Entraîneur en chef du skicross, Ralph Pfäffli est connu et reconnu dans le milieu. Après avoir réussi à décrocher l’or avec Mike Schmidt lors de la première inscription de la discipline aux Jeux olympiques, l’équipe de Suisse a souvent peiné lors des grands rendez-vous. Mais à PyeongChang, le soulagement était de mise dans le camp helvétique avec la 2e place de Marc Bischofberger et la 3e de Fanny Smith. Et le travail de l’ancien athlète n’y est pas étranger. L’été dernier, il a notamment intégré Mike Schmidt à son staff. Le succès a été au rendez-vous puisque son équipe repart avec 2 médailles de Corée du Sud.

Qu’avez-vous pensez-vous de la performances de vos athlètes lors de l’épreuve féminine?

Je suis très content pour la médaille de Fanny Smith. Elle a vraiment très bien skié. Certes, sa petite faute en finale lui a peut-être coûté la médaille d’or ou d’argent, mais il n’y a pas de regret à avoir. Ça fait partie de notre sport et une médaille reste une médaille, c’était le plus important. Ce qu’il faut surtout éviter, c’est d’être 4e. Notre matériel était super rapide et avec l’aspiration, tout était possible.

Comment avez-vous intégré à votre équipe Fanny Smith, qui évoluait jusqu’à l’été dernier dans une structure privée?

On n’avait pas beaucoup de temps puisqu’elle qu’elle est arrivée uniquement au début de cette saison olympique. Mais ça a vraiment très bien fonctionné. On pensait qu’il y avait eu un effet positif, mais c’est bien d’en avoir la confirmation sur la piste. C’est le résultat de notre travail mais aussi celui de Guillaume (ndlr: Nantermod, son ancien coach) auparavant. C’était un gros challenge de l’intégrer. Maintenant, elle et Philippe (Clément, son coach mental et d’arts martiaux notamment) sont avec nous. Fanny est spéciale mais tout se passe bien.

En quoi est-elle différente des autres?

Déjà, elle a bien plus gagné. Elle est très forte. On a dû s’adapter pour l’aider à s’améliorer. Il y a eu beaucoup de discussions, beaucoup de réunions. On voulait aussi lui laisser une part de liberté. On ne voulait pas lui dire ce qu’elle devait faire. Ce n’était pas simple de trouver la bonne manière de fonctionner. Et la prochaine fois, on sera là pour gagner l’or.

Rien n’a été facile pour elle après ses deux échecs aux Jeux olympiques.

On savait que dans la tête, c’était compliqué pour elle. Et une journée comme aujourd’hui, ce n’était vraiment pas simple. Elle mérite sa médaille. Bien sûr qu’elle va être un peu déçue de ne pas avoir gagné l’or, mais le résultat reste excellent. Ça va aussi nous aider pour la suite, pour continuer à progresser.

Quelle est la principale force de Fanny Smith?

Elle est super forte dans la tête. Elle doit toujours montrer à l’extérieur qu’elle est solide même si elle ne se sent pas bien. Fanny est très solide, elle ne fait pas beaucoup de fautes sous pression.

On sent que vous avez aussi en quelque sorte un rôle de coach mental.

Oui, clairement. Avec les messieurs, on a notamment beaucoup parlé après les Mondiaux de la Sierra Nevada il y a un an pour comprendre ce qui n’allait pas lors des grands événements. C’est important de comprendre les athlètes, de sentir leurs sensations. A Sotchi, je n’arrivais plus à les guider mais ici, c’est allé beaucoup mieux. On était très concentrés sur la course et on a appris à apprécier le parcours. Ce qui est bien, c’est que toute l’équipe tire à la même corde. Tout le monde est ami. Pour preuve, même ceux qui ont raté leur course étaient content pour “Bischi” après sa médaille d’argent. Armin (Niederer) était peut-être le meilleur sur le papier, mais il a su se réjouir pour son pote. Tout le monde a fêté ensemble.

Comment avez-vous vécu votre séjour à Okinawa, au Japon, avant les compétitions?

C’était très enrichissant. On a fait de la préparation physique et on s’est relaxé pour créer une émulation positive avant les Jeux. On a bien réussi à mon avis. En arrivant ici, les athlètes étaient chauds. Au Japon, on n’a pas fait un séjour de luxe. On dormait par terre, chez un Italien. Il vivait dans une petite maison et en arrivant, on ne pensait pas qu’on allait tous loger. Mais il nous a tout donné et c’était super sympa, dans un très bon esprit. On y retournera avant Pékin.

Vous rappelez-vous d’une anecdote en particulier?

C’était très sympas dans les restaurants de sushis. Après avoir collecté un certain nombre d’assiettes, correspondant à un certain nombre de sushis, tu peux jouer sur un écran, comme une machine à sous. Les jeunes ont adoré. Il y avait aussi des robots à l’entrée du restaurant. On a également joué au golf sur une base américaine. C’était génial car tu pouvais commander des bières et des hamburgers et ils venaient te les servir entre le 9e et le 10e trou.

Laurent Morel, PyeongChang