Le cri de joie de Marco Odermatt, au moment de franchir la ligne d’arrivée, a retenti jusqu’au sommet de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau. Si ces majestueuses montagnes dominent le panorama de Wengen, le prodige suissse lui regarde de haut toute concurrence sur une piste du Lauberhorn qu’il a survolée de sa classe. « Ma course était vraiment belle. D’un point de vue de la performance, c’est peut-être la meilleure de ma carrière en descente », se réjouit le Nidwaldien qui signe le doublé dans la discipline reine à Wengen, alors qu’il n’avait, avant ce week-end, jamais triomphé en descente.

Seul l’incroyable Français Cyprien Sarrazin a tenu la dragée haute à « Odi », en échouant tout de même à 0 »59 du Suisse. Derrière l’extraterrestre et le skieur tricolore, le reste de la meute se contente des miettes, regardant depuis en bas, à près de deux secondes, le patron du ski mondial lui montrer qu’elle ne concourt pas dans la même catégorie. « Il fait encore une manche incroyable. Partout, sur la partie technique, il excelle. Il est si rapide, il fait tout juste », admire Dominik Paris qui a pris la 3e place de l’épreuve, loin derrière le vainqueur du jour. Cette démonstration rappelle celle des Mondiaux de Courchevel, lorsque Marco Odermatt était devenu champion du monde de descente il y a une année, au prix d’une course dont lui seul possède le secret. « On peut clairement comparer les deux événements qui étaient parfaits », sourit le skieur d’Hergiswil.

Aux côtés des plus grands

Reste que Marco Odermatt n’a pu totalement de se réjouir de son 30e succès en Coupe du monde. Son rival, mais néanmoins ami, Aleksander Aamodt Kilde a terminé sa descente à l’hôpital après avoir chuté dans le dernier virage. Le Norvégien rallonge la liste des blessés lors de ce séjour bernois. « Au niveau des émotions, c’est difficile de profiter pleinement », avoue le Suisse. « C’est clair que c’est une victoire incroyable, mais les chutes atténuent la joie. Les nombreuses et longues interruptions n’aident pas non plus à l’équité de la course. »

Au final, Marco Odermatt inscrit son nom à l’une des deux plus belles classiques, au côté des skieurs helvétiques tels que Peter Müller, William Besse, Bruno Kernen, Didier Défago, Carlo Janka ou Beat Feuz, entre autres, qui se sont imposés sur le « grand » Lauberhorn avant lui. Un dessein dont il avait fait sa priorité avant ce début de saison. « Je voulais vraiment gagner cette descente, car jeudi ce n’était pas le « vrai » Lauberhorn. Je peux désormais rayer cet objectif de ma liste des choses que je voulais réaliser dans ma vie. »

Objectif doublé Wengen-Kitbühel

Le second grand but de son hiver arrive dès la semaine prochaine avec la descente de Kitzbühel. « C’est la dernière course que je rêve de gagner », assure Marco Odermatt qui ne se met pas de pression avant d’affronter la Streif. « La forme est là, mais tranquille, il faut rester vigilant avec la tête. »

En Autriche, le duel Odermatt-Sarrazin promet de nouvelles étincelles.

Johan Tachet, Wengen