“Alexis est très doué. J’espère vraiment qu’il puisse créer la surprise.” Ces mots prennent du sens lorsque l’on sait qu’ils sortent de la bouche de Pirmin Zurbriggen, plus grand skieur suisse de l’histoire. Rencontré hier dans son hôtel à Zermatt, l’ancien champion mise beaucoup sur Alexis Monney, qu’il suit depuis longtemps déjà. Le skieur de la Veveyse n’en finit pas de confirmer son talent au plus haut niveau.

Excellent 10e à Wengen et 11e à Kitzbühel la saison dernière, avant de prendre une belle 18e place lors de la descente des Championnats du monde à Courchevel, le Fribourgeois s’est fait une place au soleil dans la très solide équipe de Suisse. Surtout, il s’est révélé aux yeux du grand public, qui se met à rêver d’un successeur aux Didier, Cuche et Défago, comme Romand au sommet de la hiérarchie en vitesse.

Victime d’une vilaine chute en fin de saison à Aspen, Alexis Monney a été contraint d’anticiper quelque peu ses vacances. Mais il a pu revenir rapidement et effectuer une préparation complète. Il garde la tête froide avant d’entamer la nouvelle saison de Coupe du monde, samedi à Zermatt/Cervinia. Interview.

Alexis Monney, cette saison, c’est celle de la confirmation?

On me l’a déjà dit… Mais pas vraiment pour moi. J’ai surtout envie de retrouver mon ski et de me faire plaisir. Personne ne m’enlèvera mes résultats de la saison passée, je n’ai pas vraiment besoin de les confirmer en soi.

On vous avait quitté au fond d’un filet de sécurité à Aspen en mars dernier. Ça va mieux?

Oui, ma rééducation s’est bien passée. Je n’ai quasiment pas eu de douleur à mon genou touché (ndlr: le droit, lire ici). Ma préparation sur les skis s’est également très bien passée. Je me suis laissé le temps de retrouver de la confiance. Je suis content de mon niveau ici même si je ne pense pas qu’il s’agira de mes meilleures courses. J’aimerais surtout bien performer à Wengen et Kitzbühel, un petit peu comme tout le monde. Je ne mets pas de pression de résultat et je veux surtout kiffer la vie que j’ai. C’est celle dont j’ai toujours rêvé.

On a échangé avec votre préparateur physique Patrick Flaction cette semaine. Il nous a confié que vous étiez plus fort que jamais. C’est juste?

(Rires). Je ne sais pas… La préparation physique s’est bien passée, oui. Après, ça ne veut pas dire que je serai rapide sur les skis pour autant.

Commencer la saison à Zermatt, sur une piste que personne ne connaît, c’est une chance pour vous, qui n’avez pas forcément encore autant d’expérience que certains autres descendeurs?

Oui, mais je pense malgré tout que les skieurs avec de l’expérience auront l’avantage. C’est une piste plus réputée “glisseurs”. Il faut donc de l’expérience ou un don particulier pour ça. Mais je compte bien saisir ma chance.

Vous n’avez que 23 ans. Quel est votre rôle sur le Cirque blanc désormais?

Je pense que je suis encore un “rookie” (rires).

Mais vous pouvez tout de même profiter désormais d’une certaine expérience, non? Vous êtes toujours en apprentissage?

Il faut profiter de cette expérience mais aussi profiter des autres, de leur expérience à eux. C’est comme ça que je pourrai m’améliorer.

Sentez-vous que votre statut a changé?

Je sens que beaucoup de gens, beaucoup de médias, des sponsors s’intéressent à moi, c’est vrai.

Vous profitez malgré tout d’avoir une équipe très forte, avec des athlètes qui attirent beaucoup l’attention à l’image de Marco Odermatt…

Oui, Odi attire beaucoup d’attention. Pour nous, ce n’est que du positif. On a suffisamment de place pour montrer nos sponsors mais lui prend la pression des médias. Il le fait très bien.

De qui vous inspirez-vous le plus dans cette équipe?

Je ne vais pas plus vers l’un que vers l’autre. J’essaie de prendre ce qui me plaît dans le ski et l’attitude de chacun.

Y a-t-il un axe sur lequel vous avez particulièrement travaillé durant l’été?

On a pas mal travaillé sur le départ, sur les sauts, sur le déclenchement et aussi sur ma position sur les skis. J’estime avoir bien progressé pour le futur. J’ai fait un bon pas en avant, même si les résultats ne suivent pas tout de suite.

C’est comme ça que vous allez pouvoir gagner en constance sur l’ensemble de certaines pistes?

Oui, en quelque sorte. Les parties techniques, je suis toujours parvenu à assez bien les maîtriser. Les parties de glisse, j’ai besoin d’encore un petit peu de temps là-dedans. Je travaille dessus.

Avez-vous l’impression parfois de prendre trop de risques?

Non, pas vraiment. Sur certains sauts, peut-être mais c’est tout et j’y travaille. En général, j’ai même l’impression d’avoir pris moins de risque que les autres.

Retrouver Alexis Monney dans le top 10 en descente et en super-G, c’est possible?

Cette saison? Je signe tout de suite mais je pense que c’est encore un peu loin.

Derrière vous, la relève romande arrive! Ça fait du bien de parler français dans cette équipe de descente?

Oui, c’est cool. Ce n’est plus forcément moi qui doit demander des conseils en allemand mais au contraire, je peux aussi les donner en français. Ça fait plaisir!

Laurent Morel, Zermatt