patience avant de retrouver la Coupe du monde. Lors du seul entraînement des descentes de Zermatt/Cervinia, elle avait pourtant pris le meilleur sur ses concurrentes directes, Juliana et Jasmina Suter, dans la chasse au dernier ticket suisse disponible pour les courses du week-end. Au final, elle a été recalée par le staff helvétique. En l’absence d’un second essai chronométré au pied du Cervin qui devait servir de qualification interne, les entraîneurs suisses ont préféré sélectionner Juliana Suter. La Schwytzoise s’appuie sur ses trois top 30 l’hiver dernier en descente. Reste à savoir s’il y aura des courses ce week-end, compte tenu des mauvaises prévisions météorologiques annoncées.
Jeudi, Noémie Kolly espérait naturellement pouvoir disputer un second entraînement avant l’annulation de ce dernier, afin de démontrer à ses coaches qu’elle méritait sa place. “Parfois, il y a des décisions que l’on ne comprend pas toujours. Il faut prouver sur les skis que l’on peut être la plus rapide”, confiait-elle. C’est un nouveau coup dur pour la Fribourgeoise, qui paie encore sa dernière saison, tronquée par une hernie discale en tout début d’hiver qui l’a empêchée de performer à son meilleur niveau. “J’ai perdu ma place avec ma blessure”, regrette la skieuse de 25 ans. “Les autres filles ont fait de bons résultats. Et en Suisse, il est compliqué d’avoir sa place.”
Une grosse remise en question personnelle
Deux uniques départs en Coupe du monde à Cortina d’Ampezzo (38e et 40e) marquent la fiche de statistiques l’hiver dernier de la Gruérienne, qui a ensuite écourté sa saison juste avant les épreuves de Crans-Montana. C’était un choix sportif, pour éviter de perdre davantage de points FIS, mais pas que. Noémie Kolly reconnaît avoir traversé une période “très dure mentalement”, au point de se poser la question si tous ces sacrifices en valaient vraiment la peine. “Je me suis demandé si je devais continuer ou pas”, avoue-t-elle. “Lorsque j’ai remis les skis en milieu de saison, ça n’allait pas. Il me manquait des jours, de la confiance.”
La question de la retraite, elle ne se l’est toutefois pas posé longtemps. “Au final, cela m’aurait embêté de voir les autres skieuses et de me dire: purée, tu es au même niveau qu’elles…” D’autant plus que le ski alpin est bien plus qu’une passion pour Noémie Kolly. “J’adore ça! C’est fou de se dire que l’on gagne de l’argent en faisant du ski. C’est cool. Mais il faut aussi avoir de la chance dans le sport et ces temps, je n’en ai pas eu beaucoup.”
Oublier le chronomètre pour progresser
Mais la chance, ça se provoque. Remontée et motivée comme jamais, la skieuse de la Berra est repartie au combat le printemps dernier. “Je me suis dit que je devais me faire plaisir avant tout.” Débarrassée de toute douleur au dos et au genou, Noémie Kolly a profité d’un été où elle a pu s’entraîner à 100%. Elle a revu sa stratégie. “J’ai essayé de ne pas regarder mes chronos”, assure-t-elle. “J’ai beaucoup travaillé sur les sensations que j’ai sur les skis. J’ai beaucoup progressé, car cela change beaucoup mentalement de ne plus être bloquée sur tes temps sachant que je suis, de base, moins rapide à l’entraînement qu’en course. Je ne me prends ainsi plus la tête pour savoir si j’étais forte ou nulle.”
Même si elle est progressivement de retour à son meilleur niveau, rien ne garantit toutefois un départ en Coupe du monde à la Fribourgeoise cet hiver. Ses entraîneurs ont d’autres projets pour elle, sans qu’elle ait véritablement son mot à dire. “J’avais des objectifs en tête que j’ai dû modifier car les coaches ont vraiment envie que je fasse la Coupe d’Europe et que j’obtienne une place fixe.” Il faut pour se garantir une place fixe parmi l’élite terminer dans le top 3 en descente ou en super-G dans l’antichambre de la Coupe du monde. “J’ai beaucoup travaillé sur moi. Et que je sois en Coupe du monde ou en Coupe d’Europe, je serai quoiqu’il arrive à fond.”
Johan Tachet, Breuil-Cervinia