De l’or blanc à revendre et un soleil radieux pour inonder les sommets du Tyrol autrichien. L’image avait tout de la carte postale samedi sur les hauteurs de Gurgl. La pari de lancer la saison de slalom un mois plus tôt qu’à l’accoutumée a donc été payant, malgré l’intervention malvenue d’activistes pour le climat. Si on n’a pas atteint les niveaux de popularité des fameuses épreuves d’ouverture de la station voisine de Sölden, la tenue d’une course sur la difficile Kirchenkar de Hochgurgl restera une vraie réussite. Tous les athlètes étaient ravis dans l’aire d’arrivée. De quoi donner évidemment des idées à la FIS pour le futur.

Il n’y avait qu’à voir les quelque 8300 spectateurs “rot-weiss-rot” qui ont fait l’effort de grimper les quelques centaines de mètres nécessaires pour atteindre l’aire d’arrivée et se convaincre du succès de la manifestation, synonyme de première course masculine de l’hiver. Et au delà de la Schlager qui résonnait dans les (petites) tribunes mises en place, la réussite sportive à également été assurée, même si la piste a plus “marqué” qu’attendu. Et ce, pas uniquement grâce au triplé autrichien… La force de Gurgl, c’est sa neige quasiment assurée dès mi-novembre grâce à son altitude. Le départ du slalom est fixé à 2475 mètres d’altitude et l’arrivée à 2265 mètres.

Gurgl, pendant huppé de Sölden

Une altitude qui, si elle offre une sécurité en terme d’enneigement, n’est pas sans ajouter quelques difficultés sur le plan organisationnel. Pour rejoindre l’aire d’arrivée, il faut se parquer avant d’atteindre la station et prendre une première navette avant de pouvoir rejoindre l’objectif à pied ou à skis. Et ce n’est pas toujours simple de demander pareil effort aux nombreux VIP présents, dans la station huppée de Gurgl. Ici, le public n’est pas le même qu’à Sölden, où les débris de verre ornent le sol chaque soir. Les organisateurs l’ont bien compris. Pour le tirage au sort et la remise des prix, il est ainsi possible de se procurer des billets à 169 euros afin d’assister bien au chaud à l’événement, repas et boissons compris tout de même.

En Autriche, lorsqu’on parle de ski, on sait trouver des solutions. La proximité de Sölden facilite le logement. L’immense, impressionnant et ultra moderne musée de la moto situé proche de l’aire d’arrivée a lui été réquisitionné et fait office de salle de presse et de zone d’accueil pour les invités. Et si devant, un héliport a été mis en place, personne ou presque ne s’en offusque, contrairement à ce qui est le cas à Zermatt. Idem pour les “Audi” qui servent de “shuttle médias” entre la station et la zone de course.

Un géant dans les tuyaux

Dans sa recherche perpétuelle de solutions dans un calendrier ultra critiqué, la FIS s’est peut-être enlevé une épine du pied. Si organiser des courses à Zermatt/Cervinia reste pour l’heure un rêve inassouvi, la solution Gurgl semble se dessiner naturellement. Un géant, tout à fait imaginable en terme technique, pourrait même se retrouver au programme dès la saison prochaine, afin d’offrir aux suiveurs du Cirque blanc un deuxième week-end complet dans l’Ötztal avec celui de Sölden. “C’est possible, nous a confirmé Markus Waldner, patron de la Coupe du monde masculine. On doit encore en discuter. Nous avons déjà homologué la piste, mais il faut qu’on puisse s’assurer d’avoir suffisamment de neige.”

Organiser des courses à de telles altitudes n’est jamais une assurance en terme de météo. “On est au dessus de la limite des arbres, rappelle Markus Waldner. S’il fait mauvais temps, il n’y a pas de course, il faut avoir un peu de chance.” Présidente de la fédération autrichienne (ÖSV), en charge de ces courses, Roswitha Stadlober nous a elle aussi confirmé son intérêt. “Oui, c’est un projet, mais nous n’avons pas toutes les cartes en main.” Cette saison déjà, la FIS avait approché les organisateurs pour leur proposer de reprendre le géant annulé en ouverture de saison. Ceux-ci avaient sagement repoussé la proposition, afin de ne pas risquer de manquer cette première.

Levi de retour?

Mais leur pari, réussi, devrait donc leur ouvrir des portes pour la saison prochaine. Car le calendrier de novembre reste très difficile à remplir pour les messieurs. La solution de Levi, préconisée par de nombreuses équipes qui s’entraînent de toute façon régulièrement en Laponie, pourrait également ressortir rapidement du chapeau de Markus Waldner et de son équipe. Pour rappel, la station finlandaise n’accueille plus que les dames depuis “la période Covid-19”, alors que les meilleurs slalomeurs y avaient également leur place auparavant. “Ce sont les équipes qui nous avaient demandé d’arrêter pour éviter un voyage coûteux vers le Nord pour une course et maintenant, tout le monde retourne s’entraîneur là-bas”, souffle le directeur de la Coupe du monde masculine, qui sourit à l’heure d’évoquer le retour de la Coupe du monde masculine au pays du Père Noël.

On pourrait donc imaginer un enchaînement Sölden – Zermatt/Cervinia – Levi – Gurgl, dans le désordre, avant le déplacement en Amérique du Nord pour les courses de vitesse de Beaver Creek (USA). Depuis le retrait de Lake Louise, aucune autre solution n’a pour l’heure été trouvée pour offrir un week-end supplémentaire aux skieurs outre-Atlantique.

Laurent Morel, de retour de Gurgl