Le vent est l’ennemi des organisateurs en ce début de Jeux olympiques. Il a déjà provoqué l’annulation de plusieurs épreuves de ski alpin et est venu largement perturber le concours de saut à skis au petit tremplin. Cette fois, ce sont les snowboardeuses qui ont subi les caprices d’Eole. Après avoir été repoussée de plus d’une heure, l’épreuve de slopestyle a finalement été lancée. Sauf qu’entre-temps, le vent qui s’était calmé pour l’entraînement s’est remis à souffler de plus belle. Résultat: un concours tronqué, indigne du niveau des Jeux et perturbé par de nombreuses rafales, qui ont empoisonné la vie des concurrentes. “C’est vraiment dommage, a pesté Isabel Jud, entraîneur de l’équipe de Suisse. C’était dangereux pour les filles.”

Quatre ans de travail à la poubelle

D’ailleurs, nombreuses sont celles qui ont fait part de leurs plaintes devant les journalistes en zone mixte. “C’est scandaleux et triste à la fois, a ainsi souligné la Tchèque Sarka Pancochova, très remontée. On s’entraîne pendant 4 ans pour en arriver à ça? C’est n’importe quoi et irrespectueux pour notre travail.” La plupart des athlètes n’ont pas pu envoyer leurs sauts. “Nous n’avons pas peur en temps normal, mais aujourd’hui, ce n’était tout simplement pas possible de plaquer ce qu’on sait faire, a regretté Elena Könz, 10e et loin d’avoir pu exploiter son potentiel. C’était réellement trop dangereux.”

Son de cloche similaire du côté de Carla Somaini, 20e. “Je n’avais jamais vu de telles conditions, c’était incroyable, a expliqué la Zurichoise. Il y avait des espèces de tornades dans toutes les directions. Je crois qu’il aurait fallu repousser cette épreuve.” Ce que ne conteste pas Isabel Derungs. “C’était très compliqué car le vent venait de tous les côtés, a soupiré la Zurichoise, finalement 18e. Il s’agissait d’une loterie en quelque sorte. On ne savait pas comment allaient être les conditions en s’élançant.”

Trop d’aspects à gérer

Sina Candrian, 7e et quelque peu déçue, a rappelé que les conditions n’étaient pas mauvaises durant l’entraînement: “Ça s’est réellement détérioré pour la finale, a précisé la Grisonne. C’est devenu de plus en plus dur. On doit en temps normal se concentrer sur beaucoup d’aspects mais là, le vent s’est ajouté à la liste. C’était vraiment trop compliqué.” La capacité d’adaptation des athlètes a été mise à rude épreuve. “Il fallait regarder les drapeaux en bord de piste avant de savoir ce qu’il était possible de plaquer ou pas, selon d’où venait le vent, a poursuivi Isabel Derungs. On avait besoin de chance.”

Les compétitrices ont également regretté l’image qui a été véhiculée par cette épreuve. “Ce n’était pas représentatif du niveau de notre sport, a encore indiqué la rideuse de 30 ans, qui avait terminé 8e à Sotchi. C’est vraiment dommage.” Sina Candrian a confirmé: “D’un côté, c’est bien d’avoir pu envoyer l’épreuve, mais c’est un petit peu triste pour la majorité d’entre-nous de n’avoir pas pu montrer ce qu’on sait faire. Je m’excuse envers les fans pour leur avoir montré autant de chutes. Ce n’est pas normal.”

A relever tout de même que la médaille d’or, méritée, est revenue à Jamie Anderson, tenante du titre de la spécialité. L’Américaine a devancé la Canadienne Laurie Blouin et la Finlandaise Enni Rukajarvi. L’ensemble des rideuses aura l’occasion de disputer un nouveau concours lors de l’épreuve de Big Air prévue le 23 février.

Laurent Morel, PyeongChang