L’annonce de l’intégration du Freeride World Tour jeudi au sein la FIS fait largement réagir, et pas toujours en bien, notamment sur les réseaux sociaux. Beaucoup craignent que le freeride perde son identité en se rangeant du côté du “sport business” de l’instance dirigée par Johan Eliasch. Cependant, plusieurs athlètes espèrent que ce changement pourra donner un nouvel élan à leur discipline. C’est le cas du champion du monde Maxime Chabloz, qui nous a répondu depuis le Brésil (il rentrera en Suisse dans une semaine) et de Sybille Blanjean, tous deux vainqueurs de l’Xtreme de Verbier en mars dernier.

Maxime Chabloz: “Ça peut faire un petit peu peur”

“Cette décision va à mon avis dans le bon sens, même si c’est sûr qu’elle peut faire un petit peu peur. Je pense qu’elle va permettre de faire grandir notre sport et je crois que c’est l’avis de la plupart des athlètes du Freeride World Tour. Je n’imagine pas, du moins parmi les meilleurs, certains d’entre eux quitter le navire.

Mon frère (ndlr: Yannick, membre du cadre B de Swiss-Ski) fait évidemment partie du milieu de la FIS via le ski alpin. Lorsque je vois les avantages dont bénéficient les athlètes, je me dis qu’il y a du positif. Même si ce n’est pas l’aspect principal, financièrement, il y a une énorme différence. Et puis il y a cette possibilité d’intégrer à terme le programme olympique. Cela donnerait un gros coup de boost à notre discipline.

Bien sûr, je comprends certaines craintes qui viennent notamment des athlètes ayant un backup freestyle, car c’est sûr que tout n’a pas été fait juste dans ce domaine. Les dirigeants ont notamment voulu imposer un système de notation qui ne correspondait pas à la réalité du terrain. Mais j’ai eu l’occasion d’échanger avec Nicolas Hale-Woods, qui m’a assuré que nous allions garder notre “indépendance” et notre manière de fonctionner à ce niveau. Après, ce sera à nous de prouver cet hiver que notre système est bon et qu’il faut continuer à travailler ainsi. Nous devrons montrer que nous sommes des athlètes de haut niveau même si je suis convaincu que nous pourrons garder l’esprit actuel et qu’il ne faudra pas plus calculer à l’avenir.

Certains s’inquiètent d’intégrer la FIS et de devoir affronter ses contraintes tels que les contrôles antidopages, etc., mais je crois que c’est quelque chose de normal et de raisonnable pour un athlète sérieux. Et lorsqu’on regarde la liste des produits interdits, il y a une raison!

On va voir si on intègre Swiss-Ski. C’est sûr que cela pourrait être une aide bienvenue. Recevoir les avantages dont bénéficient les athlètes (déplacements et entraînements payés, abonnement aux remontées mécaniques, etc.) n’est pas négligeable. Ce serait évidemment plus agréable que de devoir trouver des sponsors personnels pour y contribuer.

Personnellement, j’espère toutefois que d’intégrer une telle structure ne m’empêchera pas de pouvoir continuer à pratiquer mes deux sports en parallèle (ndlr: il est également professionnel de kitesurf). C’est important pour moi de garder cette liberté.”

Sybille Blanjean en discussion avec Elisabeth Gerritzen à Verbier. (Maeva Pellet/SkiActu)

Sybille Blanjean: “Notre sport va progresser”

“C’est une très bonne chose pour notre discipline. Cela va nous crédibiliser en tant que sport officiel. Souvent, nous n’étions pas pris au sérieux à l’extérieur. Le freeride va pouvoir se développer, on va pouvoir profiter de nouvelles infrastructures grâce à cette reconnaissance.

Ce sont des petits avantages, mais en intégrant la FIS, on accède également à Swiss Olympic. Pour les jeunes, tout sera plus simple. Ils ont auront accès au sport-études de manière encadrée. Personnellement, j’avais dû arrêter au milieu de la maturité pour la terminer seule à la maison afin de pouvoir me consacrer à mon sport. Pour la recherche de sponsors, ce sera également une aide bienvenue. Jusqu’ici, on devait tout faire nous-même. L’attrait médiatique sera également boosté, comme l’accès au support médical.

Le plus important, c’est que notre sport va pouvoir progresser. Le but est d’amener notre discipline à un niveau plus sain, plus athlétique, plus sérieux et en rejoignant la FIS, on en prend le chemin. Le freeride n’est plus comme il y a vingt ans. Pour atteindre un certain niveau de performance, il faut de la discipline.

La perspective d’aller aux Jeux olympiques me plaît, mais en 2030, je serai peut-être déjà trop vieille à 30 ans (rires). Mais si je ne peux pas y participer en tant qu’athlète, ce sera en tant que coach ou en tant que physio, que j’étudie actuellement.”

Johan Tachet & Laurent Morel

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