C’est un Candide Pralong fatigué, mais heureux qui rentrait en Suisse ce lundi après avoir terminé son second Tour de Ski dimanche. Trois ans après sa première apparition dans la compétition et, surtout après deux saisons de galère dû à des problèmes de surentraînement, le Valaisan a retrouvé la forme pour se classer au 34e rang final, en améliorant notamment à deux reprises sa meilleure performance personnelle en Coupe du monde. Vingt-quatre heures après avoir grimpé le mythique Alpe Cermis, le fondeur du Val Ferret tire le bilan de ses dix jours de course.

Candide Pralong, on ne peut pas le cacher, votre Tour de Ski a été une réussite personnelle?

C’est clair, car je ne m’attendais pas à avoir ces résultats. Ma 34e finale est un léger bémol car durant deux étapes, tout n’a pas fonctionné, j’ai connu des soucis de matériel, et j’ai perdu beaucoup de temps. Mais sinon, le reste s’est très bien déroulé et j’en retire que du positif. Notamment sur les distances (ndlr. Candide Pralong s’est classé à trois reprises dans le top 20 sur les 15 km mass start ou poursuite). Cela fait plusieurs années que je me bats pour faire des résultats sur ce type d’épreuves et c’est en quelque sorte l’accomplissement de tout un travail.

Et il y a également cette incroyable 12e place lors du sprint de Val di Fiemme

Il y a eu un coup de chance (ndlr: Candide Pralong a notamment évité une chute dans son quart de finale), mais il fallait la saisir. Tous les détails étaient de mon côté, car je ne suis pas un sprinteur et, à 30 ans, c’est la première fois que je participais à un sprint en style classique en Coupe du monde. Déjà me qualifier parmi les trente était une belle performance.

Et il y a ce final sur la mythique pente de l’Alpe Cermis.

C’était presque frustrant car je m’attendais à mieux (ndlr: Candide Pralong s’est classé 24e sur la mass start finale) par rapport à ma forme. Je suis parti de derrière et je n’ai pas été en mesure de bien me placer avant la montée et ensuite c’est difficile à dépasser. D’autant plus que c’est vraiment raide. Soit on aime, soit on aime pas. Pour ma part, j’adore ce genre d’effort et je trouve que c’est la plus belle course pour conclure le Tour de Ski. J’en ai bien chié quand même, mais c’est aussi pour ça que je fais du sport (rires).

Vous terminez le Tour de ski, alors qu’à la base vous n’étiez prévu que pour les trois premières étapes à Val Müstair.

Effectivement. J’avais demandé aux coachs s’il y avait moyen d’aller au bout si les résultats étaient là avant que ne commence la compétition et on m’avait clairement fait comprendre que cela ne serait pas possible et que je devais déjà être content d’être là. Mais au final, tout s’est bien enchaîné. Je savais que si j’étais performant, ils n’auraient pas le choix de laisser poursuivre le Tour. Mais cela ne m’a pas perturbé, car j’étais vraiment heureux d’être présent, c’était mon objectif initial et le chemin a été long pour être sélectionné. J’ai d’abord dû être performant en Coupe d’Europe à Ulrichen pour être retenu à la Coupe du monde à Davos et, ensuite, encore réaliser un bon résultat dans les Grisons pour avoir ma place au Tour de Ski. Il fallait aussi avoir un peu de chance. Si j’avais eu des mauvais skis lors de la toute première course, mon calendrier aurait été totalement différent cet hiver.

C’est la deuxième fois que vous allez au bout du Tour de Ski. Il y a trois ans, vous terminiez 31e. Laquelle des deux performances a davantage de valeurs?

Ce Tour est bien plus satisfaisant car il y a eu du progrès. En 2018, je n’avais terminé qu’une seule fois dans les trente par exemple. Il y a un mix entre la chance et le fait que je m’étais bien préparé, même si c’est plus facile à le dire après. Maintenant à 30 ans, j’ai l’expérience aussi pour être prêt.

Cela démontre également qu’il n’est pas nécessaire de faire partie des cadres de Swiss-Ski (ndlr: Candide Pralong a été sorti des cadres par Swiss-Ski au printemps dernier) pour être performant.

Effectivement étendu étant de mon côté, j’ai pu bien m’entourer et m’entraîner que ce soit avec mon équipe, le Team Décathlon, ou mon frère Marc. J’ai aussi eu l’opportunité de travailler avec Adrian Rotenbühler (ndlr: le coach physique de Mujinga Kambudji notamment, il avait été élu entraîneur suisse de l’année 2019) pour tout ce qui est force et condition. C’est un élément qui m’a également permis de progresser. Le fait de ne plus être à Swiss-Ski m’a ouvert de nouvelles portes.

Après avoir connu des problèmes de santé il y a deux saisons, pensiez-vous retrouver le haut niveau?

Non, je ne savais pas si j’allais pouvoir revenir ou pas, même si j’avais une grande motivation. C’est donc un soulagement. J’en ai tellement bavé pendant deux ans que je savoure maintenant davantage que j’ai dû me battre. Mais après, je reste les pieds sur terre, je ne suis pas non plus champion du monde (rires).

Justement, les Mondiaux d’Oberstdorf (23 février – 7 mars 2021), y serez-vous?

Normalement oui, car j’ai rempli les critères (ndlr: 1 top 15 ou 2 top 25) et même en sprint, même si je n’y participerais pas dans cette discipline (rires). Participer aux Mondiaux faisait partie de mes objectifs avant le début de la saison, mais je n’osais pas l’affirmer, car cela paraissait peut-être ambitieux après deux années où je n’ai plus rien fait.

D’ici là quel sera votre programme?

Je devrais très probablement participer aux prochaines épreuves de Coupe du monde à Lathi dans deux semaines même si aucune sélection n’a encore été officialisée. Je suis vraiment content de pouvoir concourir en Coupe du monde, car dans cette configuration sanitaire, mes collègues du Team Décathlon n’ont, par exemple, toujours pas pu faire de course, car tous les circuits parallèles ont été annulés.

Johan Tachet