C’est avec son meilleur résultat lors d’un super-G de Coupe du monde qu’Alexis Monney a conclu son année. Vingtième à Bormio, le Fribourgeois a prouvé, s’il le fallait encore, qu’il est bel et bien dans le coup et qu’il fait désormais partie du gratin de la vitesse, le tout à seulement 23 ans. Alors qu’il fêtera son 24e anniversaire juste avant les épreuves de Wengen, où il s’était révélé aux yeux du grand public il y a douze mois, le skieur des Paccots a accepté de revenir sur sa folle année 2023.

“De très bonnes bases”

“L’enchaînement Wengen-Kitzbühel-Courchevel était incroyable”, rappelle celui qui avait signé une incroyable 10e place dans l’Oberland bernois, un 11e rang sur la Streif avant de se qualifier pour les Championnats du monde en Savoie. “Je ne m’attendais pas à de de tels résultats et il a fallu redescendre un petit peu, avoue-t-il, à tête reposée. Il a ensuite fallu confirmer en skiant de manière solide, propre, sans forcément prendre des risques inconsidérés. C’est ce que je fais en ce moment et ça marche donc c’est agréable. C’est de très bonnes bases sur lesquelles construire.”

Pourtant, tout n’a pas été rose en 2023 pour l’athlète de Châtel-Saint-Denis, avec notamment une blessure au genou droit lors d’une vilaine chute à Aspen au début du mois de mars. “J’ai énormément appris durant cette année, aussi avec les annulations de ce début de saison, mes difficultés à Val Gardena et mon retour solide ici à Bormio, poursuit-il. C’est de l’expérience qui entre pour la suite. D’ailleurs, c’est plutôt pas mal de pouvoir faire du ski de sa vie.”

“Je kiffe ma vie et je profite à fond” après avoir “pensé à tout arrêté”

Pourtant, il y a quatre ans, le Fribourgeois n’était pas certain de vouloir poursuivre dans cette voie. “C’est vrai, j’ai pensé à tout arrêter, rappelle-t-il. Je n’avais plus trop de plaisir à skier.” C’est finalement grâce à de nouveaux entraîneurs et au soutien de ses parents qu’il avait décidé de continuer. Avec succès puisqu’en plus de retrouver du plaisir, le prodige est également devenu champion du monde juniors de descente en 2020 à Narvik, au tout début de la pandémie mondiale de Covid-19. “Ce titre a confirmé que je faisais partie des meilleurs de ma génération”, a-t-il confirmé, sans vouloir parler de véritable déclic.

“Après, tout s’est enchaîné jusqu’à aujourd’hui, ajoute-t-il. Si on m’avait dit où j’en suis maintenant lorsque je pensais arrêter, je crois que j’aurais regretté de faire un autre choix…” Car oui, Alexis Monney progresse et skie bien parmi les meilleurs descendeurs du Cirque blanc. “C’est assez incroyable, je kiffe ma vie et je profite à fond”, déclare celui qui pense ne pas avoir trop changé: “Peut-être que je suis un peu différent sur certains points, mais j’espère que je reste la même personne. J’ai toujours dit que je voulais garder les pieds sur terre et je vais le faire. Je pense que c’est le cas pour l’instant. Je suis content du ski que je propose et de qui je suis.”

Parler français pour s’économiser

Alexis Monney est également content de pouvoir partager ses exploits avec ses compatriotes, et de pouvoir parler de plus en plus français dans l’équipe de Suisse de vitesse, avec les arrivées progressives d’Arnaud Boisset, de Christophe Torrent et de Gaël Zulauf en Coupe du monde, en plus de la présence du routinier Justin Murisier. “Même les entraîneurs commencent à dire qu’ils doivent apprendre le français, c’est bon signe, rigole le Fribourgeois. Il reste du travail et tout le monde n’arrivera pas tout au sommet mais c’est encourageant, c’est une vraie chance. On peut remercier le NZL Ouest (ndlr: le Centre National de Performance de Brigue) pour le bon travail.”

Parler français est donc un vrai coup de pouce. “D’habitude, on doit toujours s’adapter à la langue , poursuit-il. Je me suis habitué, mais c’est un peu particulier d’aller manger à 18h-18h30… C’est aussi cool de pouvoir parler français à table. Je perds moins d’énergie. D’ailleurs, s’il n’y a que des Suisses allemands à table le soir, je ne parle quasiment pas pour ne pas perdre trop me fatiguer.”

Et c’est en s’économisant qu’Alexis Monney pourra continuer de briller en descente et en super-G, discipline dans laquelle il s’illustre de plus en plus, comme en témoignent ses 23e place à Val Gardena et 20e à Bormio. “Ça va dans la bonne direction, surtout que c’est des manches propres, sans forcément trop prendre de risques, décrit-il. C’est cool d’être dans le coup. J’ai le ski pour faire encore mieux. Ça va venir avec la confiance, avec les manches.”

À confirmer dès le 11 janvier lors de la première descente (raccourcie) de Wengen, où il sera attendu, avant d’enchaîner à Kitzbühel, en rêvant de faire encore mieux que l’an passé. Alexis Monney en est capable, c’est certain.

Laurent Morel, de retour de Bormio