« Je crois que j’ai plutôt bien terminé l’année. » A l’autre bout du fil, Camille Rast se marre. La Valaisanne boucle 2021 sur deux 7es places lors du géant et du slalom de Lienz, soit ses deux meilleures performances en carrière après une 6e place lors du slalom de Flachau l’hiver dernier. Des résultats probants qui faisaient suite déjà à deux top 12 réussis en géant à Courchevel la semaine dernière.

Mais si certains ont estimé que la skieuse de Vétroz avait eu « un coup de chance » il y a une année, l’athlète de 22 ans prouve en ce début de saison tout le potentiel qu’on lui prédisait, après s’être affranchie des obstacles – une mononucléose et une grave blessure au genou droit – qui ont freiné sa progression ces dernières années: « Je crois que ma carrière est pleinement lancée désormais ».

Camille Rast, quel sentiment vous anime après ces deux magnifiques performances (7e) lors du géant et du slalom de Lienz?

C’est un soulagement, car je me dis que le travail finit par payer. J’ai réussi ces dernières semaines à pratiquer en course ce que je réalise à l’entraînement. Même si parfois, j’ai une légère frustration, car je sais que j’en ai encore sous le pied. Je dois trouver le bon équilibre.

Votre victoire en Coupe d’Europe à Andalo au début du mois a-t-elle agi comme un déclic?

Je pense que l’on peut remonter à la deuxième manche du slalom de Killington (ndlr: Camille Rast avait terminé 16e). Mis à part une faute à l’entrée de la triple, j’avais réussi à skier avec davantage de légèreté. J’ai pris cela en Coupe d’Europe avec moi où je suis parvenue à valider ma forme et croire en mes capacités car j’ai réussi à être performante malgré des dossards élevés.

Comment expliquez-vous que vous avez eu besoin de plusieurs courses pour parvenir à vous libérer?

Je pense qu’il me manquait le rythme de la compétition et la routine qui l’accompagne. J’ai eu besoin de plusieurs courses pour me mettre dans le coup. Levi n’était pas non plus une piste qui me convenait à 100% et j’ai ensuite réussi à construire un processus qui me permet de m’exprimer pleinement.

Quel est ce processus?

C’est un travail autant physique que mental, mais également sur les skis, sur le matériel. J’arrive surtout à gérer une journée de course, tout ce qui intervient avant la course. Le puzzle se met gentiment en place. J’ai toutes les pièces, mais il me reste encore à en ajuster certaines. Ces éléments mis ensemble me permettent d’être davantage stable sur les skis et je suis capable de m’adapter physiquement aux différents revêtements. Et pourtant, ce n’est pas facile.

Etes-vous surprise de vos résultats récents?

Oui et non. Je voulais avant tout gratter des points, car l’objectif de la saison est d’intégrer le top 15. A l’entraînement, lorsque j’avais la possibilité de m’entraîner avec Michelle (Gisin) et Wendy (Holdener), je voyais déjà que j’étais bien, j’avais de bons points de repères et cela m’a donné confiance.

Existait-il de la nervosité avant de vous élancer ce mercredi sur la deuxième manche du slalom après votre 4e place sur le premier parcours?

Un petit peu, mais je ne devais pas pour autant prouver que j’étais capable de monter sur le podium. Je voulais juste confirmer ma forme actuelle, être à mon niveau et c’est ce que je suis parvenue à faire. Des gens disaient que ma 6e place à Flachau l’an dernier était un heureux hasard… Je suis contente d’avoir trouvé les clés pour prouver ce dont je suis capable en course.

Un podium en Coupe du monde n’est-il désormais plus qu’une question de temps?

Lorsque l’on réussit quelque chose, on en veut toujours plus. Mais il ne faut pas oublier non plus d’où je viens. Il y a un mois, je me battais pour arracher une qualification en seconde manche. La situation a changé. Le travail et les petits ajustements réalisés sur le matériel font la différence.

Reste que vous êtes toute proche des meilleures athlètes du monde en technique…

Evidemment, monter sur un podium est un rêve de gamine. On ne va pas se le cacher. Mais il s’agit de construire petit à petit avec le top 15, puis le top 10 et après le top 5. Il ne faut pas voir trop grand trop tôt et garder les pieds sur terre.


Michelle Gisin: « C’est une nouvelle tradition »

Montée sur son premier podium en Coupe du monde de slalom ici-même à Lienz en 2019, avant sa première victoire lors du slalom de Semmering il y a douze mois, Michelle Gisin apprécie les courses entre Noël et nouvel An. « Je crois que c’est devenu une tradition », rigolait l’Obwaldienne après sa 3e place mercredi. « Je suis très contente car ça a été une course folle. »

D’autant plus que rien n’est facile pour Michelle Gisin qui doit encore gérer des coups de mou, de temps à autre, dûs à sa mononucléose contractée l’été dernier. « J’ai des hauts et des bas. Par exemple, hier (mardi) lors du géant, je n’étais pas top. Je ne l’étais toujours pas avant ce slalom, mais une fois que je suis arrivée sur la montagne, je me suis sentie bien mieux. » La skieuse d’Engelberg a su se remobiliser après une journée difficile en réalisant le 2e chrono de la première manche. « Je suis heureuse d’avoir pu skier à mon meilleur niveau. Après, en seconde manche, il est toujours difficile de maintenir ce niveau, mais j’ai aussi bien skié. Je possède désormais les bases sur lesquelles m’entraîner. »

Johan Tachet