Il y avait énormément d’émotion au moment où Wendy Holdener a pris la parole devant une vingtaine de journalistes ce mardi à Dübendorf, lors de la journée médias de la semaine publicitaire de Swiss-Ski. “Je suis un peu nerveuse”, concède la championne schwytzoise qui prend pour la première fois la parole depuis le décès de son frère Kevin, emporté trop tôt par un cancer du pancréas fin février.
Les yeux embués, la skieuse d’Unteriberg a annoncé la sortie toute prochaine d’un documentaire (24 octobre sur SRF) dédié à son frère qui avait pris l’habitude de filmer sa vie au moyen d’une GoPro, avant d’être accompagné par un cameraman. “C’est très privé. Vous apprendrez une histoire que personne ne connaît”, lit dans un premier temps Wendy Holdener. “Et J’espère qu’on pourra réaliser le voeu de Kevin de cette façon. Il voulait peindre sa vie de manière positive, il voulait aider des gens qui sont atteint du cancer. Il voulait donner de la motivation à d’autres malades.”
Jamais penser à la retraite
Sept mois après le drame, Wendy Holdener assure “bien aller la plupart du temps”, soulignant l’importance de sa famille pour surmonter cette épreuve. “Nous nous sommes tous soutenus et entraidés. Avec le temps, on se remémore les moments heureux passés ensemble avec toutes les personnes qui l’ont côtoyé.” Naturellement, son frère lui manque. “À l’entraînement, il est toujours avec moi. Je pense sans cesse à lui.” Kevin était son plus fidèle allié que ce soit dans la vie ou sur la neige. C’était d’ailleurs lui qui s’occupait de toute la logistique de la carrière de sa soeur. “Kevin a planifié ma vie en quelque sorte. Il m’aidait pour tout ce qui concernait le sponsoring, le planning.” Aujourd’hui, c’est un ami de la famille qui s’occupe des affaires courantes de la skieuse.
Malgré les épreuves, l’idée d’un départ à la retraite n’a jamais traversé l’esprit de la skieuse qui arpente les pistes de Coupe du monde depuis 14 ans désormais. “Si Kevin était encore là, peut-être que j’aurais arrêté le géant, car j’aurais souhaité partager plus de temps avec lui et ma famille. Désormais, c’est différent. D’une certaine manière, je suis heureuse, j’aime le ski, je prends du plaisir”, poursuit Wendy Holdener. Elle s’était déjà rendue compte que la pratique de son sport lui manquait au moment où elle s’est retrouvée en convalescence après une fracture de la cheville à l’entraînement au mois de décembre dernier. “Le ski me manquait et je voulais revenir.”
Avec Jörg Roten comme coach
Mais entre la rééducation et le deuil, la double championne du monde du combiné n’a pas souhaité précipiter son retour à la compétition. Elle en a profité pour aller faire de l’héliski au printemps passé à Revelstoke au Canada pour honorer la mémoire de son frère qui avait toujours voulu skier dans la poudre nord-américaine. “Là aussi, j’ai vu à quel point j’adorais le ski et que j’étais motivée à poursuivre.”
Durant l’intersaison, Wendy Holdener a choisi de s’entourér de Jörg Roten. Le coach valaisan, qui a quitté l’encadrement du fantasque norvégien Henrik Kristoffersen en fin de saison dernière, aura la tâche de relancer la skieuse de 31 ans. “C’est motivant de découvrir des nouvelles idées, de travailler différemment, notamment d’un point de vue technique.” Si la Schwytzoise n’entend pas se fixer d’objectifs chiffrés pour le prochain hiver qui débutera dans un peu plus d’un mois à Sölden, elle reste bien évidemment ambitieuse. “J’essaie de m’améliorer tous les jours, de travailler sur moi-même. Bien sûr, j’aimerais revenir et viser les podiums en slalom.”
Pour la championne, cette saison n’est “pas un nouveau départ” pour autant. “Beaucoup de choses sont restées les mêmes. Je me sens bien, j’ai du plaisir à travailler, à skier et j’espère encore être meilleure”, termine-t-elle dans un sourire.
Johan Tachet, Dübendorf/SSW