Il aura fallu attendre 2226 jours. Plus de six ans avant que Lara Gut-Behrami retrouve la plus haute marche du podium d’un géant de Coupe du monde. La championne du monde en titre de la discipline a donc mis fin à une énorme période de disette en découpant la piste Superstar de Killington. Ce succès, dès la première course de sa saison, a eu le mérite de réjouir comme rarement la Tessinoise, qui a pu profiter de l’ambiance mise par les 21’000 (!) spectateurs présents dans le Vermont, un record. C’est donc avec le sourire que la championne olympique de super-G a répondu à nos questions.
Lara Gut-Behrami, on décèle un large sourire sur votre visage, ça fait plaisir. Il a fallu attendre longtemps ce début de saison mais ça valait la peine, non?
Oui, c’est clair, c’est génial de commencer comme ça! C’était un début de saison particulier car il a fallu chercher des solutions pour continuer à skier, pour garder le rythme. C’est d’autant plus cool d’enfin commencer la saison et de réussir à produire ce que j’ai produit aujourd’hui en géant, ça fait plaisir.
On a vu que votre ski était solide et fluide sur une piste qui ne vous avait pour l’instant pas beaucoup réussie. Ce succès permet aussi de valider votre bonne préparation.
Oui, surtout qu’en effet, ça reste une piste sur laquelle j’ai toujours eu pas mal de problèmes. C’est assez plat et il faut vraiment réussir à produire de la vitesse. Je n’avais encore jamais trouvé la clé avant aujourd’hui. En plus, les conditions atmosphériques étaient un petit peu particulières avec passablement de vent et j’ai toujours eu des soucis à trouver de bonnes sensations dans ce cas. En plus, les deux manches étaient très différentes. La première tournait beaucoup, ce n’est pas ce que je préfère. La deuxième un petit peu moins, mais j’ai à chaque fois réussi à produire du bon ski. C’était vraiment agréable.
Le géant, c’est un petit peu le baromètre de votre ski. Commencer comme ça, avec les épreuves de vitesse qui vont s’enchaîner la semaine prochaine, c’est donc tout bénef’?
Oui, mais surtout, ce qui est pris n’est plus à prendre. Je veux rester pragmatique. Après, Lake Louise, on sait que c’est toujours un challenge pour moi, surtout en descente (ndlr: un podium et 7 top 10 en 23 départs)… Mais j’ai pris du plaisir aujourd’hui, alors j’espère pouvoir continuer dans cet esprit, profiter, rester relâchée et produire du bon ski.
Votre dernière victoire en géant remontait à 2016 . Ça montre que vous êtes vraiment de retour au top. Vous montrez votre meilleur ski en ce moment?
Non, je pense pas. Je cherche simplement à être solide. La saison passée était certes bizarre, mais j’ai quand même fait des podiums en géant, et il y a eu la médaille (ndlr: de bronze aux Jeux olympiques de Pékin). C’était déjà du ski très solide, donc je suis contente de repartir du même pied et peut-être même encore un peu mieux. Je travaille là-dessus. J’espère continuer sur ce rythme.
Vous avez recommencé à montrer de très belles choses ces deux derniers hivers, mais il vous a peut-être encore manqué un tout petit peu de régularité. C’est quelque chose sur quoi vous travaillez?
Bon, il y a deux ans, c’était déjà mieux que l’année passée, lorsque j’ai connu des soucis physiques sur lesquels je ne vais pas revenir. Mais bon, pour l’instant, il n’y a eu qu’une course, alors il ne faut pas non plus s’enflammer et trop se projeter sur la saison. Cependant, c’est sûr que de réussir une telle performance dans des conditions pareilles, ça me permet d’engranger une bonne dose de confiance et me motive pour les prochaines échéances.
Laurent Morel, Killington