Avec un matériel près de la perfection, une excellente préparation estivale et un peu de sagesse qui vient avec l’expérience, le gagnant du Globe du slalom est chaud pour aller chercher de nouveaux trophées cet hiver. Mais il prévoit une concurrence féroce, y compris de la part de Lucas Braathen et Marcel Hirscher.

Pendant longtemps, les mots “ça passe ou ça casse” ont parfaitement décrit Manuel Feller. Tout feu tout flamme, l’Autrichien se lançait entre les portes et avait presque autant de chances de finir sur le podium que de sortir en cours de manche. Ce qui ne rend sa performance la saison dernière, où il a remporté quatre victoires et jamais terminé pire que 5e en slalom, décrochant finalement le Globe de cristal de la discipline, que plus spectaculaire.

À la veille de la nouvelle saison, le slalomeur, sans son épaisse chevelure qu’il a coupée après les finales en mars, a parlé aux médias lors de l’annuelle remise du matériel à Salzbourg. Ce qu’il a appris de la saison dernière: l’importance de faire une bonne préparation estivale plutôt que d’espérer caser des jours d’entraînement pendant l’hiver quand le calendrier de la Coupe du monde est déjà chargé, et la nécessité de se ménager plutôt que d’enchaîner les jours d’entraînement. Le skieur de 32 ans a confié que son deuxième jour sur la neige est souvent le meilleur et il compte donc ajuster son planning pour livrer sa meilleure performance les jours de course.  

Il est chaud en tout cas pour reprendre la compétition, y compris à Gurgl, “une piste très cool, et le coup d’envoi pour moi la saison dernière”. C’est dans la station tyrolienne, en effet, qu’il a remporté sa première victoire en novembre dernier, à la tête d’un podium entièrement autrichien. Après un excellent camp d’entraînement au Chili le mois dernier, Manuel Feller doit tailler des courbes à Sölden cette semaine avec l’équipe autrichienne. En attendant, il a répondu à quelques questions sur sa préparation, la saison à venir avec des Championnats du monde à domicile à Saalbach, et certains revenants qui font beaucoup parler d’eux ces derniers temps.

Manuel Feller, vous avez remporté votre premier Globe de cristal la saison dernière en slalom. Comment approche-t-on une nouvelle saison après cela?

Je sais ce que j’ai accompli, je sais quelle sensation je dois avoir pour être rapide, et je veux avoir cette sensation de nouveau. Le succès donne faim et les moments que j’ai vécus l’an dernier, je veux les revivre. Lorsque j’ai reçu le Globe à Saalbach, ma seule pensée a été : “Je veux faire la même chose aux Mondiaux l’année prochaine.” Et ce serait encore plus émotionnel parce que tout se déciderait le jour J (ndlr : plutôt que sur tout l’hiver). En tout cas, j’approche cette saison de façon très positive. Je veux être compétitif sur chaque course et viser le podium, au moins en slalom. Je veux que mes concurrents dans l’aire d’arrivée soient nerveux quand je suis dans le portillon de départ!

On a beaucoup parlé du comeback de Lucas Braathen et de votre ancien collègue Marcel Hirscher, qui représenteront dorénavant le Brésil et les Pays-Bas. Les deux étant des spécialistes en slalom, cela vous affectera plus que d’autres.

Oui, deux skieurs reviennent. Mais en slalom, nous avons 20 athlètes qui peuvent faire un podium, et 10 athlètes qui peuvent viser une victoire. Rien que cela, ce n’est pas facile. Lucas a probablement eu la meilleure préparation possible pour la saison à venir: il a fait une pause d’un an mais n’a jamais arrêté de s’entraîner et a pû s’entraîner quand il le voulait, sans devoir s’adapter au calendrier des courses. Je ne crois pas qu’il a songé même une seconde à se retirer complètement du ski, mais a juste voulu se restructurer. Et avec Marcel: quand quelqu’un a été le meilleur skieur du monde huit ans d’affilée, on sait ce qu’on peut attendre de lui. Il n’y a pas un sport qu’on a fait ensemble où il n’a pas essayé absolument de me battre: que ce soit de la boxe, du football, du tennis ou avec un dossard de ski sur le dos. C’est un type hyper motivé qui va toujours chercher à gagner dès qu’il y a un enjeu. Il n’a plus rien à prouver à quiconque. Qu’il puisse reprendre là où il s’est arrêté il y a cinq ans est peut-être un peu tiré par les cheveux mais je crois qu’il est certainement capable de faire de bons résultats.

Vous avez expliqué que la clé de votre succès, l’hiver dernier, était votre excellent matériel. Pourrez-vous reproduire cela cette saison ?

Je crois qu’il n’y a qu’une course où, d’un point de vue setup, je n’aurais jamais pû gagner, et c’était à Kitzbühel. Sur toutes les autres courses, si je n’ai pas gagné, c’était 100% dû à une faute de ma part. Et c’est quand même incroyable: quand tu sais que le matériel que tu as sous toi fonctionne toujours, peu importe les conditions, et que tu dois juste te concentrer sur toi-même, c’est une énorme chance. Je connais peu de gens pour qui cela a aussi bien fonctionné que pour moi l’hiver dernier. C’est le résultat de longues années de travail avec mon technicien Richie (ndlr : Richard Weissenbacher) et avec Atomic. Bien sûr, nous faisons quelques ajustements, il y a toujours moyen de faire mieux. Mais c’est un avantage d’avoir une si bonne base: si quelque chose ne fonctionne pas, tu peux toujours retomber dessus. Et je sais qu’avec ce matériel, j’ai 99% de chances de faire un bon résultat.

Sim Sim Wissgott, de retour de Salzbourg