Il n’ont que 23 et 24 ans, mais Marco Odermatt et Loïc Meillard affichent déjà la maturité de skieurs qui compteraient plus d’une décennie de longévité sur le Cirque blanc. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que le Nidwaldien et le Valaisan sont considérés comme de véritables phénomènes. L’un et l’autre sont des talents précoces, tout juste étaient-ils majeurs qu’ils ont poussé leur premier portillon de départ en Coupe du monde. Deux skieurs qui dominaient les classes d’âge juniors et qui comptent huit titres de champions du monde juniors à eux deux. Et dès jeudi, en super-G, le duo part à la conquête des précieux métaux aux Mondiaux de Cortina d’Ampezzo.
Des médailles auxquelles Marco Odermatt et Loïc Meillard peuvent légitimement rêver, eux qui occupent les 2e et 5e places du classement général de la Coupe du monde. D’autant plus que les deux talentueux skieurs helvétiques n’arrivent pas en territoire inconnu. Ils ont eu la possibilité de goûter aux Mondiaux d’Åre il y a deux ans, et même aux Championnats du monde de Saint-Moritz et aux Jeux olympiques de PyeongChang pour Loïc Meillard. “Ces expériences sont d’une grande aide”, assure le skieur d’Hérémence qui avait échoué au pied du podium en géant il y a deux ans en Suède. “A Åre, j’étais déjà 5e de la première manche. Du coup, je sais ce que cela représente d’être devant. Il n’y a rien à perdre, tout à gagner, il suffit d’attaquer.”
“J’aimerais une médaille, peu importe où et quand. Ce qui importe c’est d’en ramener une”
Le duo va au devant d’un programme chargé puisque chacun de ses membres devrait disputer au moins quatre compétitions. Les deux hommes partageront le super-G et le géant. Marco Odermatt devrait être aligné en descente, où il est en qualifications internes, ainsi qu’en parallèle. Loïc Meillard, lui, prendra part au combiné et au slalom. De quoi aiguiser l’appétit des deux athlètes qui ont le potentiel pour ramener une breloque lors de chaque course à laquelle ils prennent part. “J’aimerais une médaille, peu importe où et quand. Ce qui importe c’est d’en ramener une”, lance un Marco Odermatt ambitieux. Des desseins partagés par Loïc Meillard. “Seules les trois premières places comptent et l’objectif est clairement de repartir avec une médaille. La chance est que si je termine 5e ou 6e, je sais que j’ai la possibilité de rebondir.”
Lors du super-G qui va inaugurer la terrible piste “Vertigine”, Marco Odermatt se présente en véritable prétendant au titre mondial. Ses deux podiums à Kitzbühel et à Garmisch-Partenkirchen lors des deux dernières épreuves disputées dans la discipline en font un candidat sérieux aux côtés des Autrichiens Vincent Kriechmayr et Matthias Mayer, mais également du Norvégien Kjetil Jansrud ou encore de l’Italien Dominik Paris.
Dans une spécialité où le feeling est primordial, la science de la course du skieur d’Hergiswil peut être un atout non négligeable. “C’est une discipline très difficile où la confiance fait la différence.” D’autant plus que, comme l’ensemble de ses rivaux, il découvrira une piste qui n’a encore jamais été skiée en Coupe du monde. “Je peux m’appuyer sur d’excellents résultats depuis deux ans”, rappelle celui qui avait remporté la saison dernière son premier succès en Coupe du monde à Beaver Creek en super-G.
Les progrès fulgurants de Loïc Meillard en vitesse
Dans son sillage, Marco Odermatt tire également Loïc Meillard. En l’espace de seulement cinq super-G disputés sur le front du Cirque blanc, le skieur d’Hérémence s’installe progressivement parmi les meilleurs athlètes de la discipline, parvenant à améliorer sa meilleure performance lors de chaque sortie. “Ma progression est plus rapide qu’imaginée, mais ce n’est une surprise”, confesse le Valaisan qui a terminé 7e à Garmisch-Partenkirchen samedi dernier. *Cela fait plusieurs années que je m’entraîne également dans cette discipline et les jours supplémentaires disponibles cette saison m’ont aidé à faire un pas en avant.”
Avec le leader de la Coupe du monde, le Français Alexis Pinturault, les suiveurs placent Loïc Meillard comme le skieur le plus polyvalent et complet du circuit. “Il m’est égal de savoir si je suis un spécialiste de technique, un généraliste ou un spécialiste de descente. Ce que je sais est que je continue de progresser”, se réjouit l’Hérensard qui apprécie le super-G où il peut évoluer “à l’instinct”. “Je n’ai jamais besoin de beaucoup de temps à la reconnaissance. Mais il n’est jamais facile de trouver le juste milieu entre l’attaque et le contrôle. J’essaie à chaque fois d’améliorer ce point.” Reste que Loïc Meillard sera un sérieux outsider dans cette discipline. “Une médaille est toujours possible sur une surprise ou un malentendu”, glisse-t-il, sous-estimant presque son potentiel.
Car, que ce soit Marco Odermatt ou Loïc Meillard, tous deux sont prêts à briller sur le toit du monde.
Mauro Caviezel finalement au départ du super-G
La question est longtemps restée en suspens, mais Mauro Caviezel sera sur le coup des 13 heures, au départ du super-G des Championnats du monde de Cortina ce jeudi. Il s’agira de la toute première course depuis plus d’un mois pour le tenant du Globe de la spécialité, qui s’était blessé à l’entraînement en début d’année à Garmisch-Partenkirchen. Victime d’une lésion ligamentaire au genou gauche et d’une grosse commotion cérébrale, le médaillé de bronze du combiné de Saint-Moritz avait annoncé son retour à la compétition le week-end dernier en Bavière, avant d’y renoncer au dernier moment. “Mon genou va bien, même si je ressens encore quelques douleurs à la tête. Le problème est avant tout visuel”, glisse-t-il en assurant “que tout n’est pas comme avant*. “Mais je suis confiant car tout peut évoluer rapidement. J’ai continué à m’entraîner et à me préparer en conséquence”, assurait-il en début de semaine.
Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo