Le slalom de Gurgl, qui inaugurait la saison masculine de Coupe du monde, a offert du “spectacle” sur et hors de la piste. Après le second passage de l’Autrichien Marco Schwarz, plusieurs personnes se sont introduites dans l’aire d’arrivée de la station autrichienne pour protester en jetant de la peinture orange et déployant des banderoles. L’action est revendiquée par des activistes du climat du collectif “Last Generation”.

La sécurité semblait aux abonnés absents dans un premier temps, puisque personne n’a réagi dans les premières secondes. C’est même le champion du monde norvégien Henrik Kristoffersen qui a voulu en découdre avec certains d’entre eux. Il a dû être retenu par le staff de la FIS, de la fédération autrichienne et de la course. La police a finalement pu intervenir.

Marc Rochat remonté

“Que peuvent faire les organisateurs?”, s’est interrogé Marc Rochat. “Ils ont bossé comme des chiens. On est à 3000 mètres d’altitude (ndlr: entre 2200 et 2500), il y a de la neige, c’est l’hiver. Cette mauvaise publicité pour notre sport vis-à-vis de personnes qui travaillent comme des fous pour que l’on puisse skier m’attriste. Plus que de la haine, c’est de la déception et de la tristesse. Je ne veux pas jeter la pierre à la FIS qui nous organise plus de courses pour nous. C’est notre gagne-pain. Ces gars sont gentils de nous dire que l’on doit boycotter des courses. Mais nous sommes des professionnels alors comment on gagne notre vie autrement? Regardez ce qui se passe dans d’autres sports, comme la Formule 1 à Las Vegas et arrêtez de nous emmerder.”

La course a été interrompue durant une douzaine de minutes, le temps que l’aire d’arrivée soit nettoyée et les activistes arrêtés. Les six derniers skieurs ont ensuite pu s’élancer, les Autrichiens réussissant un véritable carton sur leur neige. “C’est dommage”, a ajouté Loïc Meillard, qui en qualité de 4e de la première manche, a dû patienter au départ. “Chaque minute qui passait, les nuages arrivaient un peu plus. La visibilité est devenue moins bonne. Pour ça, ce n’était pas forcément correct envers les athlètes qui font leur travail.” Le Valaisan a pris son mal en patience. “On a entendu qu’il y avait des manifestants et on a tous rangé les skis et desserré les chaussures, raconte-t-il. Tu dois attendre, t’es dans l’inconnu. Mais il faut rester cool. Ça reste une interruption comme on en l’habitude à cause des blessures ou d’autres choses. Sauf que celle-ci était inutile…”

Daniel Yule n’aime pas la méthode

Connu pour défendre la cause environnementale, Daniel Yule n’a pas non plus apprécié cette manière de procéder. “Je n’ai pas envie d’être moralisateur, mais de nos jours il est difficile de nier qu’on a un problème”, a toutefois rappelé le Valaisan. “Je crois que tout le monde en a pleinement conscience. En même temps, je crois que cette action aujourd’hui ne rend service à personne ni même au climat. Ce genre d’intervention ne donne pas envie de s’investir. Je suis le premier à dire qu’on a un problème et qu’on doit changer des choses. Mais est-ce en procédant de cette manière qu’on va y arriver? J’en doute. Il est plus important d’informer, d’éduquer et d’essayer de faire changer les mentalités petit à petit que par des actions choc de la sorte.”

Daniel Yule prône la patience: “Je ne suis pas devenu un skieur de Coupe du monde du jour au lendemain et on ne va pas devenir une planète “parfaite” au niveau climatique du jour au lendemain. Il faut bien commencer quelque part, c’est un long chemin. Ce genre de variante ne rend pas service, surtout ici, où on a eu des magnifiques conditions hivernales. Bien sûr, peut-être que la saison prochaine, on manquera de neige mais aujourd’hui, c’était plutôt une belle publicité pour le ski alpin.”

Et le vainqueur du dernier slalom de Kitzbühel a compris la réaction d’Henrik Kristoffersen, qui a voulu défendre son compatriote Alexander Steen Olsen, qui a dû attendre de longues minutes dans le portillon de départ: “Aujourd’hui, ils ont peut-être gâché la course de certains skieurs, c’est vraiment dommage.”

JT/LMO, Gurgl