Il y a dix jours, c’est sous le soleil de Sardaigne que Fanny Smith a appris la bonne nouvelle, une bonne surprise. La médaille de bronze olympique, que le jury de course lui avait scandaleusement retirée, a été récupérée par la skieuse de Villars à la suite d’une décision de la commission d’appel de la FIS.

La Vaudoise attend désormais de recevoir en main propre sa seconde médaille olympique après celle de PyeongChang pour définitivement tourner la page de cette finale qui lui a énormément coûté émotionnellement. Désormais, elle entend se tourner vers l’avenir et Milan-Cortina 2026, les prochains Jeux auxquels elle a promis de participer.

Fanny Smith, on imagine votre soulagement au moment où vous avez appris que vous récupériez votre médaille de bronze olympique...

Justice a été faite. Depuis ma disqualification, j’ai vécu deux semaines très compliquées. J’avais un sentiment de pure injustice. Dès le début, je savais que je n’avais pas commis d’erreur (ndlr: les juges avaient estimés que Fanny Smith avait commis un écart de ski involontaire pour lui donner un carton jaune et la déclasser en finale). Tout le monde l’avait vu de l’extérieur, les médias, les athlètes, les anciens, tout le monde était avec moi et tout le monde était choqué. Je suis extrêmement heureuse de récupérer cette médaille. Ils m’ont volé la médaille et toutes les émotions qui allaient avec.

Immédiatement après la compétition, vous avez décidé de vous battre juridiquement, avec raison donc, pour récupérer votre dû.

Je ne pouvais pas accepter cette décision, qui était injuste. Le plus triste là-dedans, c’est le tort causé à notre sport. Il va falloir qu’il y ait des discussions, des réflexions pour le futur de notre discipline, car les choses qui se sont déroulées à Pékin ne sont pas admissibles. Je me suis toujours battue par mon sport et je ne veux pas aller dans la direction prise lors de ces Jeux olympiques. C’est aussi pour cela que l’on a fait une demande pour que Daniela Maier (ndlr: l’Allemande a été médaillée dans un premier temps puis classée 4e par la commission d’appel de la FIS) puisse également garder sa médaille de bronze car elle n’y est pour rien dans tout ce qui s’est passé.

Pensiez-vous concrètement que les instances de recours allaient vous donner raison, lorsque l’on sait qu’elles sont peu enclines à le faire?

Honnêtement, je ne pouvais simplement pas laisser passer cette injustice. Faire recours était ma décision, mais également celle de de Swiss-Ski vis-à-vis du sport. Je savais que je n’avais rien fait de faux, qu’ils allaient s’en rendre compte en analysant encore et encore la séquence. Mais il est vrai qu’avec les instances dirigeantes, on ne connaît jamais vraiment le dénouement.

Comment avez-vous vécu les heures et les jours qui ont suivi la compétition?

J’étais dans un cauchemar éveillé. A ce moment-là, il était impossible pour moi de communiquer. Je n’avais pas la force d’en parler, de communiquer. Le summum dans l’histoire, c’est que je disais à la dame du contrôle antidopage, qui était toute gentille, que je ne voulais pas faire son contrôle. Pendant le reste de la journée, j’étais en contact avec Swiss-Ski et ses avocats. J’ai fini ma journée à 3 heures du matin. Le jours qui ont suivi étaient compliqués. Je suis restée jusqu’au lundi en Chine, car je ne vouais pas rentrer et faire face aux différentes obligations. Je suis ensuite directement partie en Sardaigne une semaine pour me ressourcer, mais surtout être au calme et c’est là que j’ai appris la bonne nouvelle.

Pendant ces moments difficiles, avez-vous ressenti le soutien des fans?

Voir l’engouement d’énormément de personnes dans le monde du sport et particulièrement en Suisse a été la plus belle et la seule chose qui m’a permis de continuer lors de ces journées pénibles. J’ai été très émue et je le suis même encore maintenant. Je vais retenir tous ces messages de soutien que j’ai reçus. Tout le monde avait raison et c’est cela qui est magnifique.

Tout est bien qui finit bien…

Je serai à 100% soulagée quand j’aurai la médaille dans les mains. Mais ce que je retiens, c’est le chemin parcouru pour l’obtenir, d’avoir pu prendre le départ malgré ma blessure et de m’être battue pour la médaille.

Il reste encore deux week-ends de Coupe du monde. Serez-vous au départ à Reiteralm et à Veysonnaz pour les finales?

Oui, j’y serai. Je vais me rendre à Reiteralm en prenant les compétitions comme un entraînement. Je ne veux pas prendre de risque par rapport à mon genou. Je ferai les entraînements, les qualifications et peut-être le premier run des finales pour faire quelques points car j’ai aussi envie de défendre ma 2e place au général.

A bientôt 30 ans, et même si vous êtes sur le circuit depuis 13 saisons, avez-vous encore la flamme pour continuer plusieurs saisons?

Pour le moment, je ne me vois pas arrêter, je suis une fille qui aime la compétition, la course. Et du coup, c’est ça qui me motive. J’aime aussi le chemin qu’il faut prendre pour atteindre la performance, j’aime devoir me remettre en question pour avancer. Et les Jeux olympiques de Milan-Cortina 2026 sont déjà quelque part au fond de ma tête.

Johan Tachet