On dirait presque qu’il fait bon se blesser à la veille d’une compétition lors de ces Jeux olympiques au Phoenix Park de Bokwang. Après Mathilde Gremaud, argentée en slopestyle après une vilaine chute, Marc Bischofberger a également décroché le titre de vice-champion olympique. L’ours d’Oberegg souffrait pourtant du dos et d’un genou après être mal retombé d’un saut mardi à l’entraînement. « La question de sa participation s’est posée, a expliqué l’entraîneur de l’équipe de Suisse Ralph Pfäffli après la course. Ce matin, il ne pouvait presque pas bouger. » Ces douleurs faisaient suite à une chute sur la bosse du Dragon située sur le haut du parcours coréen. L’amateur de kitesurf avait raté le saut et pris le vent sous ses spatules.

Finalement, et malgré ses douleurs qui se sont tout de même petit à petit estompées à l’échauffement, « Bischi » était bien au départ du prologue ce mercredi. Après vérification du médecin, seuls des problèmes musculaires et quelques hématomes persistaient. « Je ne savais pas comment mon corps allait réagir sur les sauts, mais ma forme est allée en s’améliorant au fil du temps, s’est réjoui l’athlète de 27 ans. Au fil des manches, je me suis senti de mieux en mieux. C’est aussi grâce au travail du staff médical. »

Sans pression

De plus, cette gêne lui a enlevé une forme de pression. « Bischi était très calme alors que toute l’équipe était très tendue », expliquait encore Ralph Pfäffli. « C’est vrai que j’étais concentré sur mes douleurs au dos et que je ne pensais pas trop à la course, relevait le mécanicien de métier après coup. Mes attentes étaient moindres, la pression était loin. » Du sang de champion coule dans ses veine puisque Marc Bischofberger n’est autre que le neveu d’Annemarie Bischofberger, qui a participé aux Jeux olympiques de Lake Placid en ski alpin.

Finalement, il n’a été battu que par le Canadien Brady Leman. Et encore, de quelques centimètres seulement. « C’est un sentiment indescriptible, incroyable, s’est félicité l’actuel leader de la Coupe du monde avant d’insister sur le travail d’équipe: « On a pas forcément toujours bien réussi dans les grands événements ces dernières années, mais on a tellement bien travaillé que ça fait très plaisir de ramener cette médaille en Suisse. »

Pas question donc de regretter d’avoir manquer l’or. « Ce podium, c’est un rêve, s’est exclamé l’homme aux 3 victoires sur le Circuit, qui a exulté à l’arrivée. On est aux Jeux olympiques! Je suis trop fier et je sais que cela ne sait jamais arrivé sans une équipe si solide autour de moi. » L’Appenzellois a notamment pu compter cet hiver sur l’arrivée dans le staff de Mike Schmidt, premier champion olympique dans la discipline 8 ans plus tôt.

Mauvais tirage

Le reste de l’équipe de Suisse n’a pas connu la même réussite, à l’image d’Alex Fiva, qui a raté sa demi-finale avant de prendre le 5e rang. « Pour être honnête, il y a toujours une pointe de déception de ne pas avoir plus d’un Suisse en finale, a relevé l’entraîneur. Cependant, on doit rester réaliste. » La principale raison invoquée par Ralph Pfäffli est le tableau: « Nos hommes se sont rapidement retrouvés les uns contre les autres. Skier à 2 par série, c’est pas simple, car on ne veut pas prendre trop de risques face à un copain. »

Meilleur temps des qualifications, Alex Fiva a craqué en quarts de finale, tout comme Jonas Lenherr. Le Russe Sergey Ridzik a lui pris la 3e place après être tombé en finale. La course a d’ailleurs été marquée par de violentes chutes à l’image de celle du Canadien Chris Del Bosco.

Aux dames désormais de confirmer cette médaille. « Ça va leur donner confiance, c’est bien, se réjouit l’entraîneur national. Elles savent désormais qu’on peut aller très vite. J’espère qu’elles réussiront un résultat similaire dans deux jours. »

Laurent Morel, PyeongChang