Une cerise sur le gâteau. Arnaud Boisset s’est offert un premier podium à Saalbach pour clore sa première saison en Coupe du monde. Réaction.

Première saison en Coupe du monde, premières finales, premier podium. Arnaud Boisset donne l’impression que c’est facile. Le Martignerain a brillé sur le dernier super-G de la saison vendredi à Saalbach-Hinterglemm. En se classant 3e, le Bas-Valaisan met un point d’exclamation à une première saison déjà extraordinaire sur le Cirque blanc.

«Je n’ai pas de mots», a lâché le skieur de 25 ans après sa première cérémonie de remise des prix. «Cela fait pas mal de fois que je dis que je n’ai pas de mots», sourit-il. On aurait tout de même pu imaginer que participer une première fois aux finales, où seuls les 25 meilleurs skieurs de chaque discipline sont qualifiés, pourrait engendrer de la pression. Mais Arnaud Boisset impressionne toujours par son attitude cool, joyeuse, sympathique. Quelqu’un de sérieux mais qui ne se prend pas non plus la tête. Un skieur intelligent et passionné qui a du plaisir à skier. Avec en bonus, des bons résultats. «J’avais vraiment à cœur de montrer encore une belle performance sur cette dernière course. Je ne voulais pas faire de la figuration.»

Profiter du dossard

Un bon dossard, en l’occurrence le 5, a certainement joué un rôle. Mais il faut savoir profiter de cet avantage et livrer son meilleur ski. «J’ai su à l’arrivée que c’était une bonne manche et je me suis dit que peut-être que ça le ferait pour une 5e ou 6e place et terminer une nouvelle fois dans le top 10. Puis j’ai vu de plus en plus d’athlètes passer derrière et pas des moindres! Quand (Vincent) Kriechmayr ou (Marco) Odermatt étaient au départ, j’étais quand même très tendu. Mais maintenant je peux savourer.»

Là où certains spécialistes de vitesse se sont plaints d’avoir un creux d’un mois avant ces dernières courses aux finales, Arnaud Boisset en a profité pour faire des kilomètres en Coupe d’Europe «pour garder un peu le rythme des courses». Une décision judicieuse. «C’était clairement un choix intelligent avec le recul.»

«Je ne vais pas changer»

L’intelligence est certainement une qualité qu’on associe avec Arnaud Boisset. Par rapport à son ski, mais aussi par rapport à tout ce qu’il y a autour. Maintenant qu’il est monté sur un podium de Coupe du monde, son statut va certainement changer. «Mais Arnaud Boisset la personne ne va pas changer”, assure-t-il. “Je vais essayer de rester comme je suis, parce que c’est vite arrivé de perdre un peu les pédales et que ce premier podium soit aussi le dernier. Et ça, je n’ai pas envie que ce soit le cas.»

Après avoir performé sur les pistes qui accueilleront les Championnats du monde dans une année, il préfère calmer le jeu. «Tout le monde me parle de ces Mondiaux, mais aujourd’hui je finis comme 3e Suisse et il y a Marco derrière. Il n’y a que quatre places pour les Suisses aux Mondiaux», rappelle-t-il. «C’est plus facile de rester sur terre quand on n’est pas le meilleur du pays, ni le meilleur de la région», résume-t-il avec un clin d’œil envers cet autre exceptionnel skieur valaisan, Loïc Meillard, 2e du jour.

Un premier triplé depuis Veysonnaz en 1996

Arnaud Boisset entre en tout cas dans les livres d’histoire: la dernière fois qu’on a vu un triplé suisse en Coupe du monde, c’était en descente à Veysonnaz en 1996. Le Martignerain, lui n’était pas né à l’époque, mais il n’a pu s’empêcher d’aller titiller celui qui a remporté le Globe du super-G vendredi. «J’ai croisé Marco Odermatt et je lui ai dit: Ça tu l’as pas, hein, un triplé suisse», se marre-t-il. «Du coup, on a rigolé un petit peu autour de ça. C’est génial de partager ce podium avec deux collègues d’équipe.»

Sim Sim Wissgott, Saalbach-Hinterglemm