L’automne a peu à peu pris possession de notre pays avec ces beaux sommets saupoudrés d’or blanc. L’hiver frappe à la porte et, avec, l’impatience de retrouver la Coupe du monde de ski. À un peu plus de trois semaines du coup d’envoi de la saison sur le glacier du Rettenbach de Sölden, les meilleurs skieurs de la planète affutent leurs carres. Marco Odermatt et Loïc Meillard sont en pleine forme, et prêts à en découdre pour jouer le classement général, tout comme Lara Gut-Behrami, prête à défendre son grand Globe de cristal.
Derrière les trois têtes d’affiche suisses du dernier hiver, plusieurs autres athlètes rêvent de briller. Et plusieurs d’entre eux et elles sont d’ailleurs passés par la case blessure ces derniers mois. Pour certains une petite pause a été nécessaire, d’autres ont dû patienter plus longuement, comme Wendy Holdener qui s’est fracturée la cheville peu avant Noël passé, avant d’entreprendre plusieurs semaines de rééducation. La majorité des athlètes recouvre progressivement leurs meilleures dispositions. Petit état des lieux des troupes helvétiques.
Corinne Suter: objectif Beaver Creek
L’hécatombe avait frappé l’Olimpia delle Tofane en janvier dernier. À Cortina d’Ampezzo, Mikaela Shiffrin, Michelle Gisin, Joana Hählen et Federica Brignone s’étaient blessées. Mais si les quatre skieuses avaient pu reprendre la compétition plus tard dans la saison, ce n’était pas le cas de Corinne Suter, victime d’une déchirure de ligament croisé antérieur et d’une lésion du ménisque interne au genou droit. Opérée dans l’enchaînement, la championne olympique de descente a dû réapprendre la patience. “J’écoute mon genou, je ne dois rien précipiter”, assure-t-elle 8 mois après son accident.
La Schwytzoise a déjà pu faire du ski libre à Zermatt, mais sans forcer. “Je ne sais pas encore combien de temps va prendre la dernière étape de ma rééducation.” La première épreuve de vitesse est agendée le 14 décembre à Beaver Creek. “J’aimerais bien être au départ.” Mais la skieuse qui vient de fêter ses 30 ans n’entend pas se risquer non plus. “J’essaie de prendre jour après jour, pas après pas et cela se passe bien pour le moment. Mon corps répond, mais je dois rester attentive.”
Malorie Blanc: heureuse de skier à nouveau
Malorie Blanc a débarqué avec ses béquilles dans la Hall de Dübendorf. Pas de rechute pour la talentueuse skieuse valaisanne de 20 ans qui venait tout simplement rendre ses cannes à l’équipementier qui fournit également des bâtons. Une nouvelle étape pour la championne du monde juniors de super-G qui, comme Corinne Suter, vient de rechausser les spatules. C’était le 15 septembre dernier sur le glacier à Zermatt pour du ski libre. “J’ai dû attendre que tous les tests soient positifs avant de retrouver la neige”, explique l’Ayentôte qui s’était gravement blessée au genou gauche en Coupe d’Europe à Crans-Montana.
Revenir sur les skis a été “émotionnellement très fort” pour Malorie Blanc. “J’avais des crampes aux joues tellement j’étais heureuse. Je pens que la seule fois où j’ai éprouvé autant de bonheur, c’était à Châtel lors des Mondiaux juniors.” La triplé médaillée de ces Championnats du monde a déjà pu effectuer quatre jours de ski libre. De nouveaux tests sont prévus en début de semaine prochaine. “J’espère pouvoir envoyer dans les piquets ensuite”, rigole-t-elle. “J’aimerais reprendre le cours de ma carrière là où je l’ai laissé.” Dans un coin de la tête, Malorie Blanc souhaiterait vivre ces prochains mois son baptême en Coupe du monde. Mais ce ne sera pas à Beaver Creek qui arrive encore trop tôt. Elle ne sera d’ailleurs pas non plus en camp d’entraînement avec l’équipe de vitesse helvétique à Copper Mountain les jours précédents les première épreuves de vitesse de l’hiver. “Je vais dans un premier temps me concentrer sur la Coupe d’Europe.”
Arnaud Boisset: des objectifs en hausse
Arnaud Boisset avait connu un petit coup d’arrêt dans sa préparation estivale mi-août. Une chute à Saas-Fee l’a contraint au repos six semaines après une blessure au plateau tibial du genou droit. “Cela ne devrait pas trop prétériter mon début de saison. J’ai manqué huit à dix jours de ski au total. Je suis surtout content que ce ne soit pas arrivé l’été précédent lors duquel j’avais dû effectuer de nombreux tests de matériel”, mentionne le Martignerain qui vient tout juste de reprendre le ski libre. “J’attaque les piquets la semaine prochaine.”
Après avoir conclu son premier hiver sur le Cirque blanc avec un podium lors du super-G des finales de Saalbach en mars, le Valaisan de 26 ans veut encore progresser dans la hiérarchie mondiale. “Il va falloir confirmer cet hiver, car il y aura d’autres attentes. Mais je reste décontracté car je sais aussi que je n’ai rien à perdre. Je signe tout de suite pour la même saison que la dernière.” Onzième du classement de super-G, c’est en descente qu’Arnaud Boisset entend s’améliorer. “J’aimerais m’installer dans le top 30.”
Ramon Zenhäusern: une préparation solitaire pour soigner son dos
Après une décennie sur la Cirque blanc, Ramon Zenhäusern vient de connaître son moins bon hiver. Le longiligne slalomeur haut-valaisan, pourtant encore 3e de la hiérarchie mondiale il y a un an, a échoué au 27e rang de sa spécialité l’hiver passé. La faute notamment à des problèmes de dos qui l’ont handicapé durant une grande partie de l’hiver. “Aujourd’hui, je n’ai plus de douleur”, savoure l’homme aux sept victoires en Coupe du monde.
Pour se soigner au mieux, il ne s’est pas rendu en Amérique du Sud avec le reste de l’équipe de slalom. Il s’est entraîné seul à Saas-Fee. “J’en ai également profité pour faire du pilate et du renforcement. Désormais, je me sens bien dans mon corps.” Ramon Zenhäusern se réjouit désormais de retrouver l’équipe de slalom. Mais il ne se focalise pas encore sur le prochain hiver où il faudra se battre dans le groupe pour obtenir l’un des quatre sésames pour être au départ des Championnats du monde de Saalbach en février. “Je ne me fixe plus d’objectif. Le seul est de rester en bonne santé afin d’être compétitif car le niveau en slalom est toujours plus élevé.”
Rémi Cuche et Gaël Zulauf: Une préparation qui diffère
Rémi Cuche et Gaël Zulauf avaient dû écourter leur dernier hiver. Le Neuchâtelois avait été victime d’une déchirure partielle du ligament croisé antérieur du genou gauche à l’entraînement à Kitzbühel, alors que le Vaudois avait été touché dans un premier temps à la cheville puis au talon pour rendre les armes début février. Rageant pour les deux jeunes skieurs romands qui se trouvaient aux portes d’une première apparition en Coupe du monde.
Depuis, les deux hommes ont retrouvé le sourire. Rémi Cuche a rechaussé les lattes avec trois jours de ski libre à Saas-Fee. “Ça va dans le bon sens”, explique l’athlète qui était monté sur son premier podium en Coupe d’Europe peu avant de se blesser. Gaël Zulauf. de son côté, certifie ne plus avoir aucune séquelle de sa fracture au talon. “Je n’ai plus de douleur. J’ai pu faire une préparation propre en ordre. Je suis confiant pour la suite.”
La suite justement, ce sera à Saas-Fee ces prochaines semaines pour les différentes structures d’entraînement élite de Swiss-Ski. Les deux athlètes s’envoleront ensuite avec leur groupe respectif, qui comprend également les Valaisans Christophe Torrent (avec le groupe Élite Coupe du monde de Gaël Zulauf) et Denis Corthay (avec le groupe Élite Coupe d’Europe de Rémi Cuche), pour le Canada et Panorama où les spécialistes de vitesse vont parfaire leur préparation avant les premières épreuves de Coupe du monde de l’hiver à Beaver Creek. Une descente et un super-G sont notamment au programme dans la station du Colorado et bien évidemment il y aura des places à prendre pour les jeunes skieurs romands.
Johan Tachet, de retour de Dübendorf