Fanny Smith peut savourer, elle tient enfin entre les mains son troisième Globe de cristal. Un trophée qui récompense un hiver XXL pour la skieuse de Villars qui a dominé sa discipline avec 10 podiums en 11 courses. Un total exceptionnel pour la Vaudoise qui est également devenue l’athlète la plus titrée de son sport avec désormais 29 victoires au compteur. A l’issue de la finale de Veysonnaz où elle aura pris la 2e place, c’est l’heure de tirer le bilan avec la reine du skicross

Fanny Smith, vous terminez votre saison avec une 2e place à Veysonnaz acquise de haut lutte malgré les douleurs physiques consécutive à votre chute dans l’aire d’arrivée de Sunny Valley la semaine dernière...

C’est sûr que je ne suis pas encore à 100%. Je suis vraiment contente de ce que j’ai pu montrer aujourd’hui dans l’état que je suis. Ca va franchement mieux qu’il y a deux jours toutefois. Mais lors de la finale, je n’arrivais plus à me battre. J’étais un peu trop bloquée avec ma nuque. J’ai senti lors du dernier virage que c’était très difficile pour ma tête car il y avait une grosse compression. J’ai croisé les doigts mais je voyais que je ne pouvais pas travailler les rollers en fin de parcours comme je le souhaitais. Franchement, il n’y a aucune déception de ne pas avoir gagné.

Vous avez tout de même tenu à participer à cette finale, ici en Valais.

C’est le fait que ce soit une course à la maison, je tenais à y participer pour honorer les fans, le public, la Suisse. Chaque run, on voyait à l’entraînement dimanche matin que ma tête ne s’empirait pas et que j’allais avoir le temps de récupérer avant le dernier grand événement la semaine prochaine (ndlr: Le Red Bull SuperSkicross mettra au prise les meilleurs athlètes du circuit sur un parcours déjanté)

Cette saison sur le plan comptable, avec 6 victoires pour 10 podiums et un troisième Globe de crisrtal, est la meilleure que vous ayez disputée. C’est également le sentiment que vous partagez sur les skis?

Pas forcément. Chaque hiver, lors duquel j’ai remporté le Globe, a sa propre interprétation. En 2013, c’était celui de l’insouciance, de la jeunesse. Celui de 2019, je ne vais pas dire qu’il représente la renaissance, mais plutôt la reconstruction après Sotchi (ndlr: Fanny Smith grande favorite avait été éliminée en demi-finale. Un échec qui l’a longtemps perturbée) et la confirmation de mon retour. Et ce dernier Globe, c’est la stabilité, le fait d’être performante sur la durée. J’ai toujours été classée dans le top 3 ces dernières années (ndlr: Sur les neuf dernières saisons, la Vaudoise n’a pas terminé sur le podium du général uniquement en 2016, hiver lors duquel, blessée, elle n’a pas skié). Je garde en tête cette stabilité. C’est ça le plus difficile dans le sport, c’est de rester en forme et performant sur la durée.

Cet hiver, vous êtes également devenue la recordwoman de succès en Coupe du monde en dépassant votre amie, la Française Ophlie David, qui en comptait 26

Cela récompense les efforts de ces dernières années, une concrétisation. Je n’ai jamais été à la recherche des records. Mes entraîneurs ou les médias me le rappellent (rires). Mais à force de se donner les moyens, cela augmente notre panel de succès.

Seule déception, peut-être, de votre hiver, ne remporter “que* l’argent lors des Championnats du monde à Idre Fjäll?

Oui, sur le coup j’étais vraiment déçue. J’ai commis beaucoup trop d’erreurs lors de la finale. C’est la vie du sport. Sur une course d’un jour, les erreurs se paient cash et encore plus sur cette piste d’Idre. Mais avec le recul, cela reste une belle médaille.

Vous avez été battue par votre plus grande rivale Sandra Naeslund qui revenait tout juste de blessure. Son retour, malgré tout, a permis de vous booster?

Complètement, car elle est une superbe concurrente. Elle pratique un beau ski et les batailles sont toujours belles jusqu’au bout. Je suis contente qu’elle soit revenue. Ce que je retiens de cet hiver aussi, ce sont ces bagarre lors des finales qui sont à chaque fois motivantes et c’est cela qui me fait avancer. Ce qui est beau dans notre sport, c’est qu’il faut se battre lors de chaque run.

Voilà plus d’une décennie que vous vous trouvez sur le circuit et toujours à batailler au sommet, comment expliquez-vous cette longévité au plus haut niveau?

Le travail est le secret. Je suis quelqu’un de très rigoureuse. Je suis passée par plusieurs étapes dans ma carrière. Avoir ma structure privée m’a également fait comprendre de ce que j’avais besoin. Il y a eu des grosses décisions qui ont été prises à des moments clés, comme avant les JO de PyeongChang (ndlr: Fanny Smith s’était séparée de son entraîneur Guillaume Nantermod pour retourner avec Swiss-Ski). Je travaille en équipe, mais j’ai toujours beaucoup d’indépendance. Ici, chacun à sa place et les personnes qui m’entourent sont toutes différentes et leur complémentarité m’apportent.

A 28 ans, après ces nombreuses années, existe-t-il encore une marge de progression?

Je pense qu’il y en a toujours une. Je sais dans quelle direction je veux aller. Où je dois bosser. Mes objectifs pour l’été prochain sont déjà prêts et cela me stimule. J’ai toujours autant de plaisir à me surpasser car on en veut toujours plus. Notamment avec les Jeux qui arrivent l’année prochaine (rires)

Johan Tachet, Veysonnaz