Marco Odermatt a déjà tout gagné, mais une victoire en descente en Coupe du monde continue à lui filer entre les doigts. Cela ne l’a pas empêché d’être ravi de sa performance à Bormio, ainsi que de la 4e place de son grand pote Justin Murisier.

Ça doit être frustrant pour le meilleur skieur au monde actuellement de manquer une fois de plus la victoire en descente pour quelques centièmes. Mais Marco Odermatt avait néanmoins le sourire à Bormio jeudi après avoir signé ce qu’il a décrit comme la meilleure performance de sa carrière dans la discipline. Entretien.

Quelle course folle! Il s’en est fallu de si peu pour que vous remportiez la victoire devant Cyprien Sarrazin.

Oui vraiment. Je me suis senti bien, j’ai tout risqué. C’était une course parfaite, peut-être la meilleure de ma carrière en descente! J’étais presque sûr que ce serait assez (rires) et puis il m’a manqué ces 9 centièmes. C’est dommage, mais on voit une fois de plus aujourd’hui à quel point c’est serré. Et les centièmes peuvent aussi aller dans l’autre sens. Donc je suis très, très content. Ça m’est arrivé deux fois de franchir la ligne d’arrivée et de penser “Je ne peux pas faire mieux”. C’était à Courchevel (ndlr: aux Championnats du monde en février), où ça a suffi pour la victoire, et aujourd’hui. Mais je suis tout de suite allé vers Cyprien pour le féliciter parce que faire mieux, ce n’est pas possible.

Vous êtes très proche de Justin Murisier et étiez visiblement ravi aussi quand il a fini 4e.

Oui, sa saison a été très difficile jusqu’à présent. Nous faisons tout ensemble, alors je savais quelle importance cette course avait pour lui, et je savais aussi qu’il avait d’excellentes chances de faire un bon résultat vu les grand écarts (ndlr: le Canadien Cameron Alexander est monté sur le podium malgré un retard de 1’23 sur Cyprien Sarrazin. Justin Murisier a pu se ranger 4e à 1’81). Il fallait un mélange entre aller à fond et aller “piano”, doucement, sans exagérer. Il l’a super bien géré.

Marco Schwarz, votre grand rival pour le grand Globe de cristal, a chuté sur la Stelvio et a dû être héliporté. Que pense-t-on en tant que skieur quand on voit cela?

Ce n’est jamais agréable. Je connais mon programme et je suis conscient de l’énergie que ça demande. Et Marco fait une discipline de plus, ce qui est pour moi inimaginable. Aujourd’hui malheureusement, les forces nécessaires pour la descente la plus difficile du monde n’étaient plus là. J’espère que ce n’est pas aussi grave que ça en avait l’air.

C’est dommage aussi pour la chasse au Globe, qui promettait d’être encore plus passionnante cet hiver avec ce duel entre les deux Marco…

Oui, bien sûr. Mais on ne sait pas encore ce qui s’est passé. Peut-être, je l’espère, qu’il sera de nouveau parmi nous à Adelboden. J’ai aussi eu un choc à Kitzbühel la saison dernière où je me suis dit “La saison est finie”. Quelques jours plus tard, j’étais de nouveau dans le portillon du départ. Il faut attendre le diagnostic. Mais ça n’avait pas l’air positif.

Comment décide-t-on avant une course si on peut, si on doit, tout risquer ou non?

Je crois que c’est une décision qu’on prend intérieurement dans le portillon du départ. Hier soir, je me suis déjà senti un peu différent. J’ai su que tout fonctionnerait aujourd’hui, je me suis senti bien, sûr de moi, j’avais un plan très précis. Hier déjà, j’ai su que je donnerais tout ce que j’avais. L’année dernière, c’était exactement l’inverse: je me suis retrouvé au départ et j’ai su que j’irai juste chercher des points. Aujourd’hui, je voulais gagner et j’ai donc skié pour ça.

LMO/SSW, Bormio