Les aurores boréales lapones seront le théâtre d’un petit événement ce samedi. Sous les lumières du Nord, Mikaela Shiffrin fait son retour à la compétition et espère y briller de mille feux. Car dans les cieux du Nord, l’étoile de son père Jeff, scintille davantage que les autres. C’est en effet la première fois que l’Américaine skiera en compétition depuis le décès brutal de son papa début février.

“Cette année a été émotionnellement très difficile, j’ai dû chercher des réponses durant de nombreux mois”, confiait, jeudi en conférence de presse virtuelle, la double championne olympique qui a passablement travaillé sur elle. Pour retrouver le plaisir de skier. Accepter la fatalité. Et faire preuve de résilience. Dans cette épreuve, le ski a agi de manière “thérapeutique”. “Pendant plusieurs semaines, je ne faisais plus rien, j’étais énervée et c’est le ski qui m’a aidée.” Alors, elle enchaîne les piquets pour oublier le traumatisme et annonce son retour à la compétition à Åre début mars. Hélas, la pandémie du Covid-19 passe par là et les épreuves techniques suédoises sont annulées au dernier moment. Qu’importe l’essentiel était ailleurs. “Je voulais me mettre en mode course et cela a été une expérience positive.”

“Brignone mérite son grand Globe”

La saison est alors définitivement arrêtée avant le money-time et Mikaela Shiffrin ne remportera ainsi pas un quatrième grand Globe de cristal consécutif. Largement en tête du général fin janvier, la skieuse de Vail a vu Federica Brignone finalement la devancer d’une centaine de points au général. Mais pour Shiffrin, l’Italienne “n’a pas volé” son trophée. “Fede (Brignone) a super bien skié toute la saison dernière et pas uniquement sur une course. Elle et Petra (Vlhova) ont remporté des courses même lorsque j’étais présente. Toutes les filles méritent leurs succès. Si je veux gagner, je dois être présente et skier vite”, glisse-t-elle sans aucune rancoeur.

Et Shiffrin ne débarque pas au pays du Père Noël avec un esprit de revanche. D’ailleurs, elle ne se fixe aucun objectif concret si ce n’est celui de “retrouver (ses) standards”. “Cet hiver, mon leitmotiv sera la gratitude. La gratitude, d’être là, de pouvoir skier”. Mais l’athlète du Colorado rappelle qu’elle reste “une compétitrice”. “Si cela ne va pas comme je le souhaite, je mettrai tout en œuvre pour y parvenir, car j’ai envie de bien skier.”

Un calendrier aménagé pour l’Américaine

Pour le moment, l’Américaine de 25 ans ne s’est entraînée qu’en slalom et n’a pu appuyer sur l’accélérateur que depuis deux semaines. La faute à des douleurs dorsales qui l’ont déjà contraite à renoncer au départ du géant de Sölden, il y a un mois, “pour ne pas empirer la situation”. “J’ai déjà passablement usé mon dos. C’est ce qui arrive lorsque l’on en fait parfois trop. Désormais, je vais devoir gérer ces douleurs.” La polyvalente Mikaela Shiffrin a d’ores et déjà averti qu’elle se ménagerait et a prévu d’alléger son calendrier. “C’est aussi pour cette raison que le général est moins présent dans ma tête que lors des dernières saisons.”

Un nouveau renne nommé Copper?

A l’entraînement, elle avoue toutefois “réaliser de beaux virages”. Prémonitoire d’un nouveau succès à Levi, là où elle s’est déjà imposée à quatre reprises, dont lors des deux derniers hivers? Toujours est-il que Mikaela Shiffrin, “excitée” à l’idée de renouer avec la compétition, a déjà choisi le nom du nouveau renne qu’elle acquérait, comme le veut la tradition, en cas de victoire samedi ou dimanche. Après Rudolf en 2013, Sven en 2016, Mr. Gru en 2018 et Ingemar l’an passé, c’est Copper qui agrandirait la famille Shiffrin. Histoire de rendre encore plus fier le papa Jeff qui, à n’en pas douter, sera l’étoile du Nord qui guidera Mikaela vers de nouveaux triomphes.

Johan Tachet