Le chemin après une grave blessure est long et Yannick Chabloz l’a expérimenté ces dernières semaines. Le troisième des Mondiaux juniors en super-G en 2020, blessé au poignet gauches aux Jeux olympiques de Pékin, a en effet dû prendre son mal en patience, emprunter un chemin fait de hauts et de bas, avant de pouvoir finalement prendre un premier départ en Coupe du monde cette saison à Val Gardena. D’abord écarté par les entraîneurs pour la première descente sur la Saslong, il a été sélectionné pour le super-G, annulé en raison de la météo, puis a enfin pu s’élancer, lors de la descente.

« Je ne suis pas encore à 100% »

« Je suis très content d’être de retour même si ça ne suffit pas pour être dans les points, a lâché tout sourire le 33e de l’ultime épreuve disputée dans la station des Dolomites. C’est agréable de retrouver de bonnes sensations. J’ai eu quelques pépins dans ma manche alors je sais où je peux encore gagner du temps. C’est rassurant. C’est probablement un petit déclic d’avoir pu descendre cette piste où j’ai fait un bon résultat l’an passé. Cela va m’aider pour la suite. »

Treizième à la surprise générale il y a douze mois en Italie, Yannick Chabloz a réalisé certains très bons passages, lui permettant de prouver qu’il n’est plus si loin de son meilleur niveau. « Le ski est là, confirme le Nidwaldo-Vaudois. J’ai montré que j’avais ma place ici. Cependant, je ne suis pas encore à 100%. Mon poignet m’embête encore un petit peu et je skie avec une attelle. » Quelque peu gêné donc, le skieur de 23 ans trouve petit à petit des solutions. « Le départ va étonnamment bien. Dans le virage, il me manque un petit peu un appui avec le bâton qui m’est utile pour la coordination, décrypte-t-il. Je pense que j’arrive de mieux en mieux à m’adapter à cette situation et à skier vite malgré tout. »

Des qualifications compliquées mais motivantes

Et cette participation à la descente sur la Saslong est une bonne nouvelle également car elle lui permet d’engranger des kilomètres, ce qui n’est pas forcément chose facile en Coupe du monde et particulièrement en vitesse au sein d’une très concurrentielle équipe de Suisse. « Avec le niveau qu’il y a actuellement, la qualification est très compliquée, ajoute le frère du champion du monde de freeride Maxime. Après, ça rend la chose intéressante. Ça motive tout le monde à performer et à s’améliorer. Mais il faut aussi avoir un petit peu de chance pour avoir la possibilité de skier ces pistes et emmagasiner de l’expérience. Le système avec les qualifs est une bonne chose car les jeunes peuvent venir skier ces pistes. C’est très motivant. »

Le sourire retrouvé de Yannick Chabloz. (LMO/SkiActu)

Et Yannick Chabloz ne cherche pas à créer la polémique, même s’il n’a pas été retenu après avoir pourtant réussi un solide premier et unique entraînement à Val Gardena. « Je suis arrivé en Italie avec peu d’arguments pour moi, rappelle-t-il. J’ai fait un super résultat ici l’année passée mais mon début de saison est un peu médiocre. Je n’avais pas encore la confiance que j’avais douze mois plus tôt. Du coup, j’ai fait le premier entraînement en voulant prouver à moi-même et aux entraîneurs que j’avais ma place ici. J’ai bien réussi. C’était vraiment un déclic. » Un vrai pas en avant sur le plan personnel. « Le puzzle est complet, je peux aller vite. »

Le natif d’Aigle aura l’occasion de le prouver dès la semaine prochaine à Saint-Moritz, où il disputera deux descentes de Coupe d’Europe, avant, il l’espère, de retrouver la Coupe du monde sur la mythique Stelvio de Bormio entre Noël et Nouvel An.

Laurent Morel, Val Gardena